Les diagnostics locaux de sécurité : une étude comparée, pour mieux comprendre et mieux agir

De nombreuses questions ont guidé la présente étude. Dans quelle mesure les sources utilisées et les indicateurs retenus sont-ils comparables d'un pays à l'autre? Observe-t-on des différences fondamentales dans l'approche méthodologique? Privilégie-t-on par exemple des études à dominante qualitative ou celles à dominante quantitative, ou les deux? Quels sont les choix méthodologiques et les techniques de recherche privilégiés? Qui mène ces études comparatives? Cette dernière question paraît d'autant plus importante quand on sait que l'orientation des recherches dépend parfois de l'organisme qui les réalise et de son rapport avec le système public, privé ou universitaire. Différentes traditions en matière de politique de prévention et de sécurité marquent-elles les diagnostics de leur empreinte? Cherche-t-on à établir dans ces diagnostics des «nbsp;facteurs de risquenbsp;» d'entrée dans la délinquance? De quelle façon se sert-on des partenariats existants pour les mener? Cherche-t-on à associer la société civile aux diagnostics? De quelle manière?

Dans la dernière décennie, le diagnostic de sécurité s’est révélé être un outil fondamental pour améliorer l’accès au droit, à la sécurité et à la tranquillité sociale des citoyens. Avec les limites qui sont propres aux données sur lesquelles il repose, le diagnostic de sécurité, l’audit, le profil ou l’enquête de sécurité ne doit pas être vu néanmoins comme une panacée. Loin de là. Il est plus un prétexte pour mobiliser la collectivité et renforcer le partenariat autour de la coproduction de la sécurité que le portrait fidèle des problèmes de criminalité d’un territoire donné que beaucoup voudraient qu’il soit.

Mais si cela est vrai, il n’est pas moins vrai que le grand mérite de cet état des lieux des délinquances et des opérations qui cherchent à les contrôler est de permettre d’avoir une meilleure lecture d’une réalité peu connue, en vue de mieux réagir face à celle-ci. Dans ce sens, la plus grande qualité du diagnostic de sécurité sera de rendre possible la formulation d’une stratégie d’action forcément plus adaptée aux besoins de la population et à la réalité même que celle existant avant sa réalisation.

Le diagnostic doit permettre de mieux cerner les enjeux de la sécurité et de définir des priorités. Il est un moyen, jamais une fin. Son efficacité va donc dépendre, dans une large mesure, de sa mise à jour régulière. Il ne doit pas être vu comme un produit fini, mais comme un outil en constante évolution. C’est ainsi qu’il pourra en même temps devenir également un instrument facilitant l’évaluation des actions, qu’il a lui-même permis de mettre en place.

Utilisé avec intelligence, le diagnostic peut et doit devenir un élément mobilisateur des citoyens, de moins en moins enclins à s’investir dans la vie locale. Véhicule du renforcement de la démocratie locale, le diagnostic doit être systématiquement rendu à la population. Il est vidé de tout son sens quand, à tort, il est perçu par ses artisans ou par les décideurs soit comme un document scientifique, soit comme un document « confidentiel » de par le type d’information qu’il manie et le questionnement de services ou programmes qui peuvent en découler. Il doit donc demeurer l’instrument pratique et malléable qui permettra aux acteurs de la prévention et aux décideurs d’agir au plus près de leurs partenaires et des citoyens. En montrant aussi bien les forces que les faiblesses des actions et des services, en agissant plus comme un miroir en mouvement que comme un portrait figé de la réalité qu’il prétend étudier, en redonnant la parole aux uns et aux autres, le diagnostic pourra sûrement permettre de replacer le débat et les pratiques sur la sécurité dans un cadre plus objectif et, peut-être, moins exclusif qu’ils ne le sont actuellement.

Auteur(-trice)s
ISBN (électronique)
2-550-45749-8
ISBN (imprimé)
2-550-45748-X
Notice Santécom
Date de publication