Veille scientifique : Amélioration de la qualité nutritionnelle des aliments transformés, mars 2024, vol. 5, n° 1

Cette veille est destinée aux acteurs de santé publique, de la filière bioalimentaire, d’organismes gouvernementaux et non gouvernementaux ainsi qu’à toute personne interpellée par la qualité nutritionnelle des aliments transformés. Les publications recensées dans cette veille ont été choisies pour leur pertinence en regard de l’amélioration de la qualité nutritionnelle globale des aliments transformés et de leur similitude au contexte québécois. Plus spécifiquement, elles abordent les thématiques de reformulation, de politiques alimentaires et de programmes de subvention.

Mise en contexte et méthodologie

L’industrialisation des systèmes alimentaires dans les pays développés a engendré une modification importante des habitudes alimentaires et de la culture culinaire au cours des dernières décennies (Monteiro et al., 2013). L’accentuation de la présence des aliments transformés et ultra-transformés (ci-après nommés aliments transformés) dans notre alimentation s’est faite au détriment des plats cuisinés à base d’aliments frais et peu transformés (Moubarac, 2017; Moubarac et al., 2014). Or, les aliments transformés sont souvent riches en gras saturés, en sucre et en sodium; des nutriments qui, lorsque consommés en excès, sont défavorables à la santé. Pour contrer cette problématique, différentes mesures visant l’amélioration spécifique de la qualité nutritionnelle des aliments transformés peuvent être mises en place.

Le gouvernement du Québec s’est engagé, par le biais de la Politique gouvernementale de prévention en santé, à travailler à l’amélioration de la qualité nutritionnelle des aliments transformés (MSSS, 2016). S’inscrivant dans ces travaux, cette veille périodique vise à documenter les thématiques suivantes : reformulation volontaire ou réglementaire des aliments transformés, politiques alimentaires visant l’amélioration des produits vendus au grand public et programmes de subvention visant l’amélioration de la qualité nutritionnelle des aliments transformés.

Pour ce numéro de veille, un processus de vigie prospective non exhaustive de la littérature scientifique et de la littérature grise a été mené du 1er janvier au 31 octobre 2023. Plus précisément, les flux RSS des organismes d’expertise reconnus en santé publique ont été scrutés à l’aide de mots-clés dans le logiciel Inoreader; les infolettres d’organismes de santé publique reconnus ont aussi été consultées.

Des stratégies de recherche ont été développées pour le catalogue de Santécom et les bases de données Embase, Global Health, AgeLine, CINAHL, Environment Complete, ERIC, Health Policy Reference Center, MEDLINE Complete, Political Science Complete, Psychology and Behavioral Sciences Collection, PsycINFO, Public Affairs Index et SocINDEX with full text, dans les plateformes EBSCO Host et Ovid.

La sélection manuelle des publications, dans le but d’évaluer leur pertinence, a initialement été effectuée sur la base du titre et, par la suite, du corps de texte.

Pour les résumés présentés dans le volet analytique de ce bulletin de veille, une priorité a été accordée aux publications provenant du Québec, du Canada ou d’un pays ou d’une juridiction avec un contexte similaire. Une priorité a également été donnée aux revues de littérature et aux publications gouvernementales portant sur l’évaluation de mesures visant l’amélioration de la qualité nutritionnelle des aliments transformés. L’équipe de rédaction a convenu de résumer de cinq à huit publications par bulletin. Il est à noter que la qualité scientifique des publications n’a pas été pas évaluée.

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Publications répertoriées

Cette section présente les 46 publications répertoriées et jugées pertinentes pour soutenir les travaux d’amélioration de la qualité nutritionnelle des aliments transformés au Québec. Les références ont été classées selon les types de mesures qu’elles abordent : la réduction des teneurs en sodium, en sucre (incluant la taxation des boissons sucrées) ou en plusieurs nutriments, l’augmentation des teneurs en fibres, l’étiquetage nutritionnel ou la restriction du marketing alimentaire. Les références qui abordent plusieurs mesures sont classées dans une catégorie distincte.

Réduction des teneurs en sodium

Réduction des teneurs en sucre

Réduction des teneurs en plusieurs nutriments

Augmentation des teneurs en fibres

Étiquetage nutritionnel

Restriction du marketing alimentaire

Plusieurs types de mesures

Résumés des publications clés

La section qui suit présente les résumés des huit publications sélectionnées en fonction des critères énoncés dans la section Mise en contexte et méthodologie.

