Pistes d'intervention pour réduire la consommation d'alcool et de cannabis chez les jeunes de 18 à 24 ans qui fréquentent les centres d'éducation aux adultes au Québec

La présente étude visait à documenter le phénomène de la consommation d'alcool, de cannabis et d'autres drogues chez les jeunes de 18 à 24 ans qui fréquentent les centres d'éducation aux adultes au Québec et à identifier les facteurs psychosociaux associés à l'intention que pourraient avoir certains de limiter leur consommation d'alcool ou de ne pas consommer du cannabis.

À cette fin, une collecte de données a eu lieu au printemps 2010. Un total de 545 jeunes adultes choisis au hasard dans neuf centres d'éducation aux adultes de six régions du Québec, a été sollicité pour participer à l'étude. Les jeunes qui ont accepté de participer ont été rencontrés par un membre du personnel de recherche qui leur a expliqué les objectifs de l'étude et les a invités à signer un formulaire de consentement et à compléter l'un ou l'autre des deux questionnaires utilisés faisant référence à l'un ou l'autre des deux comportements étudiés.

Un tronc commun de questions sociodémographiques et liées aux habitudes de consommation était présent dans les deux questionnaires. Les questionnaires permettaient aussi de mesurer les variables d'un cadre théorique basé principalement sur la théorie du comportement planifié et qui intégrait également trois variables théoriques additionnelles issues du domaine de la psychologie sociale. Les variables dépendantes étaient l'intention de limiter sa consommation d'alcool à un maximum de trois (pour les filles) et quatre (pour les garçons) à chaque occasion dans le mois qui vient (questionnaire alcool) et l'intention de ne pas consommer de cannabis dans le mois qui vient (questionnaire cannabis).

Au total, 410 jeunes ont répondu à l'un ou l'autre des questionnaires, pour un taux de participation de 75,2 %. Les analyses descriptives portent sur cet échantillon de 410 participants. Par ailleurs, pour les analyses psychosociales et de prédiction, seuls les consommateurs dans la dernière année étaient conservés pour un total de 141 personnes pour l'alcool et 133 pour le cannabis.

Les 410 répondants sont répartis presque également selon le sexe. L'âge moyen est de 20 ans (± 1,77) et la majorité d'entre eux sont nés au Québec et parlent uniquement le français ou l'anglais à la maison. Presque tous les répondants (90,7 %) ont consommé de l'alcool dans la dernière année et 80,0 % en ont pris dans les 30 jours précédents. Le quart des répondants consomment de l'alcool au moins une fois par semaine, mais pas tous les jours (25,6 %). Parmi les jeunes qui ont consommé de l'alcool dans les 30 derniers jours, 84,6 % l'ont fait de façon excessive au moins une fois pendant cette période et près du quart le font de façon excessive au moins une fois par semaine (24,1 %). La consommation excessive est définie comme le fait de boire plus de trois consommations pour les filles ou plus de quatre pour les garçons dans une même occasion. En ce qui a trait au cannabis, plus de la moitié des répondants en ont consommé au moins une fois dans la dernière année (52,7 %) et 39,9 % en ont pris dans les 30 derniers jours. Plus d'un répondant sur dix consomme du cannabis tous les jours (13,4 %). Parmi les jeunes qui rapportent avoir consommé du cannabis dans les 30 derniers jours, plus du tiers (33,7 %) en prend quotidiennement.

En ce qui a trait aux autres types de drogues consommées par les répondants au moins une fois dans la vie, les amphétamines et l'ecstasy sont les plus populaires, avec des proportions respectives de 42,4 % et 38,4 %. Plus du tiers des jeunes ont pris au moins une fois des champignons magiques (35,3 %) et plus du quart ont pris au moins une fois de la cocaïne (26,7 %). Notez aussi des proportions supérieures à 10 % pour la consommation de LSD (13,0 %), GHB (12,5 %) et PCP (10,3 %) au moins une fois dans la vie.

Les résultats révèlent que pour aider les jeunes à limiter leur consommation d'alcool ou à s'abstenir de consommer du cannabis, les interventions devraient être axées sur le développement d'une attitude favorable et d'un sentiment de contrôle face à ces comportements. Plus précisément, il faudra faire valoir que le fait de limiter sa consommation d'alcool permet d'éviter la déprime et que s'abstenir de consommer du cannabis permet d'être plus motivé à faire ses activités (école, travail, loisir). Aussi, les jeunes devraient être capables d'identifier et utiliser des stratégies pour limiter leur consommation d'alcool même lorsqu'ils sont dans des partys et pour résister à la consommation de cannabis même en présence d'amis qui consomment.

La norme morale au regard de l'alcool ainsi que l'anticipation de regret face à la consommation de cannabis sont d'autres variables importantes sur lesquelles il faudrait agir. Il pourrait ainsi être utile d'amener les jeunes à reconnaître que leur comportement en matière de consommation d'alcool devrait être lié à leur sens des responsabilités et qu'il pourrait se traduire en principe personnel. Aussi, s'abstenir de consommer du cannabis pourrait leur permettre d'éviter de ressentir du regret, de la tension ou de l'inquiétude.

En conclusion, ces pistes d'intervention n'enlèvent aucunement l'importance du soutien psychosocial et de l'intervention clinique auprès des jeunes adultes qui vivent des difficultés en lien avec leur consommation d'alcool ou de cannabis. Elles se veulent simplement des outils supplémentaires à exploiter pour aider au travail déjà réalisé par de nombreux intervenants des centres d'éducation aux adultes au Québec.

ISBN (électronique)
978-2-550-62000-6
ISBN (imprimé)
978-2-550-61999-4
Notice Santécom
Date de publication