Avis préliminaire sur les groupes prioritaires pour la vaccination contre la COVID-19 au Québec

Le but ultime d’une campagne de vaccination contre la COVID-19 est de réduire l’incidence de la maladie et la circulation du virus dans la population à des niveaux qui permettent un retour à une vie normale ou quasiment normale, et cela de manière durable.

Les premiers vaccins contre la COVID-19 ont été autorisés et montrent des résultats prometteurs en vue de l’atteinte éventuelle de ce but visé. Par contre, l’approvisionnement se fait de façon progressive et les quantités disponibles sont limitées à court terme. À la demande du ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS), le Comité sur l’immunisation du Québec (CIQ) a formulé un avis préliminaire sur la priorisation des groupes à cibler dans le cadre d’une campagne d’immunisation de masse. L’évolution rapide des connaissances et des données épidémiologiques au sujet de la COVID-19 de même qu’une révision des recommandations du Comité consultatif national de l’immunisation impliquent maintenant une mise à jour de l’avis préliminaire du CIQ. Le présent document met à jour l’avis précédent.

Pour décrire le fardeau de la maladie au Québec, les données des registres concernant les cas et les éclosions de COVID-19 déclarés aux autorités de santé publique, les données du fichier administratif MED-ÉCHO des hospitalisations, celles du fichier des décès et du Système intégré de surveillance des maladies chroniques du Québec (SISMACQ) ont été utilisées. L’analyse de l’acceptabilité de la vaccination contre la COVID-19 a été réalisée à partir d’une revue des enquêtes réalisées au Canada ainsi qu’avec des données recueillies au Québec dans des sondages Web. Une importance particulière a été accordée aux valeurs qui devraient être prises en compte pour déterminer les objectifs d’un programme d’immunisation contre la COVID-19 et aux groupes de population à prioriser séquentiellement pour l’attribution des vaccins. Cela a été fait en utilisant les recommandations du Comité d’éthique de santé publique (CESP) du Québec.

Cinq valeurs ont été retenues pour justifier le choix des objectifs d’un programme d’immunisation contre la COVID-19 et les priorités qui seront établies pour l’attribution des vaccins dans un contexte de disponibilité restreinte : la bienfaisance, l’équité, la justice, la réciprocité et la non-malfaisance. 

Le premier objectif qui devrait être poursuivi est la prévention des maladies graves et des décès. Cet objectif est mis de l’avant par tous les organismes ayant proposé des objectifs pour un programme d’immunisation contre la COVID-19. La stratégie de vaccination préconisée se base sur l’efficacité des vaccins à prévenir la maladie ou à en mitiger les conséquences, sachant que les données relatives à leur efficacité à prévenir l’infection par opposition à la maladie et à diminuer la contagiosité des personnes infectées sont moins robustes.

Advenant l’implantation progressive d’un programme d’immunisation de masse contre la COVID-19 au Québec, la priorisation des groupes à cibler peut se faire en fonction de différents critères : (i) l’âge qui est associé au risque d’infection, de complications et de décès, (ii) l’existence d’une ou de plusieurs pathologies augmentant le risque de complications et de décès, (iii) le milieu de vie qui peut être associé au risque d’infection et de survenue d’éclosion, et enfin (iv) la profession qui peut influencer le risque d’exposition au virus et de transmission du virus à des personnes vulnérables. Une combinaison de ces différents critères est possible comme cela a été préconisé par l’ensemble des organismes ayant exprimé un avis.

La stratégie de priorisation présentée ci-après pourrait être envisagée. Il est à remarquer que les différentes catégories ne sont pas mutuellement exclusives.

  • Rang 1 : les personnes vulnérables et en grande perte d’autonomie qui résident dans les centres d’hébergement et de soins de longue durée (CHSLD) des réseaux public et privé. Les résidents des ressources intermédiaires et de type familial (RI-RTF) pourraient être vaccinés en même temps si leur vulnérabilité et le niveau de soins qu’ils requièrent sont semblables à ceux des CHSLD.
  • Rang 2 : les travailleurs du réseau de la santé et des services sociaux qui sont en contact ou susceptibles d’être en contact avec des usagers.
  • Rang 3 : les personnes autonomes ou en perte d’autonomie qui vivent en résidence privée pour aînés (RPA). On pourrait également inclure dans cette catégorie, certains milieux fermés hébergeant des personnes âgées et vulnérables ayant des caractéristiques semblables à celles des personnes qui vivent en RPA.
  • Rang 4 : les communautés isolées et éloignées qui comportent souvent une forte proportion de personnes appartenant aux populations autochtones, des personnes ayant des problèmes de santé chroniques et vivant dans des logements exigus, empêchant toute distanciation en cas d’infection.
  • Rang 5 : les personnes âgées de 80 ans ou plus.
  • Rang 6 : les personnes âgées entre 70 et 79 ans.
  • Rang 7 : les personnes âgées entre 60 et 69 ans.

La taille des 3 groupes précédents (5, 6 et 7) est importante et dans un contexte d’un approvisionnement très progressif en vaccins, il serait possible de les catégoriser par tranches de 5 années d’âge en vue d’invitations séquentielles en fonction des doses disponibles.

  • Rang 8 : les personnes adultes de moins de 60 ans qui ont une maladie chronique ou un problème de santé augmentant le risque de complication de la COVID-19.

Certaines personnes avec un facteur de risque augmentant très fortement la probabilité de complications par rapport à une personne du même âge pourraient être rattachées au groupe 6. Par ailleurs, certains milieux de vie collectifs à risque très élevé d’éclosion et accueillant une proportion élevée de personnes à risque accru de complications de la COVID-19 pourraient être rattachés au groupe 7 (ex. : établissements de détention, logements pour travailleurs migrants, refuges pour personnes itinérantes et résidences collectives pour personnes handicapées ou toxicomanes).

  • Rang 9 : les adultes de moins de 60 ans sans maladie chronique ou problème de santé augmentant le risque de complications, mais qui assurent des services essentiels et qui sont en contact avec des usagers.
  • Rang 10 : le reste de la population adulte.
  • Rang 11 : les enfants. La limite d’âge inférieure pour recommander ou non chaque vaccin devra être déterminée en fonction des données qui deviendront disponibles.

Une mise à jour de ce document ou des avis complémentaires pourraient être nécessaires. Pour le moment, cet avis permettra de soutenir la préparation à la vaccination contre la COVID-19 et de contribuer aux échanges et aux débats entourant les groupes prioritaires pour la vaccination contre la COVID-19 au Québec dans un contexte de disponibilité limitée et progressive.

Avis préliminaire sur les groupes prioritaires pour la vaccination contre la COVID-19 au Québec
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