Sel ou sodium?

À l’international, les dénominations sel et sodium sont utilisées pour désigner la consommation de sel. Au Canada, c’est le terme sodium qui est généralement employé puisqu’il s’agit de la composante du sel de table (chlorure de sodium, NaCl) à l’origine de l’hypertension artérielle.

1 g de sel de table ≈ 400 mg de sodium

Le terme sodium est utilisé dans les résumés ci-dessous, en dépit du terme employé dans la publication originale. Les quantités de sel sont traduites en sodium, selon l’équivalence disponible ci-dessus.

À noter que, dans les résumés, « cibles de reformulation » réfère à la définition générale de la politique publique, tandis que « cibles de réduction » est utilisé pour désigner les cibles de reformulation qui visent la réduction d’un nutriment en particulier (sucre, sodium, etc.).


Les mesures d’étiquetage sur le devant des emballages pourraient encourager les fabricants alimentaires à améliorer la valeur nutritive de leurs produits

Contexte

De nombreux pays, dont le Canada, ont mis en place des mesures d’étiquetage sur le devant des emballages des aliments dans le but d’informer les consommateurs et de les inciter à faire des choix alimentaires plus sains. Les effets de ces mesures sur les pratiques des fabricants alimentaires sont toutefois peu documentés.

Objectifs et méthodes

Cette revue systématique visait à examiner l’effet de la mise en œuvre de mesures d’étiquetage sur le devant des emballages sur les activités de reformulation des fabricants alimentaires. Les effets spécifiques aux différents designs d’étiquettes et aux modes d’application des mesures d’étiquetage (volontaire ou réglementaire) ont aussi été évalués. Les designs d’étiquettes étaient divisés en quatre catégories :

  • Non explicite (informations numériques sans comparaison aux recommandations);
  • Explicites :
    • Spécifique aux nutriments (indications sur les teneurs élevées ou faibles en certains nutriments, selon les recommandations);
    • Sommaire (attribution d’un score de qualité nutritionnelle globale);
    • Approbation positive (indication qu’un produit répond à des normes spécifiques de santé d’une fondation pour la santé cardiovasculaire, par exemple).

Ce que l’on y apprend

L’analyse des 39 articles retenus par les auteurs suggère qu’il existe une association entre la mise en application de mesures d’étiquetage sur le devant des emballages et la réduction du sucre et du sodium contenu dans les aliments préemballés. Les auteurs ont toutefois mentionné qu’il était difficile d’isoler l’effet des mesures d’étiquetage, car les initiatives analysées étaient souvent mises en œuvre en même temps que d’autres mesures encourageant la reformulation (p. ex. les cibles de reformulation et la taxe sur les boissons sucrées).

Ensuite, il semblerait que les étiquettes présentant des informations explicites (spécifiques aux nutriments, sommaire ou approbation positive) encouragent davantage la reformulation, comparativement aux étiquettes qui ne fournissent que des informations numériques, sans comparaison aux recommandations (catégorie non explicite). Les efforts de reformulation semblaient plus fréquents pour les étiquettes de type « spécifique aux nutriments » et « approbation positive ».

Sans surprise, les résultats des études analysées suggèrent que les fabricants reformulaient davantage leurs produits lorsque les mesures d’étiquetage étaient implantées de façon réglementaire, comparativement aux mesures volontaires. Les auteurs ont mis de l’avant le fait que lorsque les mesures d’étiquetage sont volontaires, les fabricants peuvent choisir de n’étiqueter que leurs produits plus sains, au lieu de reformuler puis d’étiqueter leurs produits moins sains.

Enfin, les auteurs de la revue concluent que les mesures d’étiquetage sur le devant des emballages devraient fournir des indications explicites quant à la qualité nutritionnelle des aliments préemballés, et qu’elles devraient être appliquées de façon réglementaire.

Ganderats-Fuentes, M., & Morgan, S. (2023). Front-of-package nutrition labeling and its impact on food industry practices: a systematic review of the evidence. Nutrients, 15(11), 2630.


