Se préparer à passer d’un extrême à l’autre – mesures pour contrer les îlots de chaleur urbains


La Voisinerie, Montréal © Daniela Kowu

Alors que l’hiver tire à sa fin, l’INSPQ a rassemblé différentes mesures de lutte contre les îlots de chaleur urbains afin de mieux adapter les villes aux épisodes de chaleur accablante, qui s’intensifient avec les changements climatiques. Les décideurs et gestionnaires immobiliers, les acteurs municipaux, les organismes à but non lucratif et autres concepteurs de projets sont encouragés à s’en inspirer afin de créer des milieux de vie sains et confortables, particulièrement pour les populations vulnérables.

Cette revue de la littérature rapporte les mesures applicables au contexte québécois, notamment :

  1. Les mesures de verdissement amènent des gains de fraîcheur élevés en milieu urbain, que ce soit par la plantation d’arbres et d’arbustes sur les terrains ou par l’utilisation des végétaux sur les infrastructures. En effet, la végétation, lorsqu’utilisée sur les toitures ou les murs des bâtiments, améliore leur isolation, en les gardant frais en été et en limitant les pertes de chaleur l’hiver. La densification de la végétation est importante en milieu urbain. Il importe toutefois de choisir les bonnes espèces afin de limiter les effets délétères sur la santé (p.ex., les pollens allergènes). De plus, les changements climatiques affectant les végétaux (chaleur, insectes), le choix des espèces sera également important afin de limiter les risques de perte de canopée reliée aux différents aléas.
  2. Les bâtiments existants et les nouvelles constructions doivent être adaptés aux changements climatiques. Le recours à la climatisation ne doit pas être considéré comme l’unique moyen pour rafraîchir le domicile; des solutions complémentaires doivent être explorées. L’utilisation de matériaux à albédo élevé -rayonnement solaire réfléchi élevé - favorise le rafraîchissement des villes en prévenant l’absorption du rayonnement solaire. Les enjeux liés à la chaleur urbaine sont à considérer dans l’architecture des bâtiments (p. ex., architecture bioclimatique) et dans l’urbanisme (p. ex., morphologie urbaine).
  3. Les matériaux perméables et les aménagements favorisant la gestion des eaux pluviales (p.ex., jardins de pluie, bassins de rétention) permettent un rafraîchissement urbain en favorisant l’infiltration de l’eau dans le sol et l’évaporation. L’utilisation d’infrastructures vertes dans la gestion des eaux pluviales amène de nombreux bénéfices : atténuation des îlots de chaleur urbains, résilience aux inondations, amélioration de la qualité des eaux, etc.
  4. Les espaces bleus (p. ex., lacs, étangs) peuvent agir alternativement comme une source de chaleur ou de fraîcheur en milieu urbain. Ceux ayant une grande surface se révèlent en général plus efficaces en termes de fraîcheur, tout comme lorsque l’eau circule (p. ex., rivière) ou lorsque des technologies basées sur l’évaporation de l’eau sont utilisées (p. ex., fontaine).

Les avantages d’agir

La mise en place de mesures pour contrer les îlots de chaleur urbains, en plus d’améliorer les conditions de confort thermique, amène de nombreux bienfaits sur la santé humaine, en prévenant notamment les morbidités et mortalités liées à la chaleur. De même, les mesures de verdissement sont bénéfiques autant pour la santé mentale que physique.

La combinaison de plusieurs mesures déployées à grande échelle est nécessaire et permet de réduire la chaleur des villes. L’implication de la communauté dans les projets de lutte contre les îlots de chaleur urbains est un gage de succès rapporté tant dans la littérature que dans les études de cas.

Qu’est-ce qui cause les îlots de chaleur?

L’étalement urbain, la perte de couvert forestier, l’imperméabilisation des sols, l’utilisation de matériaux emmagasinant la chaleur, l’émission de chaleur et de gaz à effet de serre causée par les activités humaines, de même qu’une morphologie urbaine avec des quartiers denses et des rues étroites, sont autant de facteurs qui favorisent les îlots de chaleur urbains. La hausse des températures et l’augmentation des vagues de chaleur dans un contexte de changements climatiques sont susceptibles d’exacerber leur effet.

Quels sont les impacts sanitaires et environnementaux des îlots de chaleur?

Les îlots de chaleur urbains peuvent avoir des impacts néfastes sur l’environnement tels que la détérioration de la qualité de l’air. De plus, leurs effets se font aussi sentir sur la santé humaine et le bien-être. Certains facteurs de vulnérabilité accrue à la chaleur comme l’âge et les maladies chroniques justifient l’attention particulière devant être accordée à certaines populations dans l’implantation de mesures d’adaptation. Les îlots de chaleur urbains, souvent situés en quartiers défavorisés, contribuent également aux inégalités sociales de santé.

 

Pour en savoir davantage et découvrir une série d’études de cas, consultez la publication Mesures de lutte contre les îlots de chaleur urbains : mise à jour 2021.

 

15 mars 2022