Mesures de protection et de prévention

Exposition aux HAP dans les alumineries - Risques et stratégies de prévention

Rio Tinto Alcan (RTA), premier producteur mondial d’aluminium avec 4,179 M tonnes en 2007 est issu de la fusion récente de ALCAN / Pechiney/Alusuisse et Rio Tinto (Comalco) et est présent dans 29 pays avec 26 600 employés, RTA exploite 6 mines de bauxite, 10 usines d’alumine et 24 usines d’électrolyse. La présence des HAP dans ces usines est liée principalement à la production de l’aluminium par les procédés Söderberg d’électrolyse à gougeons horizontaux (HSS) et verticaux (VSS). Ces procédés désuets aussi présents en France et au Royaume-Uni avant 1996 et qui existent encore dans 3 usines au Canada ont été les principales causes des émissions de HAP et de l’exposition élevée d’un grand nombre d’employés aux vapeurs et particules de HAP. La production des électrodes de carbone requises pour les usines plus modernes (Précuites) expose à un degré moindre aux HAP un certain nombre d’employés. Par ailleurs, l’entretien et la reconstruction des cuves qui ont terminé leur vie utile (brasquage) exposent aussi les employés qui y sont affectés.

L’IBE 1-hydroxypyrène de l’ACGIH offre-t-il une protection adéquate?

Les composés aromatiques polycycliques (CAP) posent un défi de taille aux professionnels de la santé au travail. À l’exception du plus simple des membres de cette famille, le naphtalène qui comporte deux cycles aromatiques, les CAP ont de très faibles pressions de vapeur (6.0 x 10-9 Torr à 20 °C pour le chrysène), mais ils sont bien absorbés à travers la peau. De plus, à l’exception du naphtalène, ils possèdent une très faible toxicité aiguë, tellement d’ailleurs que certains brais de goudron de houille sont utilisés comme ingrédients de préparations dermatologiques. En raison de ces propriétés, les travailleurs tolèrent le contact cutané et le seul échantillonnage de l’air peut sous-estimer l’exposition réelle.

Dans le but d’aider les professionnels de la santé au travail, le comité sur les indices biologiques d’exposition (IBE) de l’ACGIH a proposé un IBE pour l’exposition aux CAP s’appuyant sur l’utilisation du 1 hydroxypyrène (1HP) (ACGIH, 2007). Toutefois le comité fut incapable de recommander une concentration de 1HP qui soit, ou bien équivalente à une exposition à la concentration TLV pour des mélanges de CAP comme les brais de goudrons de houille provenant des fours à coke, ou bien reliée à des effets sur la santé. Le comité a plutôt recouru à des données populationnelles pour proposer une valeur guide de 1HP urinaire de 1 μg/l qui signale une exposition d’origine professionnelle avec une certaine certitude statistique. Les données indiquent avec une très forte probabilité que des concentrations au-delà de 1 μg/l ne peuvent être dues à l’exposition environnementale ou alimentaire, mais plutôt à une exposition professionnelle s’il est par ailleurs démontré qu’il y a des CAP dans le milieu de travail. Des distributions semblables apparaissent dans le troisième rapport du CDC sur l’exposition aux substances de l’environnement (Centers for Disease Control, 2005). On y observe en effet chez 1 100 hommes non-fumeurs une moyenne géométrique de 0,085 μg/l (intervalle de confiance à 95 % : 0,071 – 0,105 μg/l) en 2000 et de 0,055 (0,046-0,064) μg/l en 2002. La probabilité d’observer une concentration supérieure à 1 μg/l chez des sujets qui n’ont pas d’exposition professionnelle est donc inférieure à 5 %, à l’exception des sujets qui subissent des traitements dermatologiques à base de goudron pharmaceutique. La question importante qu’il convient de se poser toutefois est de savoir si cette valeur guide offre une protection adéquate aux travailleurs exposés de manière chronique dans leurs milieux de travail. Ceci est l’objet de cet article.

Les hydrocarbures aromatiques polycycliques, de la recherche à la prévention

Les hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP) comptent parmi les substances les plus étudiées dans la littérature scientifique. Une recherche avec « polycyclic aromatic hydrocarbon » dans la base de données Pubmed donne environ 12 000 références entre les années 1960 et 2008. Le benzo(a)pyrène (BaP) lui-même génère plus de 10 000 notices bibliographiques. Dans la base TOXNET, les nombres correspondants sont de près de 20 000 et de plus de 26 000. Tout n’a-t-il donc pas déjà été dit ou écrit sur ces polluants ubiquistes? Il semble bien que non. Ce n’est d’ailleurs qu’à la fin de 2005 que le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) a revu la classification du BaP de 2A à 1 notamment sur la base d’informations récentes sur les mécanismes d’action (International Agency for Research on Cancer, 2008).