Réductions encourageantes des teneurs en sodium dans les pains vendus en France, moins d’un an après l’entente convenue avec le gouvernement

Contexte

En mars 2022, les professionnels du secteur de la boulangerie française signaient un accord collectif avec le gouvernement afin de réduire les teneurs en sodium dans les pains. Les seuils finaux à atteindre d’ici 2025 varient selon le type de pains visés par cet accord collectif, soit entre 440 mg à 560 mg de sodium par 100 g de pain. L’objectif de la première phase de l’accord collectif était d’atteindre d’ici juillet 2022, le seuil provisoire de 600 mg de sodium par 100 g pour les pains courants. Ceux-ci sont les pains de consommation courante qui inclut les baguettes de consommation courante et celles de tradition française.

Objectifs et méthodes

Ce rapport a pour objectif de présenter le bilan de la première phase de l’accord collectif. Pour ce faire, des échantillons de pains ont été prélevés de juin 2022 à janvier 2023 dans divers points de vente en France. Le plan d’échantillonnage a été élaboré de façon à assurer la représentativité des types de pains courants achetés dans les points de vente. Les teneurs en sodium des pains prélevés ont ensuite été mesurées par spectrométrie de masse et comparées au seuil provisoire. Des données de 2015 sur les teneurs moyennes en sodium des pains courants ont aussi été utilisées pour comparaison.

Ce que l’on y apprend

Sur les 120 pains analysés, 88 % sont des baguettes de consommation courante et 12 % sont des baguettes de tradition française. Les principaux résultats quant aux teneurs en sodium sont les suivants :

  • Le taux de conformité par rapport au seuil provisoire est de 84,9 % pour les baguettes de consommation courante et de 64,3 % pour les baguettes de tradition française;
  • La moyenne des teneurs en sodium des pains analysés est estimée à 536 mg par 100 g de pain, comparativement à la teneur moyenne en sodium des pains courants en 2015 qui était estimée à 680 mg par 100 g de pain.

Malgré les réductions encourageantes des teneurs en sodium dans les pains, les auteurs rapportent des résultats qui sont variables. Ils expliquent cette variabilité par les incertitudes de mesure de la teneur en sodium des pains analysés. Les résultats doivent donc être interprétés avec prudence.

Observatoire de l’alimentation (2023). Rapport de tierce partie : suivi de l’accord collectif des professionnels du secteur de la boulangerie pour une réduction de la quantité de sel dans le pain – Évaluation de l’échéance de juillet 2022.


Dix ans après la mise en place d’un programme de reformulation volontaire, les teneurs en sodium des aliments vendus en Slovénie ont peu diminué

Contexte

Comme l’ont fait de nombreux pays dans les dernières années, la Slovénie a mis en place en 2010 un plan d’action national pour réduire l’apport en sodium moyen de sa population d’ici 2020. Ce plan comprenait différentes mesures, notamment la sensibilisation de la population aux risques d’un apport élevé en sodium et la mise en place d’un programme de reformulation basé sur une collaboration avec les fabricants alimentaires pour réduire progressivement la teneur en sodium de leurs produits.

Objectifs et méthodes

Les auteurs de cette étude ont examiné les teneurs en sodium des aliments transformés vendus en Slovénie de 2011 à 2020. Les données sur le contenu en sodium des aliments vendus au détail provenaient de photographies des tableaux de la valeur nutritive prises dans le cadre d’études de suivi de l’offre alimentaire effectuées dans les principaux détaillants alimentaires du pays en 2011, 2015, 2017 et 2020. Des données de ventes ont aussi été recueillies et ont pu être appariées aux données de composition nutritionnelle.

Ce que l’on y apprend

Les résultats suivants ont été rapportés par les auteurs :

  • Des diminutions statistiquement significatives des teneurs en sodium ont été observées pour les catégories des biscuits et des croustilles et collations, et ce, de 2015 à 2020. Les teneurs en sodium des fromages et des charcuteries ont quant à elles augmenté de façon significative de 2015 à 2020 et de 2017 à 2020, respectivement.
  • Les changements observés dans les teneurs en sodium n’étaient plus significatifs lorsque les teneurs étaient pondérées par les ventes, ce qui, selon les auteurs, indique que les teneurs en sodium des produits les plus vendus n’ont pas été suffisamment réduites.

