Vaccination en cours de grossesse : acceptabilité pour les femmes enceintes et enjeux de faisabilité

Les femmes enceintes constituent une population particulièrement vulnérable aux maladies infectieuses. De plus, leurs nouveau-nés présentent aussi un risque accru d’être touchés par certaines maladies. Un des moyens pour accroître leur protection contre certaines infections est la vaccination en cours de grossesse.

Au Québec, il est recommandé que les femmes enceintes en bonne santé soient vaccinées contre la grippe saisonnière à leur deuxième ou troisième trimestre durant la saison de l’activité grippale. Par ailleurs, il n’est pas recommandé à l’heure actuelle de vacciner systématiquement les femmes enceintes contre la coqueluche au Québec ou au Canada. Les barrières à la vaccination chez la femme enceinte sont complexes et varient grandement selon le contexte social et culturel. Une éventuelle recommandation systématique de vaccination contre la coqueluche en cours de grossesse nécessite une bonne compréhension des enjeux sous-jacents. Dans ce contexte, les objectifs de cette étude étaient de décrire les enjeux d’acceptabilité de la vaccination en cours de grossesse de même que d’explorer comment la vaccination chez les femmes enceintes pourrait être intégrée aux soins existants.

  • Pour l’étude de l’acceptabilité de la vaccination en cours de grossesse, 26 entrevues ont été réalisées auprès de femmes enceintes.
  • La position des participantes à l’égard de la vaccination en général démontre que la majorité y était favorable. Pour la vaccination en cours de grossesse, leur opinion démontrait une baisse d’appui à cette mesure : près du quart des femmes ont été hésitantes ou défavorables à la vaccination en cours de grossesse alors qu’elles étaient favorables à la vaccination en général.
  • Plus de la moitié des participantes ne se sentaient pas à risque de contracter la coqueluche durant leur grossesse, alors que seulement quelques participantes se considéraient à risque. Toutefois, il est important de noter qu’un peu plus du tiers des participantes ne connaissaient pas la maladie. Concernant la grippe, toutes connaissaient cette infection, mais la vaste majorité ne se considérait pas à risque.
  • La recommandation d’un professionnel de la santé pour la vaccination jouait un rôle important pour la prise de décision et cela facilitait l’acceptabilité de la vaccination. Concernant le vaccin contre la coqueluche, la protection du foetus était un aspect mobilisateur chez certaines participantes pour accepter la vaccination. Pour les femmes enceintes, la protection de l’enfant à naître était plus importante que leur propre protection.
  • Pour déterminer les enjeux organisationnels concernant l’implantation d’une vaccination systématique des femmes enceintes, un questionnaire en ligne sur le suivi de grossesse et l’intégration de la vaccination a été distribué à des infirmières et des gestionnaires impliqués en périnatalité et travaillant dans les Centres locaux de services communautaires (CLSC) du Québec.
  • Il en ressort qu’un peu plus de la moitié des CLSC reçoivent un avis de grossesse pour les femmes enceintes de leur territoire. Cet avis leur permet d’être avisé de la présence d’une nouvelle femme enceinte et de lui offrir des services. Par contre, au cours du premier trimestre, seulement le quart des CLSC offraient une rencontre avec une infirmière à la majorité des femmes enceintes. Ces proportions se situaient, pour le 2e et le 3e trimestre, autour de 10%.
  • Il n’a pas été possible d’identifier un modèle unique pour rejoindre les femmes enceintes advenant une nouvelle recommandation de vaccination. Pour une proportion importante de femmes, l’absence de vaccination en clinique médicale et l’absence de suivi prévu en CLSC impliqueraient la création d’un rendez-vous supplémentaire en CLSC.
  • Le questionnaire a permis de cerner quelques avenues prometteuses pour faciliter l’implantation d’une éventuelle recommandation de vaccination, tels les prélèvements de la 28e semaine de grossesse (test de dépistage du diabète gestationnel) et l’échographie de la 21e semaine. Un projet d’expérimentation pourrait s’avérer intéressant, afin de bien cibler l’ensemble des enjeux relatifs à la mise en place d’une recommandation systématique de vaccination en cours de grossesse.
ISBN (électronique)
978-2-550-79952-8
Notice Santécom
Date de publication