Données préliminaires sur l’efficacité vaccinale et avis complémentaire sur la stratégie de vaccination contre la COVID-19 au Québec en contexte de pénurie

Le ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS) a récemment demandé au Comité sur l'immunisation du Québec (CIQ) de formuler un avis sur le délai à viser pour l’administration de la 2e dose et les considérations importantes à prendre en compte dans la prise de décision. Cet avis vise à répondre à cette question, notamment par l’analyse des données québécoises et internationales les plus récentes sur l’efficacité des vaccins contre la COVID-19.

Synthèse

Les données disponibles sur l’efficacité des vaccins à ARNm contre la COVID-19 dans les études de phase III (études cliniques) et surtout dans les études suivant la mise en marché (programmes de santé publique) restent fragmentaires pour le moment. Il est cependant possible de dégager certaines tendances préliminaires :

  • L’efficacité vaccinale terrain d’une seule dose des vaccins à ARNm contre la COVID-19 apparaît élevée à court terme. Il reste probable que cette efficacité terrain soit moindre que celle retrouvée dans le cadre des études de phase III (92 %), par exemple, parce que les participants aux essais cliniques sont plus jeunes et en meilleure santé par rapport à la population générale.
  • L’efficacité vaccinale semble élevée, autant chez les personnes plus âgées (ex. 80 ans et plus) que chez les personnes plus jeunes (ex. travailleurs de la santé). Les données disponibles pour le moment ne permettent pas de conclure à savoir si l’efficacité est significativement plus faible chez les aînés très vulnérables, notamment ceux résidant en CHSLD.
  • L’efficacité vaccinale pour prévenir la maladie semble apparaître avec un délai de 14 jours chez les personnes plus jeunes et de 21 jours chez les personnes plus âgées. L’efficacité maximale pourrait ne pas être atteinte avant 21 jours chez les personnes plus jeunes et avant 28 jours chez les personnes plus âgées. Il est plausible que l’efficacité à prévenir les infections graves telles que les hospitalisations et les décès débute plus rapidement, mais les données ne sont pas encore disponibles pour ces issues.
  • Il est trop tôt pour déterminer à quel moment pourrait survenir une diminution de l’efficacité d’une seule dose puisque la durée maximale de suivi des personnes vaccinées est de moins de deux mois. Les études se poursuivent et les données sont analysées sur une base hebdomadaire.
  • Les données disponibles sur les vaccins à ARNm ne permettent pas, à l’heure actuelle, de déterminer le degré de protection supplémentaire lié à la 2e dose et l’intervalle idéal entre les deux doses de vaccin pour maximiser la protection à long terme.

Recommandations

À la lumière des informations présentées, le Comité sur l’immunisation du Québec recommande de maintenir la stratégie proposée en contexte de pénurie de vaccins contre la COVID-19 et de circulation élevée du virus, c’est-à-dire d’offrir une 1re dose de vaccin au plus grand nombre de personnes appartenant aux six premiers groupes prioritaires. Le CIQ rappelle que la 2e dose est importante et devra être offerte, mais il apparaît difficile, à l’heure actuelle, de déterminer le moment optimal pour son administration. Le CIQ réitère l’importance de mener un suivi en temps quasi-réel de l’efficacité des vaccins contre la COVID-19 au Québec pour différents groupes d’âge et de suivre étroitement les données internationales sur cette question, ce qui aidera à déterminer le moment opportun pour administrer la 2e dose de vaccin. Un intervalle plus court pour la deuxième dose pourrait être recommandé si une efficacité significativement plus faible que prévu ou un déclin de la protection avec le temps était observé. N’ayant pas de tel signal pour l’instant, et en contexte de pénurie de vaccins, un intervalle plus long que plus court devrait être privilégié, afin de maximiser la protection du plus grand nombre.

Le CIQ recommande de bien communiquer aux personnes vaccinées l’intervalle de 14-28 jours nécessaire, selon le groupe d’âge, avant d’atteindre une protection optimale contre la maladie. Considérant ce délai et le fait que l’efficacité vaccinale reste imparfaite, il apparaît essentiel que les personnes vaccinées évitent des comportements qui augmentent le risque d’infection après la vaccination.

Le CIQ recommande de poursuivre les efforts (ex. accès à la vaccination, communication adéquate, capsules informatives) pour accroître la proportion de travailleurs de la santé qui reçoivent une première dose de vaccin. Une couverture vaccinale élevée permet aux travailleurs de la santé de réduire le risque de faire la maladie, de protéger l’intégrité du système de soins et potentiellement de diminuer les risques d’importer ou de propager le SARS-CoV-2 dans les milieux comme les centres d'hébergement et de soins de longue durée, les résidences privées pour aînés et les centres hospitaliers.

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