Les outils d’analyse chimique permettent maintenant de mesurer des concentrations d'HAP de moins de 1 ng/m3 dans l’air et des concentrations de leurs métabolites urinaires inférieures au ng/L (Simon et al., 2000; Wauters et al., 2008). Les techniques d’étude in vivo et in vitro des mécanismes d’action ont fait des bonds prodigieux notamment avec le développement de la biologie moléculaire, des approches de génomique, de protéomique et de métabonomique. Ces avancées sont en train de redéfinir nos paradigmes toxicologiques (Committee on Toxicity Testing and Assessment of Environmental Agents - National Research Council, 2007).Les approches épidémiologiques se sont raffinées notamment avec la contribution des méta-analyses (Weed, 2002).

Les avertisseurs de monoxyde de carbone – Un outil de protection

Le monoxyde de carbone (CO) est un gaz toxique que l’on ne peut ni voir, ni sentir. Ces propriétés particulières en font un contaminant insidieux dont l’exposition peut avoir de graves conséquences sur la santé, pouvant même entraîner le décès de la personne exposée. En milieu résidentiel, les principales sources sont les systèmes de chauffage et autres équipements fonctionnant à l’aide d’un combustible. La présence d’un garage intérieur, au sous-sol ou attenant à la résidence, représente également un risque d’intoxication au CO si on y laisse un véhicule à moteur en marche ou si on y utilise des équipements ou des outils fonctionnant à l’aide de combustible. Les saisons froides sont plus propices aux intoxications au CO en milieu résidentiel compte tenu de l’utilisation du chauffage et de la ventilation réduite des lieux; néanmoins, des situations à risque d’intoxication au CO peuvent survenir même en été.

En cas d’urgence nucléaire à Gentilly-2, la population sait maintenant quoi faire!

À l’automne 2003 s’amorçait le programme d’information préventive « En cas d’urgence nucléaire, je sais quoi faire ! ». Ce projet comprenait plusieurs activités de communication à l’intention de la population concernée par le risque que représente la centrale nucléaire de Gentilly-2. En préparation depuis plusieurs mois, cette campagne d’une durée de cinq ans vise à offrir une information complète sur le risque nucléaire et les mesures d’urgence qui seraient appliquées dans le cas d’un accident survenant à la centrale. La première phase de la campagne avait aussi pour but de rendre disponible à la population vivant à proximité de la centrale des comprimés d’iode stable, l’une des mesures de protection préconisées par le plan d’urgence. Rappelons que ces comprimés, une fois ingérés, ont pour but de protéger la glande thyroïde en cas d’accident entraînant une exposition potentielle à l’iode radioactif.

L’équipe de travail responsable de la préparation et de la mise en œuvre du programme d’information préventive est formée de professionnels de la communication issus de l’Agence de santé et de services sociaux de la Mauricie et du Centre-du-Québec et des directions régionales de la Mauricie et du Centre-du-Québec de Communication-Québec et de la sécurité civile. La coordination est assurée par la direction régionale de Communication-Québec. Plusieurs autres partenaires ont collaboré de près à la campagne : les municipalités et CLSC dans un rayon de 8 km autour de la centrale (Bécancour, Champlain, Trois-Rivières), le ministère de l’Environnement du Québec, le ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec, la Sûreté du Québec, le ministère des Transports du Québec et Hydro-Québec Gentilly-2.

 

Centrale nucléaire Gentilly-2 : Risques pour la santé et planification d’urgence

La centrale nucléaire Gentilly-2 est située à Bécancour, sur la rive sud du Saint-Laurent, à quelques kilomètres de Trois-Rivières. La centrale jouxte le Parc industriel et portuaire de Bécancour (PIPB) lequel comprend une trentaine d’établissements dont plusieurs industries chimiques et entreprises de service. Construite par Énergie atomique du Canada Ltée, une société d’État fédérale, elle est devenue par la suite propriété d’Hydro-Québec et a été mise en exploitation commerciale en 1983. Elle produit annuellement 675 mégawatts (mW) d’électricité, soit environ 3 % de la production totale du Québec. Cette production permet notamment de stabiliser le réseau d’Hydro-Québec dans la partie sud de la province. Gentilly-2 est la seule centrale nucléaire commerciale en opération au Québec.

Cet article décrit d'abord le fonctionnement de la centrale et ses dispositifs de sécurité. Il présente ensuite un survol des principaux effets potentiels sur la santé associés au nucléaire ainsi que des questions relatives à la planification des mesures d’urgence lors d’accidents impliquant une centrale nucléaire et ce, à travers l’expérience de Gentilly-2.

La mise à l'abri... une véritable mesure de protection?

La planification de situations d’urgence lors d’une déflagration, d’un incendie ou d’un dégagement d’un nuage toxique ou radioactif nécessite l'adoption d'une mesure de protection adaptée à la population concernée. Cette décision n’est toutefois pas toujours facile à arrêter. Lors d’une séance de travail du Comité mixte municipalité-industrie (CMMI) de Bécancour, dans la région Centre-du-Québec, le groupe chargé de la planification pratique des mesures à appliquer lors d’un accident impliquant du chlore, a relevé certaines contraintes de temps et de moyens techniques qui laissaient peu de choix quant à la mesure de protection à privilégier. Tout en constatant ces évidences et en acceptant la logique qui menait le groupe à favoriser la mise à l’abri, la majorité des membres du groupe ont indiqué qu’en situation réelle, ils auraient spontanément incité leur famille à évacuer plutôt qu’à se mettre à l’abri. C’est cette situation qui a inspiré le présent article, qui recense quelques rares recherches sur l’efficacité de la mise à l’abri et certaines expériences vécues où la mise à l’abri a déjà été utilisée.

