Connaissances, attitudes et opinions de la population québécoise à l’égard des personnes qui consomment des substances psychoactives et des programmes de réduction des méfaits : étude qualitative 2020

Ce rapport présente les résultats d’une étude qualitative menée, afin d’approfondir les constats d’un sondage réalisé en 2019 au Québec qui visait à décrire les perceptions, les attitudes et les opinions de la population à l’égard des personnes qui consomment des substances psychoactivesa et des programmes de réduction des méfaits. Les résultats obtenus permettent notamment de nuancer les réponses au sondage en ce qui a trait aux perceptions à l’égard des raisons conduisant des personnes à développer une dépendance aux droguesa et à l’acceptabilité des mesures de réduction des méfaits. Dix groupes de discussion virtuels ont été conduits du 5 mai au 11 juin 2020 auprès de 54 participants, résidant dans quatre villes du Québec : 2 groupes ont été réalisés à Gatineau; 3, à Montréal; 3, à Québec et 2 à Sherbrooke. Voici les principaux constats de cette étude :

  • Selon les participants, les principales raisons qui conduiraient à la consommation de drogues (autres que le cannabis) étaient l’influence de l’environnement social (familial, amical, professionnel); la quête de performance ou de plaisir; le besoin d’atténuer des douleurs physiques, de gérer des problèmes de santé mentale, de s’évader des difficultés; ou la curiosité des jeunes.
  • Le cannabis était perçu comme une « porte d’entrée » possible mais non systématique vers une consommation de drogues plus dangereuses.
  • La majorité des participants étaient en accord avec l’idée que les jeunes sont plus à risque de dépendance aux drogues, surtout pour des raisons sociales (effet de groupe), identitaires (quête d’identité) ou biologiques (développement incomplet du cerveau lors des premières consommations).
  • En ce qui concerne les attitudes que les services policiers et le système judiciaire devraient adopter par rapport aux personnes arrêtées en possession simple de drogues, les participants oscillaient entre deux approches : une approche punitive (amendes ou attitudes à ajuster selon le comportement de la personne sous influence des drogues), et une approche empathique d’entraide et de sensibilisation.
  • Globalement, les participants étaient défavorables à la légalisation de nouvelles substances psychoactives (sauf à des fins médicinales), mais favorables à la décriminalisation de la consommation tout en maintenant illégaux la production et le commerce de ces substances.
  • En général, les participants étaient favorables aux mesures de réduction des méfaits, car selon eux, elles contribuent à sauver des vies; à réduire la dépendance, les surdoses et les risques de transmission des infections (VIH et virus de l’hépatite C); à offrir un cadre sécuritaire en favorisant le dialogue et l’aide; et à s’inscrire dans un processus de désintoxication et de réinsertion sociale si désiré.
  • La majorité des participants n’avaient pas connaissance du rôle joué par les pharmacies dans la distribution des trousses de naloxone et de matériel d’injection stérile.
  • À l’unanimité, les participants étaient favorables à l’offre gratuite de naloxone, à l’accès au matériel d’injection stérile, puis à la prescription médicale de méthadone. En revanche, les mesures de réduction des méfaits les plus controversées étaient celles mises en place dans les pénitenciers fédéraux (ex. : échange de seringues stériles) et la prescription médicale d’héroïne. Certains participants avaient l’impression qu’elles étaient contreproductives et encourageaient la consommation de drogues au lieu d’aider à la réduire.
  • Sur le principe, les participants étaient favorables aux services d’injection supervisée (y compris dans un autobus réaménagé ou unité mobile) et aux logements supervisés. Pour plusieurs, cependant, ces deux types de services ne devaient pas être implantés dans les quartiers résidentiels, ni à proximité des garderies et des écoles. Les services étaient mieux acceptés par ceux et celles ayant une certaine familiarité avec les usagers de drogues ou s’ils étaient proposés dans les centres-villes, les secteurs commerciaux ou dans des structures en lien avec la santé (ex. : CLSC). Deux conditions principales s’imposaient également pour implanter ces deux types de services supervisés : assurer un suivi avec du personnel qualifié, puis informer, voire impliquer et rassurer la population.
  • Les résultats des groupes de discussion ont permis de préciser certains constats du sondage réalisé en 2019. Notamment, le fait que plusieurs participants voyaient la consommation de cannabis comme une « porte d’entrée » vers la consommation de nouvelles drogues. Le volet qualitatif a également permis d’explorer en profondeur les opinions quant aux raisons conduisant à la dépendance aux substances psychoactives, les attitudes de la police et du système judiciaire à l’égard des personnes arrêtées pour possession simple de drogues, l’acceptabilité des mesures de réduction des méfaits en milieu carcéral ou encore les conditions d’implantation des services de consommation supervisée et de logements supervisés.

a Le terme « drogue » a été utilisé dans les groupes de discussion lorsqu’il était question des substances psychoactives, afin de s’assurer de la compréhension des participants. Les deux termes (drogues et substances psychoactives) sont utilisés comme synonymes dans ce rapport.

Connaissances, attitudes et opinions de la population québécoise à l’égard des personnes qui consomment des substances psychoactives et des programmes de réduction des méfaits : étude qualitative 2020
ISBN (électronique)
978-2-550-89201-4
Notice Santécom
Date de publication