Les faibles progrès réalisés dans la réduction des teneurs en sodium des aliments ont amené les auteurs de l’étude à suggérer des modifications quant au programme de reformulation de la Slovénie. En effet, le programme en place mentionne une collaboration avec l’industrie bioalimentaire, mais ne comprend pas de cibles de reformulation avec des teneurs spécifiques à atteindre pour différentes catégories d’aliments. Les auteurs suggèrent donc que, pour observer des réductions significatives dans les teneurs en sodium des aliments, des cibles devraient être élaborées et implantées avec une approche réglementaire plutôt que volontaire.

Krušic, S., Hristov, H., Hribar, M., Lavriša, Ž., Žmitek, K., & Pravst, I. (2023). « Changes in the sodium content in branded foods in the Slovenian food supply (2011–2020) », Nutrients, 15(19), 4304.


Une réduction de 20 % des teneurs en sucres libres dans l’offre alimentaire diminuerait la consommation de ce type de sucres chez les Canadiens

Contexte

La mise en place de cibles de reformulation visant la réduction des teneurs en sucres libres dans l’offre alimentaire est une mesure possible pour réduire les apports en ce type de sucres chez les Canadiens. Par ailleurs, diminuer les teneurs en sucres libres dans les aliments et les boissons est complexe, et ne s’ensuivrait pas nécessairement d’une réduction équivalente en calories dans les aliments et les boissons reformulés. En effet, les sucres libres retirés pourraient être substitués par d’autres composantes ce qui pourrait avoir un effet sur le contenu calorique du produit reformulé.

Objectifs et méthodes

À l’aide d’analyses de modélisation, les auteurs ont voulu estimer les changements dans les apports énergétiques et en sucres libres des Canadiens si des cibles de reformulation visant une réduction de 20 % des teneurs en sucres libres dans l’offre alimentaire étaient implantées au Canada. Pour ce faire, les auteurs ont utilisé les données d’apports nutritionnels du volet nutrition de l’Enquête sur la santé dans les collectivités canadiennes de 2015 (ESCC) et les données de composition nutritionnelle des produits alimentaires vendus au Canada et provenant de la base de données Food Label Information Program de 2017 de l’Université de Toronto.

Ce que l’on y apprend

En 2015, selon les données de l’ESCC – Nutrition 2015, l’apport moyen en sucres libres des Canadiens était estimé à 56,2 g/jour, contribuant en moyenne, à 12,1 % de l’apport énergétique total. Dans le scénario hypothétique où les teneurs en sucres libres des aliments et des boissons offerts au Canada seraient réduites de 20 % :

  • L’apport moyen en sucres libres de la population diminuerait à 44,9 g/jour (- 11,3 g). Ainsi, la contribution énergétique moyenne provenant des sucres libres correspondrait à 10 % (-2,1 %) de l’apport énergétique total;
  • L’apport énergétique moyen de la population serait réduit à 1798 kcal/jour (- 60 kcal).

Selon les auteurs, des recherches supplémentaires quant aux principaux aliments qui contribuent le plus aux apports en sucres libres des Canadiens permettraient de mieux comprendre les résultats de cette étude en explorant les catégories d’aliments qui ont contribué le plus à la réduction des apports énergétiques.

Bernstein, J. T., Christoforou, A. K., Ng, A. (Praneet), Weippert, M., Mulligan, C., Flexner, N., & L’Abbe, M. R. (2023). Canadian free sugar intake and modelling of a reformulation scenario. Foods, 12(9), 1771.


Les cibles allemandes de réduction du sucre dans les boissons gazeuses ont permis de réduire ce nutriment, mais en deçà de l’objectif qui était visé

Contexte

Dans le cadre de sa stratégie visant la réduction du sucre, du gras et du sodium dans les aliments transformés, l’Allemagne a implanté en 2015 des cibles volontaires visant la réduction du sucre dans les boissons gazeuses. L’objectif de cette politique est d’atteindre, d’ici 2025, une réduction moyenne de 15 % des teneurs en sucre des boissons gazeuses achetées. Depuis l’implantation des cibles, aucune analyse des teneurs en sucre des boissons gazeuses n’avait été réalisée.

