Évaluation du Programme expérimental sur le jeu pathologique - Rapport 7 : Monitorage évaluatif – Indicateurs d'implantation / Données rétrospectives
En novembre 2000, l'Institut recevait du ministère de la Santé et des Services sociaux le mandat d'évaluer plusieurs aspects du Programme expérimental sur le jeu pathologique. Il dévoilait hier, lors d'une journée consacrée au jeu pathologique, les sept premiers rapports d'évaluation de ce programme :
- Rapport 1 : Présentation générale de l'évaluation du Programme expérimental sur le jeu pathologique
- Rapport 3 : Revue critique de la littérature portant sur les évaluations d'interventions préventives
- Rapport 4 : Cadre théorique de la participation aux jeux de hasard et d'argent et du développement de problème de jeu - Rapport préliminaire
- Rapport 6 : Monitorage évaluatif – Entrevues initiales auprès des décideurs et des coordonnateurs
- Rapport 7 : Monitorage évaluatif – Indicateurs d'implantation / Données rétrospectives
- Rapport 8 : Le point de vue des usagers
- Rapport 9 : Les lignes téléphoniques dédiées aux jeux de hasard et d'argent
D'ici mars 2004, l'Institut prévoit publier une quinzaine de rapports dans le cadre de l'accomplissement de ce mandat.
Résumé
Ce document présente les résultats préliminaires du volet quantitatif du monitorage évaluatif du Programme expérimental sur le jeu pathologique. Il prend appui sur des données recueillies, de mai 2001 à octobre 2002, dans les 23 organismes de traitement du jeu pathologique choisis dans quatre sites-pilotes :
- Montréal, Laval et Montérégie,
- Québec et Chaudière-Appalaches,
- Outaouais,
- Bas-St-Laurent, Gaspésie et les ïles-de-la- Madeleine.
Un total de 2030 dossiers ont été transmis à l'INSPQ pour cette période. Une partie de ces dossiers ont été complétés dès les débuts de la mise en œuvre des services avant que nous ne proposions notre démarche de collecte de données. Il y a donc plusieurs données manquantes.
Il ressort de l'analyse de ces données que 68 % des personnes inscrites au programme de traitement sont de sexe masculin et près des deux tiers sont âgés entre 35 et 54 ans. Trois personnes sur quatre possèdent l'équivalent d'un diplôme secondaire ou moins et 71 % des joueurs inscrits occupent un emploi. Les jeux auxquels s'adonnent majoritairement les joueurs en traitement sont les appareils électroniques de jeu (AÉJ).
L'utilisation des outils diagnostiques du jeu pathologique (le SOGS et le DSM-IV) montre que le score moyen des participants est près de 12 sur 20 au SOGS et de 7 sur 10 au DSM-IV, ce qui dans les deux cas témoignent d'un problème de jeu pathologique. Par ailleurs, la proportion des joueurs qui souffrent d'un problème de jeu pathologique à l'arrivée, selon leur score au DSM-IV, est de 91 %. Ce qui signifierait que, 9 % de la clientèle inscrite serait une clientèle non visée par le programme. Les données pouvant expliquer ce constat sont insuffisantes pour l'instant. Des hypothèses peuvent toutefois être formulées. L'utilisation de ce test n'est pas homogène : il est utilisé à divers moment de la thérapie (à l'arrivée ou après quelques rencontres, par exemple), il est administré de façon très variée (le client peut, par exemple, le remplir par lui-même dans la salle d'attente, à la maison, ou encore avec le thérapeute lors d'une séance) et l'interprétation que les cliniciens en font diffère. Ces disparités dans l'utilisation peuvent influencer le score obtenu.
Une différence notable est observée entre le taux de complétion du traitement par les joueurs inscrits aux organismes qui offrent des services à l'externe (33 %) et ceux qui offrent des services à l'interne (95 %). Des 66 % qui abandonnent le traitement en externe, le tiers le font en le signifiant à leur thérapeute. Ces données corroborent les constats déjà publiés dans la littérature sur la difficulté de maintenir la fréquentation et la motivation des joueurs en traitement externe parce qu'ils ne sont pas isolés de leur environnement d'obligations et de risques. Il faudra se pencher davantage sur les motifs d'abandon des clients en externe puisqu'une majorité de la clientèle s'y retrouve. Il faudra aussi questionner ce que le client en retire puisque la durée moyenne de traitement équivaut à plus de la moitié (environ 65 jours) de celle d'un traitement complété et le nombre moyen de rencontres de thérapie à plus du quart (de 5 à 6 rencontres). Un abandon n'est pas forcément un échec pour le programme si on tient compte du fait que l'ancrage dans un processus de traitement peut nécessiter pour certains quelques tentatives.