Consommation d'alcool au Québec et pratiques commerciales de la Société des alcools du Québec : mise à jour avril 2005

En mars 2003, l’Institut national de santé publique du Québec publiait le rapport « État de situation sur la consommation d’alcool au Québec et sur les pratiques commerciales de la Société des alcools du Québec – Perspectives de santé publique ». Cette publication a permis de mettre en évidence une tendance à la hausse de la consommation d’alcool depuis le milieu des années 1990 jusqu’en 2000- 2001. De plus, un examen des pratiques commerciales de la Société des alcools du Québec a montré une forte intensification des efforts de la Société pour augmenter l’accessibilité économique et physique aux boissons alcoolisées. Enfin, le rapport mentionnait que les principales stratégies efficaces pour réduire les problèmes liés à l’alcool demeurent les limites à l’accessibilité économique, physique et légale, les mesures pour réduire la conduite en état d’ébriété ainsi que les traitements précoces.

La présente mise à jour sur la consommation d’alcool au Québec révèle que l’alcool continue d’être associé à des problèmes sociaux et de santé, notamment les accidents. Ainsi, les données du Bureau du coroner du Québec montrent que depuis 1992 il y a eu présence d’alcool chez environ 35 % des victimes décédées accidentellement, pour lesquelles un résultat d’alcoolémie était disponible. Ce constat demeure similaire à celui observé dans l’état de situation publié en mars 2003.

Au cours de la période de 1990-2002, les décès liés aux accidents de la circulation et aux autres accidents non intentionnels ont affiché les plus importantes proportions relativement à la présence d’alcool, soit autour de 40 % en moyenne. De plus, environ 30 % des résultats d’alcoolémie pour les décès liés aux accidents de la circulation sont supérieurs à 80 mg/100 ml. Cette proportion a fluctué au cours des années, passant de 43,3 % en 1991 à 27,4 % en 1999 pour atteindre 33 % en 2002.

Par ailleurs, les données les plus récentes rendues disponibles par Statistique Canada révèlent que la tendance à la hausse de la consommation d’alcool au Québec s’est poursuivie en 2002-2003. La consommation moyenne d’alcool atteint maintenant 115,4 litres, ce qui représente une augmentation de 1,1 % par rapport à l’année précédente (114,2). Toutefois, le volume en litres d’alcool absolu est demeuré stable à 7,8 litres en 2002-2003 par rapport à l’année 2001-2002. Cela représente une hausse de 14,7 % depuis les plus bas niveaux de consommation observés en 1993-1994 (6,8 litres).

L’augmentation de la consommation d’alcool des dernières années s’explique essentiellement par la popularité croissante du vin. En effet, après avoir connu les plus bas volumes de vin en litres d’alcool absolu de 1991-1992 à 1995-1996, soit de 1,4 litre, ce volume a augmenté constamment pour se situer à 2,1 litres d’alcool absolu en 2002-2003. Il s’agit d’une hausse de 50 % alors que la consommation des spiritueux haussait de 11,1 % pour s’établir à 1 litre d’alcool absolu et que la consommation de bière augmentait de 2,2 %. Il n’en demeure pas moins que la bière représente encore 56,4 % de la consommation totale d’alcool absolu avec 4,7 litres en 2002-2003.

Au Québec, en 2002-2003, les ventes de bière représentaient la plus forte proportion des dépenses liées à l’achat d’alcool, soit 55,4 %. Toutefois, cette proportion s’élevait à 63 % en 1993-1994. Quant au vin, il représentait 32,4 % de la valeur des ventes de boissons alcoolisées au Québec, en 2002-2003, comparativement à 23,2 % en 1993-1994. Les ventes de spiritueux se situaient à 12,2 % en 2002-2003 et à 13,5 % en 1993-1994. Enfin, en 2002-2003, les ventes d’alcool s’élevaient à 665 $ en moyenne au Québec comparativement à 584 $ en Ontario.

L’engouement des Québécois pour le vin ne peut être totalement dissocié des pratiques commerciales de la Société des alcools du Québec depuis le « virage commercial » entrepris à la fin des années 1990. À ce sujet, l’état de situation de mars 2003 présentait l’évolution des pratiques commerciales de la Société des alcools du Québec. Les données montraient que ces pratiques avaient contribué à augmenter l’accessibilité physique et économique à l’alcool. Les rapports de la Société révèlent que l’expansion des points de vente s’est faite de 1999-2000 à 2002-2003. Ces derniers se sont maintenus en 2003-2004 avec respectivement 398 succursales et 403 agences. La tendance fut similaire pour les surfaces d’entreposage des produits, des succursales et celles des centres spécialisés. Toutefois, le nombre de produits offerts à la clientèle a continuellement augmenté de 1992-1993 à 2000-2001, passant de 3 417 à 7 386 produits. L’offre s’élevait à 7 148 produits en 2003-2004.

Les campagnes de promotion des ventes par des pratiques de rabais ont été plus nombreuses en 2001- 2002, de l’ordre d’une quarantaine. Leur nombre a fluctué ensuite pour se situer à 28 en 2003-2004. Pour sa part, la croissance de l’achalandage dans les différents points de vente n’a pas connu de telles fluctuations puisqu’elle se maintient toujours depuis 1997-1998. Ces pratiques promotionnelles demeurent susceptibles de favoriser une augmentation de la consommation dans l’ensemble de la population puisque c’est là leur intention.

La présente mise à jour ne permet toujours pas d’établir un lien direct entre les pratiques commerciales de la société d’État et l’augmentation de la consommation d’alcool. Néanmoins, l’Institut national de santé publique du Québec considère toujours pertinentes les recommandations émises en mars 2003, à savoir de questionner systématiquement toute pratique commerciale qui aurait pour effet d’augmenter l’accessibilité à l’alcool, qu’elle soit appliquée par le monopole d’État ou l’entreprise privée, et de soulever un débat public sur les balises qui devraient encadrer les pratiques commerciales de l’industrie des boissons alcoolisées.

ISBN (imprimé)
2-550-44400-0
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