Le concept de dose fait référence à une quantité de substance à laquelle un organisme est exposé. Dans le contexte qui nous intéresse, on pourra diminuer la dose en abaissant l’un ou l’autre des paramètres suivants ou les deux simultanément, soit : a) la concentration d’un toxique à laquelle une personne est exposée et b) le temps pendant lequel cette personne y est exposée. La dose étant la combinaison de ces deux paramètres, faire varier l’un ou l’autre paramètre, ou les deux à la fois, influence l’importance de la dose. Pour les substances toxiques, c’est l’importance de la dose qui conditionne l’effet plus ou moins grave à la santé de la personne exposée. C’est pourquoi, quelle que soit la mesure de protection favorisée, le but visé est toujours le même, soit de réduire la dose d’exposition.

Les experts en communication du risque considèrent ce concept de dose comme étant peu connu et mal compris du public en général. Cette méconnaissance pourrait être à la source du scepticisme qui entoure le niveau d’efficacité des mesures de protection autres que l’évacuation. Ceci a pour effet probable d’inciter le public et peut-être même les décideurs à considérer l’évacuation comme la seule mesure de protection valable.

Les risques à la santé associés à l’utilisation de pesticides à des fins esthétiques

L’engouement de plus en plus marqué pour l’entretien paysager et l’horticulture ornementale est en grande partie responsable de l’utilisation accrue de pesticides à des fins esthétiques. Cette augmentation de l’utilisation domestique des produits de synthèse ne manque pas d’inquiéter de nombreux citoyens, les groupes environnementaux, de même que les intervenants du secteur public (santé publique et environnement). C’est dans ce contexte que le ministère de l’Environnement du Québec a créé le Groupe de réflexion sur les pesticides en milieu urbain dont le mandat était de dégager des recommandations visant à réduire l’utilisation des pesticides en milieu urbain (voir l'encadré). Le présent article présente d’abord un bref profil de l’utilisation des pesticides à des fins esthétiques, pour aborder ensuite la question des effets sur la santé associés à leur utilisation ainsi que les orientations proposées par l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ).

En mars dernier, le Groupe de réflexion sur les pesticides en milieu urbain déposait officiellement un rapport intitulé « Pour la protection de la santé et de l’environnement, la gestion environnementale en milieu urbain ». Ce rapport constitue la synthèse de 48 mémoires présentés par différents groupes ainsi que des points de vue exprimés lors des journées de consultation par divers organismes issus des milieux universitaires et environnementaux, d’ordres professionnels, du monde municipal, d’associations de professionnels de fabricants et d’utilisateurs de pesticides. Dans la démarche entreprise par le groupe, deux principes ont orienté les recommandations du groupe soit le principe de précaution et celui d’exemplarité. Le premier indique qu’en l’absence de certitude scientifique, il faut observer une certaine prudence tandis que le second suggère que pour favoriser le changement d’attitudes chez les citoyens, les autorités gouvernementales et les institutions publiques doivent donner l’exemple. De plus, la gestion environnementale est identifiée comme point central tel qu'en témoignent les recommandations suivantes:

  • Interdire les pesticides sur les espaces verts publics et municipaux et également sur tous les autres espaces verts lorsqu’ils sont appliqués par un service d’entretien, sauf lorsque des seuils d’intervention sont atteints.
  • Limiter l’accès aux pesticides dans les points de vente.
  • Former les intervenants qui gravitent autour du citoyen (vendeurs de pesticides, professionnels qui offrent des services, professionnels des lieux publics et parapublics) afin qu’ils puissent les conseiller en matière de gestion environnementale.
  • Mettre sur pied des campagnes d’information, de sensibilisation et d’éducation de la population aux risques inhérents aux pesticides, à la gestion environnementale et aux méthodes alternatives.
  • Favoriser la mise en disponibilité des méthodes alternatives et de produits moins nocifs.
  • Créer un encadrement réglementaire adéquat, comprenant l’adoption prochaine d’un Code de gestion des pesticides, qui pourra accélérer l’implantation de la gestion environnementale.
  • Favoriser la recherche relative aux effets sur la santé et l’environnement ainsi que sur les solutions alternatives aux pesticides.

La protection personnelle contre les piqûres de moustiques

Lorsque le virus du Nil occidental (VNO) est mis en évidence sur un territoire donné, les premières mesures de santé publique généralement mises de l’avant consistent à informer la population sur les moyens reconnus pour se protéger contre les piqûres de moustiques. En plus des recommandations sur l’utilisation de répulsifs ou de « chasse-moustiques », les autorités de santé publique suggèrent souvent plusieurs façons d’éliminer les gîtes de reproduction des moustiques sur les propriétés privées.

Cet article recense les principales mesures de protection individuelle généralement recommandées par les autorités de santé publique canadiennes et américaines afin de réduire l’exposition aux moustiques pouvant transmettre le virus du Nil occidental.