Surveillance des diarrhées associées à Clostridium difficile au Québec : bilan du 22 août 2004 au 18 août 2007
Plusieurs centres hospitaliers (CH) du Québec ont été confrontés à une augmentation des diarrhées associées à Clostridium difficile (DACD) depuis le début de l'année 2003. Récemment, on observe une augmentation globale de la fréquence et de la sévérité des DACD, ainsi que l'émergence de la souche NAP1, responsable d'épidémies dans plusieurs pays[. Le génotype NAP1 (North American Pulsovar 1 par électrophorèse sur gel en champ pulsé) correspond au PCR-ribotype 027 et au groupe BI (par analyse de restriction par endonucléase). Il produit des toxines A et B en quantité de 16 à 23 fois plus élevée et sur des périodes plus longues de temps que les autres souches, probablement à cause d'une délétion du gène tcdC en position 117 qui assure une régulation négative de ces toxines. Ceci expliquerait une sévérité accrue de la maladie et une plus grande fréquence des récidives. Il a été suggéré que l'acquisition récente par NAP1 d'une résistance aux fluoroquinolones aurait pu favoriser sa diffusion.
À la demande du ministère de la Santé et des Services sociaux, une surveillance provinciale obligatoire des DACD a été mise en place en août 2004 par l'Institut national de santé publique du Québec (INSPQ) et le groupe de travail de la Surveillance provinciale des infections nosocomiales (SPIN), en collaboration avec l'Association des médecins microbiologistes-infectiologues du Québec (AMMIQ). L'expérience accumulée durant les trois ans a inspiré les recommandations pour la surveillance des DACD publiées par un groupe d'experts mondiaux, ainsi que plusieurs pays qui sont en train de mettre en place des systèmes de surveillance des DACD.
Ce rapport présente les données de trois années de surveillance (22 août 2004 au 18 août 2007) dans l'ensemble des 94 hôpitaux inclus dans le programme à ce jour.