Objectifs et méthodes

Les auteurs ont évalué les teneurs moyennes en sucre pondéré par les ventes des boissons gazeuses ainsi que le volume d’achat par individu de ce type de boissons de 2011 à 2021, afin d’évaluer les effets intérimaires des cibles visant la réduction du sucre dans les boissons gazeuses. Ils ont comparé ces résultats aux tendances visées par la stratégie nationale de l’Allemagne quant à la réduction du sucre, ainsi qu’aux résultats du Royaume-Uni, qui a implanté en 2017 une taxe sur les boissons avec sucres ajoutés.

Ce que l’on y apprend

Parmi les principaux résultats :

  • De 2015 à 2021, les teneurs moyennes en sucre pondérées par les ventes des boissons gazeuses ont diminué (- 2,2 %), de même que le volume des ventes par individu pour ce type de boissons (- 3,6 %) ;
  • Cette diminution des teneurs moyennes en sucre pondérées par les ventes des boissons gazeuses (- 2,2 %) est inférieure à la diminution visée par la stratégie allemande pour cette même période (- 9 %) ainsi que celle mesurée six ans après l’implantation de la taxe du Royaume-Uni (- 29 % pour les boissons gazeuses soumises à la taxe);
  • De 2011 à 2015, soit la période précédant l’implantation des cibles allemandes visant la réduction du sucre dans les boissons gazeuses, le taux de réduction de la teneur moyenne en sucre pondérée par les ventes des boissons gazeuses était, en moyenne, de 0,2 % par an. Depuis l’implantation des cibles allemandes, de 2015 à 2021, ce taux de réduction des teneurs en sucre s’est accru (- 0,4 %).

Face à ces résultats et pour réduire davantage les teneurs en sucre dans les boissons gazeuses, les auteurs mentionnent que les cibles pourraient être réglementées et que d’autres mesures, comme une taxe visant les boissons avec sucres ajoutés, pourraient être mises en œuvre.

von Philipsborn, P., Huizinga, O., Leibinger, A., Rubin, D., Burns, J., Emmert-Fees, K., Pedron, S., Laxy, M., & Rehfuess, E. (2023). Interim evaluation of Germany’s sugar reduction strategy for soft drinks: commitments versus actual trends in sugar content and sugar sales from soft drinks. Annals of Nutrition & Metabolism, 79(3), 282-290.


L’Australie rapporte de faibles réductions dans les teneurs en sodium et en gras saturés des aliments transformés deux ans après la diffusion de ses cibles volontaires de reformulation

Contexte

Créé en 2015 en Australie, le Healthy Food Partnership est une entente volontaire entre l’industrie alimentaire, le secteur de la santé publique et le gouvernement australien. L’une des principales initiatives de cette entente est la politique de cibles de reformulation visant à réduire les teneurs en sodium, en gras saturés et en sucre des aliments transformés. La première série de cibles de reformulation, publiée en 2020, visait uniquement la réduction des teneurs en sodium et en gras saturés, avec des seuils à atteindre d’ici 2024.

Objectifs et méthodes

L’objectif de ce rapport était de faire le point sur les progrès des fabricants alimentaires vers l’atteinte des cibles pour le sodium et les gras saturés, deux ans après la publication de la première série de cibles. Les analyses ont utilisé deux types de données : les données de composition nutritionnelle de 1 110 produits fournies par les entreprises australiennes en juin 2020 et 2022 ainsi que les données d’achats de ces produits. Ces données d’achats ont été appariées aux données de composition nutritionnelle afin d’estimer l’impact de la reformulation sur la consommation de sodium et de gras saturés de la population australienne. Les données d’achats ont donc été utilisées comme approximation de la consommation alimentaire.

Ce que l’on y apprend

Les constats suivants ont été rapportés :

  • Une diminution moyenne de 3,0 % des teneurs en sodium a été observée dans les produits analysés. Les diminutions les plus importantes ont été observées pour le pesto (- 6,8 %), les fruits de mer panés (- 5,3 %), les produits de fromages fondus (- 5,3 %), les pâtisseries salées (- 5,3 %) et les saucisses (- 5,2 %);
  • 70 % des produits analysés avaient des teneurs en sodium égales ou inférieures à leurs seuils respectifs à atteindre;
  • Les teneurs en gras saturés des produits analysés ont quant à elles diminué de 0,5 % en moyenne. Cette diminution était principalement due à la réduction des teneurs en gras saturés dans les saucisses (- 5,3 %);
  • 52 % des produits analysés avaient des teneurs en gras saturés égales ou inférieures à leurs seuils respectifs à atteindre;
  • L’impact estimé de ces diminutions sur la consommation de sodium et de gras saturés serait de l’ordre de – 8,3 mg de sodium par personne par jour (- 0,3 %) et de – 0,1 g de gras saturés par personne par jour (- 0,2 %).

