Proportion de chambres individuelles avec salle de toilette non partagée devant être disponibles dans les établissements de soins de santé physique du Québec

Au Canada et au Québec, il n'y a aucune directive sur la proportion de chambres individuelles avec toilette non partagée requise dans les milieux de soins. Devant l'émergence de nouveaux agents pathogènes, le nombre important de patients porteurs de germes résistants, la crainte de nouvelles pandémies, le développement des soins ultraspécialisés et la vulnérabilité croissante de la clientèle, le Comité sur les infections nosocomiales du Québec (CINQ) considère essentiel d'aborder ce sujet afin d'optimiser la sécurité liée à la prestation des soins.

Le présent avis a pour objectif de situer le problème lié au partage de chambres en milieux de soins, de faire état des connaissances sur le sujet et de formuler un avis sur la proportion de chambres individuelles avec salle de toilette non partagée devant être disponible dans les établissements de soins aigus ou de longue durée, afin d'orienter les décisions liées à l'organisation des lieux physiques lors de la planification de travaux de rénovation ou d'une nouvelle construction.

Considérant :

  • L’impact positif des chambres individuelles avec salle de toilette non partagée, au regard :
    • de la diminution du risque d’acquisition d’infections nosocomiales;
    • de l’application des mesures d’isolement;
    • d’un meilleur contrôle des éclosions;
    • d’un meilleur contrôle du risque infectieux environnemental dont l’application des mesures d’hygiène et salubrité;
    • de la confidentialité;
    • de la réduction des transferts;
    • de la gestion des lits plus efficiente;
    • de l’adaptabilité des lieux physiques, augmentant les possibilités d’effectuer diverses procédures complexes au chevet;
    • de la satisfaction de la clientèle et du personnel;
    • de l’amélioration de la prestation et de la qualité des soins de la clientèle;
    • de la réduction des erreurs cliniques, notamment les erreurs de médication.
  • L’émergence de nombreux agents pathogènes infectieux d’importance tels que le SARM, l’ERV, le SRAS, la grippe aviaire, le CD, l’Acinetobacter, les entérobactéries produisant des BLSE;
  • La vulnérabilité accrue de la clientèle ayant pour conséquences l’administration de soins de complexité croissante et des besoins accrus d’isolement;
  • Les récentes recommandations du coroner Rudel-Tessier de privilégier un aménagement physique sécuritaire pour les soins des patients, notamment en aménageant des chambres individuelles et des toilettes en nombre suffisant;
  • La tendance internationale de favoriser l’aménagement des chambres individuelles avec toilette non partagée dans les hôpitaux.

Le CINQ recommande :

  • Que le nombre de chambres individuelles avec salle de toilette non partagée soit maximisé lors de la réalisation de travaux de construction ou de rénovation dans les établissements de soins au Québec;
  • Que l’on préconise, pour les constructions neuves,
    • que la totalité des chambres soient individuelles avec toilette non partagée à moins d’avis contraire du programme fonctionnel;
  • Que lors de travaux de rénovation,
    • une proportion minimale de 50 % des lits soient en chambres individuelles avec toilette non partagée, cette proportion excluant les lits des unités accueillant la clientèle à risque;
    • dans les unités accueillant des patients à risque plus élevé (exemples : unités de soins intensifs, unités de greffe, unités d'oncologie, etc.), toutes les chambres soient individuelles avec toilette non partagée;
    • les chambres de plus de deux lits soient éliminées de façon prioritaire, ainsi que le partage d’une salle de toilette par plus de deux patients;
  • Que les établissements documentent leur proportion actuelle de chambres individuelles avec salle de toilette non partagée et qu’un plan d’action avec un échéancier soit élaboré afin d’établir une stratégie de rattrapage, s’il y a lieu, de concert avec la direction générale et le comité de prévention des infections, en privilégiant les secteurs avec clientèle vulnérable;
  • Que toutes les salles d’urgence disposent de chambres individuelles avec salle de toilette non partagée et en nombre suffisant, afin de permettre l’application des précautions additionnelles;
  • Que des chambres d’isolement avec pression négative ou positive, selon le cas, soient disponibles en quantité suffisante dans les établissements, dans les unités de soins et dans les urgences;
  • Que les équipes de prévention des infections participent aux projets de construction et de rénovation, dès l’élaboration des plans et devis.
Type de publication
ISBN (électronique)
978-2-550-56004-3
ISBN (imprimé)
978-2-550-56003-6
Notice Santécom
Date de publication