La prévalence du cancer au Québec en 1999
Depuis le début des années 2000, le cancer constitue la principale cause de mortalité au Québec (Institut de la statistique du Québec, 2003). Par contre, le taux standardisé de mortalité due au cancer, tout comme la plupart des autres causes de mortalité, est en continuelle diminution depuis le début des années 90 (ministère de la Santé et des Services sociaux, 2003; ministère de la Santé et des Services sociaux, 2004) pendant que l’espérance de vie à la naissance de la population québécoise a augmenté au cours des dernières décennies.
Étant donné que le nombre de personnes âgées augmente sans cesse et que le risque de cancer s’accroît avec l’âge, l’incidence du cancer s’accroît en parallèle. De plus, en raison de diagnostics posés plus précocement et de traitements plus efficaces, la survie des personnes atteintes de cancer tend à s’allonger, ce qui devrait maintenir une demande de soins élevée pour le suivi de ces personnes.
Il existe plusieurs indicateurs pour alimenter la surveillance du cancer et mesurer le fardeau qu’il représente pour la société. Les plus connus sont le nombre de nouveaux cas qui se déclarent annuellement (incidence), la mortalité, la survie relative, les années potentielles de vie perdues, ou encore le nombre de personnes encore vivantes ayant reçu un diagnostic de cancer au cours d’une période de 5, 10 ou 15 années, soit la prévalence (Institut national du cancer des États-unis, 2004). La statistique de prévalence du cancer est utile pour estimer le fardeau sur le système de santé attribuable surtout aux traitements requis (chirurgie, chimiothérapie, radiothérapie, traitements de soutien), au suivi afin de déceler les récurrences, et à l’altération de la santé qui peut être permanente suite à un cancer.
Jusqu’à maintenant, sans suivi actif des nouveaux cas déclarés chaque année, il était impossible de mesurer la prévalence du cancer dans la population québécoise. Cependant, suite au jumelage entre le Fichier des tumeurs et le fichier des décès réalisé récemment pour le calcul des tables de survie, il est maintenant possible de le faire.
Ce document constitue une analyse descriptive sommaire de la prévalence calculée sur une base de 5, 10 et 15 ans pour les principaux sièges de cancer selon l’âge et le sexe en 1999.
Nous vivons dans une société où l’espérance de vie ne cesse de s’allonger et le nombre de personnes âgées augmente. Comme le cancer frappe surtout après l’âge de 60 ans, il faut s’attendre à une hausse constante des cas de cancer au Québec pour les années à venir. Par ailleurs, les efforts de dépistage précoce pour des types de cancer dont le nombre est important comme le cancer du sein, de la prostate et du côlon-rectum, associés à des traitements de plus en plus efficaces, font en sorte que les personnes atteintes de cancer vivent plus longtemps. Ainsi, la demande de services sociaux et de soins de santé associés au cancer risque de s’accroître à une vitesse accélérée. Dans ce contexte, la prévalence du cancer est un indicateur crucial pour la planification de ressources nécessaires à la lutte contre cette maladie.
Il est cependant important d’interpréter les résultats de la prévalence à leur juste mesure, selon la durée de suivi. La prévalence calculée sur une base de 5 ans est particulièrement pertinente puisqu’elle regroupe des personnes dont plusieurs sont en cours de traitement primaire, souffrent d’effets secondaires importants liés aux traitements et sont à haut risque de récidive. Le fardeau sur la société, en termes de soins requis pour ces personnes, est très grand.
La prévalence pourrait être très informative pour la planification des ressources quant à la population qui nécessite les traitements initiaux, celle qui peut être considérée guérie, celle en phase de guérison de la maladie et celle en phase de guérison continue. Le seul moyen direct de lutte contre l’augmentation de l’incidence et par conséquent de la prévalence est la prévention du cancer. Cette dernière implique une intensification de la lutte contre le tabagisme, une promotion de saines habitudes de vie, et l’utilisation maximale de mesures de dépistage reconnues efficaces. Un vaccin contre l’infection au virus du papillonne humain, agent causal du cancer du col utérin et associé à plusieurs autres sièges de cancer, pourrait aussi s’ajouter d’ici quelques années à l’éventail des moyens disponibles pour prévenir le cancer.