Surveillance provinciale des nouveaux cas d'entérocoque résistant à la vancomycine (ERV) : septembre 2007 - août 2008
Depuis novembre 2003, les éclosions à entérocoque résistant à la vancomycine (ERV) font partie des maladies à déclaration obligatoire (MADO) selon le règlement d'application de la Loi sur la santé publique du Québec. Les établissements de soins aigus ou prolongés sont tenus de déclarer leurs éclosions dans le système MADO. Cependant, si la définition nosologique d'éclosion peut être claire pour une institution qui n'a jamais eu de cas d'ERV nosocomial, elle devient très difficile à appliquer pour les centres hospitaliers où l'ERV est endémique. De plus, les critères utilisés pour définir la fin d'une éclosion et les protocoles de dépistage varient d'un centre hospitalier à l'autre ce qui rend les comparaisons inter-établissements difficiles.
La surveillance de l'émergence de la résistance bactérienne constitue une priorité de santé publique dans le cadre du plan d'action sur la prévention et le contrôle des infections nosocomiales 2006-2009. Dans ce contexte, il est essentiel de disposer d'un réseau de surveillance actif, prospectif et continu de l'incidence de l'ERV dans tous les centres hospitaliers de soins aigus du Québec. Le comité SPIN-ERV (Surveillance provinciale des infections nosocomiales portant sur les ERV) a recommandé la mise en place d'une surveillance des nouveaux cas d'ERV afin d'établir l'incidence de l'ERV au Québec.
Les données de ce rapport SPIN-ERV font état de 577 nouveaux cas d’ERV pour l’année de surveillance 2007-2008, ce qui représente une baisse de 31 % par rapport à l’année précédente. Cette baisse de l’incidence de l’ERV s’accompagne cependant d’une hausse du nombre d’éclosions déclarées en 2007. L’ERV est surtout observé à Montréal et ses régions limitrophes, et dans la région de la Mauricie-et-Centre-du-Québec et il est surtout détecté par les programmes de dépistage (97 % des cas). Les infections à ERV sont rares mais peuvent être sévères chez les hôtes fragiles et difficiles à traiter en raison des options thérapeutiques limitées. De plus, le potentiel réel de transfert des gènes de résistance de l’ERV vers des espèces virulentes telles le Staphylococcus aureus en inquiète plusieurs et justifie les recommandations et efforts investis pour le contrôle de la transmission d’ERV.
Parmi les recommandations émises l’an dernier, seule celle portant sur l’identification des cas reliés à une infection a pu être réalisée au cours de cette deuxième année de surveillance.
Afin d’améliorer le système de surveillance de l’ERV, le sous-comité SPIN-ERV reconduit les recommandations de l’année dernière et recommande au CINQ de :
- Déterminer l’origine d’acquisition des souches (nosocomiale vs communautaire);
- Valider la qualité de la surveillance en évaluant la faisabilité d’introduire une mesure de la densité de la surveillance;
- Éliminer les doublons résultant de transferts inter-hospitaliers;
- Développer un portail informatique similaire à ceux déjà en place pour les autres programmes de surveillance SPIN et qui permettrait d’obtenir un taux d’incidence de l’ERV par 10 000 jours-présence.