La taille des portions des aliments transformés : évolution et impacts sur l’apport alimentaire et le poids corporel
Une transformation du système alimentaire mondial a été observée au cours des dernières décennies, laquelle s’est traduite par une offre de plus en plus importante d’aliments transformés riches en calories, gras, sucre et sel, à faible coût. Certains aliments sont également offerts en portions plus grosses, comme les mets de restauration rapide et les boissons sucrées.
Les consommateurs constamment exposés à de grosses portions dans l’environnement alimentaire risquent de s’y habituer et de percevoir les portions surdimensionnées comme étant normales ou appropriées. Par ailleurs, plusieurs études indiquent que les gens ingèrent généralement davantage de nourriture en présence de grosses portions. L’augmentation de la taille des portions d’aliments transformés riches en calories et à faible coût sur le marché est donc considérée par plusieurs chercheurs comme étant un contributeur potentiel de la montée des taux d’obésité dans la population.
Cette synthèse des connaissances a été réalisée dans le but d’explorer la pertinence d’agir sur la taille des portions comme moyen d’améliorer l’alimentation et de contribuer à prévenir l’obésité et les maladies chroniques dans la population québécoise. Pour ce faire, nous avons examiné l’évolution de la taille des portions offertes sur le marché au cours des dernières décennies, de même que l’impact potentiel des grosses portions sur les apports alimentaires, le poids corporel et l’état de santé.
Notre analyse révèle que l’état des connaissances est fragmentaire quant à l’évolution et à l’impact de la taille des portions d’aliments transformés sur le poids et la santé, dans une perspective de santé publique.
- D’une part, des données exploratoires suggèrent que les grosses portions d’aliments transformés sur le marché canadien seraient plus répandues qu’autrefois, comme ce qui a été partiellement documenté ailleurs dans le monde. La situation sur le marché québécois mériterait toutefois d’être mieux documentée afin d’évaluer l’ampleur et l’étendue d’un possible accroissement de la taille des portions d’aliments transformés.
- D’autre part, l’effet de l’offre de grosses portions sur la surconsommation, au cours d’un repas ou d’une journée, est assez bien démontré. Toutefois, bien que quelques études suggèrent que l’apport augmenté en calorie persiste au fil du temps, davantage de travaux de recherche sont nécessaires pour préciser les impacts potentiels de cet effet sur l’excès de poids et les maladies chroniques.
Il n’en demeure pas moins qu’en théorie, la réduction de la taille des portions d’aliments transformés riches en calories, en gras, en sucre et en sel pourrait améliorer la qualité de l’offre alimentaire, de même que contribuer à dénormaliser les portions surdimensionnées et la surconsommation.
La réduction de la taille des portions fait d’ailleurs partie des actions proposées par l’Organisation mondiale de la santé et d’autres instances de santé publique pour contribuer à améliorer la qualité de l’offre alimentaire dans le cadre d’un ensemble d’actions complémentaires de prévention de l’obésité et des maladies chroniques. Des actions sur la taille des portions d’aliments transformés sont d’ailleurs explorées dans quelques pays, comme l’Australie et le Royaume-Uni.
Au Québec, la Politique gouvernementale de prévention en santé comporte des travaux visant à améliorer la qualité nutritionnelle des aliments offerts sur le marché. Le suivi des connaissances scientifiques ainsi que de futures évaluations d’expériences étrangères en matière de politiques publiques sur la taille des portions pourront nous informer davantage sur le potentiel d’efficacité de ce type d’intervention pour favoriser la saine alimentation et la santé dans la population.