Relation entre la défavorisation et l'incidence de l'hypertension artérielle chez les individus de 20 ans et plus au Québec en 2006-2007

La mortalité pour causes cardiovasculaires est en diminution au Québec ainsi qu’au Canada depuis plusieurs années. Ce déclin est notamment associé à une amélioration dans le traitement des maladies cardiovasculaires. Par contre, celles-ci comptent toujours parmi les premières causes de décès en importance au Québec et au Canada. Aussi, si l’on observe une baisse au niveau de la mortalité par maladies cardiovasculaires, la prévalence de cette condition est quant à elle en augmentation au pays. De plus, plusieurs facteurs de risque majeurs et modifiables des maladies cardiovasculaires sont également en augmentation, soit le diabète, l’obésité et l’hypertension. Ainsi, le déclin actuellement observé au niveau de la mortalité par maladies cardiovasculaires pourrait éventuellement atteindre un plateau, voire s’inverser si ces facteurs de risque continuent d’augmenter.

En Ontario, la prévalence de l’hypertension a connu une augmentation supérieure à celle attendue, soit de 60 % entre 1995 et 2005, notamment en raison de l’augmentation de l’incidence de cette condition mais également en raison de la diminution de la mortalité. Au Canada, la prévalence standardisée de l’hypertension pour toutes les provinces excluant le Québec a augmentée de 52 % (de 12,9 % en 1998- 1999 à 19,6 % en 2006-2007), tandis que l’incidence standardisée augmentait de son côté de 5 % entre 1998-1999 et 2000-2001, et diminuait de 6 % entre 2000-2001 et 2006-2007. Du côté du Québec, nous observons également une augmentation de la prévalence de l’hypertension (d’environ 29 % entre les années financières 2000-2001 et 2006-2007) bien que l’incidence soit en baisse (d’environ 22 % entre les mêmes années). Ces augmentations de prévalence sont d’autant plus préoccupantes que cette condition est considérée comme le facteur de risque responsable de la plus grande mortalité en pays développés. En effet, en plus d’être un facteur de risque majeur de maladies cardiovasculaires, l’hypertension est également associée aux maladies rénales et représente le facteur de risque le plus important pour les accidents vasculaires cérébraux. Aussi, selon des enquêtes canadiennes sur la santé cardiovasculaire menées entre 1986 et 1992, un peu plus de 40 % des Canadiens ignoreraient leur diagnostic d’hypertension et seulement 16 % des hypertendus seraient adéquatement contrôlés au pays9. Par ailleurs, si l’hypertension constitue un facteur de risque majeur de mortalité et de morbidité, il s’agit parallèlement d’une condition de santé modifiable par l’adoption de saines habitudes de vies ou par le traitement.

Parmi les facteurs reconnus comme étant associés à l’hypertension, l’âge, le sexe, la race, le poids et les habitudes de vie, par exemple la consommation d’alcool, de sodium, le tabagisme et l’activité physique, comptent parmi les plus fréquemment cités. De plus, il est reconnu que certains de ces facteurs, notamment, le poids et les habitudes de vie, sont inégalement répartis au sein de la société, généralement au détriment des plus défavorisés. Devant ce constat, plusieurs auteurs ont tenté de déterminer si une part spécifique du risque d’hypertension était attribuable au statut socioéconomique, et ce, indépendamment de ces autres variables.

Ainsi, une revue systématique a montré un lien inverse entre le statut socioéconomique, mesuré de différentes façons, et l’hypertension dans les pays développés, et ce, de manière plus prononcée chez les femmes. Cependant, la variation moyenne de l’hypertension entre les plus favorisés et les moins favorisés était seulement de 2 à 3 mm Hg. Cette revue d’étude sur le lien entre l’hypertension et le statut socioéconomique présente aussi plusieurs limites. De fait, la plupart des études analysées étaient de nature transversale et n’avaient pas pour objectif principal d’examiner le lien entre l’hypertension et le statut socioéconomique. De plus, les variables confondantes prises en compte différaient d’une étude à l’autre, de même que les indicateurs utilisés pour représenter le niveau socioéconomique. En effet, on référait généralement au niveau d’éducation, au revenu, à l’emploi ou à une combinaison de ces indicateurs pour représenter le niveau socioéconomique des individus.

Auteur(-trice)s
Joanne Aubé-Maurice
M.D., M. Sc., FRCPC, médecin-conseil, Direction de santé publique du Centre intégré de santé et de services sociaux du Bas-Saint-Laurent
Louis Rochette
Institut national de santé publique du Québec
Type de publication
ISBN (électronique)
978-2-550-58295-3
ISBN (imprimé)
978-2-550-58294-6
ISSN (électronique)
1922-1762
ISSN (imprimé)
1922-1754
Notice Santécom
Date de publication