À noter que l’atteinte des cibles de reformulation visant les teneurs en sucre des aliments sera évaluée ultérieurement.

Australian Bureau of Statistics (2023). Healthy food partnership reformulation program: two-year progress.


Les restaurants du Royaume-Uni n’ont pas suffisamment réduit les teneurs en sucre et en calories de leurs desserts

Contexte

Dans son plan visant à réduire le taux d’obésité infantile, le Royaume-Uni s’était engagé à mettre en œuvre des cibles volontaires de réduction du sucre visant les aliments du secteur de la vente au détail et du secteur de la restauration. Ces cibles furent publiées en 2017 et visaient une réduction globale des teneurs en sucre de l’ordre de 20 % d’ici 2020. Les cibles mentionnaient aussi que la réduction du sucre ne devait pas être contrecarrée par une augmentation des teneurs en gras saturés et en calories. Un rapport évaluant l’atteinte des cibles a déjà montré que l’objectif de réduction de 20 % n’avait pas été atteint, mais ce rapport ne présentait pas de données détaillées sur les aliments du secteur de la restauration.

Objectifs et méthodes

Cette étude a examiné les changements dans la composition nutritionnelle des desserts (biscuits, gâteaux, crèmes glacées, produits de boulangerie du déjeuner et desserts en sauce) vendus par des chaînes de restaurants du Royaume-Uni, et ce, de 2017 à 2020. Les données nutritionnelles ont été obtenues à partir des menus en ligne des restaurants (2020) et des bases de données de fournisseurs indépendants (2017).

Ce que l’on y apprend

Les résultats suivants ont été rapportés :

  • En moyenne, les teneurs en sucre ont diminué de 3,4 g par portion (- 11 %), et seule la crème glacée a atteint l’objectif de réduction de 20 % (- 38 %). La réduction des teneurs en sucre dans les gâteaux et les biscuits était minime, tandis qu’une augmentation des teneurs en sucre a été observée dans les desserts en sauce et les produits de boulangerie du déjeuner;
  • Le contenu moyen en calories est quant à lui passé de 367 kcal à 352 kcal par portion (- 4 %). La catégorie avec la plus grande réduction de son contenu calorique était la crème glacée (- 30 %);
  • Les teneurs en gras saturés sont demeurées globalement stables, mais une réduction spécifique de 25 % a été observée dans les teneurs en gras saturés de la crème glacée;
  • Seules quatre chaînes de restaurants parmi les 48 incluses dans les analyses ont réussi à réduire les teneurs en sucre de leurs desserts (de – 20 à - 39 %), tandis que deux chaînes ont réduit les teneurs en calories (de - 18 à - 63 %).

À la lumière de ces résultats, les auteurs concluent que les cibles volontaires de réduction du sucre du Royaume-Uni ont entraîné certains changements positifs, mais que l’engagement des entreprises de restauration était variable. Des leviers plus importants pourraient être nécessaires pour garantir un engagement durable de l’industrie.

Pepper, T., Hart, K. H., & Hodgkins, C. E. (2023). Tackling (childhood) obesity through a voluntary food reformulation policy: a repeated cross-sectional study investigating nutritional changes in the out-of-home sector. Nutrients, 15(14), 3149.


Effets de certaines mesures fiscales en alimentation sur les achats alimentaires et la qualité de l’alimentation

Contexte

L’Organisation mondiale de la Santé recommande l’adoption de politiques fiscales, comme la taxation ou les subventions, afin de réduire les risques de maladies chroniques associées à l’alimentation. Même si les effets de certaines mesures fiscales ont été documentés (p. ex les effets d’une taxe visant des aliments et des boissons sur leur prix), les effets des politiques fiscales sur l’alimentation et la santé des populations demeurent incertains.

Objectifs et méthodes

Les auteurs ont réalisé une revue systématique et une méta-analyse afin de synthétiser les effets démontrés de certaines mesures fiscales en alimentation (taxes et subventions) sur différentes variables, comme les achats alimentaires, la qualité de l’alimentation et la santé. Une analyse qualitative par thématique a également été réalisée pour mieux comprendre l’implantation de ce type de mesures.

Ce que l’on y apprend

Parmi les références identifiées, 24 études d’évaluation d’impact et deux revues systématiques ont été retenues. Les principaux résultats présentés dans l’article permettent d’apprendre que :

  • La taxation des boissons (p. ex. les boissons avec sucres ajoutés et les boissons gazeuses) réduirait les achats de ce type de boissons (boissons taxées). Par ailleurs, la taxation n’aurait pas d’effet sur les achats des boissons non soumises à la taxe;
  • Les subventions qui permettent de diminuer le prix des légumes, des fruits et des légumineuses n’auraient pas d’effet sur la qualité de l’alimentation;
  • La combinaison d’une campagne médiatique à l’implantation d’une mesure fiscale pourrait augmenter les effets bénéfiques sur l’alimentation de la population. En informant la population des effets sur la santé liée à la consommation d’aliments subventionnés (p. ex. les fruits et légumes) ou taxés (p. ex. les boissons sucrées), les consommateurs seraient davantage sensibilisés à ce propos.

Les auteurs expliquent que ces résultats doivent être utilisés avec précaution considérant la grande hétérogénéité des études analysées. Ils indiquent aussi qu’en raison du nombre limité d’études qui ont évalué l’effet des politiques fiscales sur la qualité de l’alimentation et la santé, il n’est pas possible d’émettre de conclusion.

Hammaker, J., Anda, D., Kozakiewicz, T., Bachina, V., Berretta, M., Shisler, S., & Lane, C. (2022). Systematic review on fiscal policy interventions in nutrition. Frontiers in Nutrition, 9, 967494.


Références

  1. Monteiro, C. A., J.–C. Moubarac, G. Cannon, S. W. Ng et B. Popkin (2013). « Ultra-processed products are becoming dominant in the global food system », Obesity reviews, vol. 14, n° S2, p. 21–28.
  2. Moubarac, J.-C. (2017). « Ultra-processed foods in Canada: consumption, impact on diet quality and policy implications ». Montréal TRANSNUT, Université de Montréal.
  3. Moubarac, J.-C., M. Batal, A. P. B. Martins, R. Claro, R. B. Levy, G. Cannon et C. Monteiro (2014). « Processed and ultra-processed food products: consumption trends in Canada from 1938 to 2011 », Canadian Journal of Dietetic Practice and Research, vol. 75, n° 1, p. 15‑21.
  4. MSSS (2016). « Politique gouvernementale de prévention en santé : un projet d’envergure pour améliorer la santé et la qualité de vie de la population ».

Pour des questions ou des commentaires concernant cette veille scientifique, veuillez contacter Claudia Savard à [email protected]

Les numéros précédents sont disponibles sur le site de l’INSPQ à l’adresse suivante : https://www.inspq.qc.ca/veille-scientifique-amelioration-de-la-qualite-nutritionnelle-des-aliments-transformes

Cette veille est réalisée grâce à la participation financière du ministère de la Santé et des Services sociaux du Québec.

Rédactrices

Anne-Marie Bérubé, Dt.P., M. Sc., conseillère scientifique 
Claudia Savard, Dt.P., Ph. D., conseillère scientifique spécialisée 
Unité Milieux de vie inclusifs, sains et sécuritaires 
Direction du développement des individus et des communautés

Avec la collaboration de : 
Julie Maltais Giguère, Dt.P., M. Sc., conseillère scientifique 
Aurélie Maurice, M.D., M. Sc., FRCPC, médecin spécialiste en santé publique et médecine préventive 
Marie-Claude Paquette, Dt.P., Ph. D., conseillère scientifique spécialisée 
Unité Milieux de vie inclusifs, sains et sécuritaires 
Direction du développement des individus et des communautés

Sous la coordination de : 
Pierre-Henri Minot, chef d’unité scientifique par intérim 
Unité Milieux de vie inclusifs, sains et sécuritaires 
Direction du développement des individus et des communautés

Relecture et mise en page : 
Sophie Michel, agente administrative
Direction du développement des individus et des communautés

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