Évaluation du programme expérimental sur le jeu pathologique : monitorage évaluatif : indicateurs d'implantation - Mai 2001-décembre 2003
Les données de monitorage du présent rapport tentent de cerner la participation et les caractéristiques de la clientèle, et les résultats obtenus par le traitement des joueurs pathologiques dans 23 organismes publics, communautaires et privés subventionnés par le MSSS. Elles couvrent 4 310 inscriptions sur une période allant de mai 2001 à décembre 2003. Les deux tiers des dossiers traités proviennent de la grande région de Montréal. La moyenne mensuelle des inscriptions se situe à 139 joueurs. Cette moyenne a eu tendance à baisser avec le temps. Tous facteurs pris en considération, le taux de couverture (proportion de la clientèle prévue rejointe) se situe aux alentours du 3 % qui avait été fixé comme objectif par le MSSS.
Les caractéristiques des joueurs qui s'inscrivent au traitement sont les suivantes :
- Ce sont des hommes au deux tiers.
- Près de 60 % se situent dans l'intervalle de 35 à 54 ans. En comparaison de la distribution chez les joueurs pathologiques au Québec, les jeunes de 18-24 ans sont fortement sousreprésentés dans la clientèle qui a fait appel aux services de traitement alors que les joueurs de 45 ans et plus sont légèrement sur-représentés. Le plus grand nombre de clients masculins se situe dans la catégorie d'âges 35-44 alors qu'il se retrouve dans la catégorie 45-54 pour les femmes.
- Les joueurs qui se présentent au traitement sont mariés ou conjoints de fait dans une proportion d'environ 40 %. La proportion de célibataires est plus élevée chez les hommes que chez les femmes (35 % vs 25 %). Il est exactement l'inverse pour la catégorie des séparés, divorcés et veufs. Comparativement à la population en général, les célibataires sont toutefois proportionnellement plus présents dans les services de traitement.
- Au moment de l'inscription, 71 % des joueurs déclarent occuper un emploi.
- Sur le plan des problèmes concomitants, on observe que près de 50 % des usagers déclarent avoir été traités pour un ou des troubles concomitants (santé mentale, alcoolisme, toxicomanies, autres dépendances) autres que le jeu dans les douze derniers mois est de 49 %.
- À l'inscription, près de 90 % des joueurs ont des scores aux instruments d'évaluation qui les identifient au statut de joueur pathologique probable.
- Les scores au SOGS et au DSM-IV sont significativement plus élevés pour les joueurs inscrits à un traitement en hébergement (traitement interne) comparativement à ceux qui suivent un traitement externe. Cette différence est aussi repérable pour l'intensité du jeu dans la semaine précédant l'inscription et les comportements suicidaires. Le monitorage a permis d'obtenir un certain nombre de résultats opérationnels et d'effleurer la question des effets sociosanitaires du programme :
- Le taux de complétion du programme est de 44 %. Il varie énormément entre les joueurs qui se font traiter en interne (95 %) et ceux qui se font traiter en externe (35 %). En externe, ce taux augmente avec l'âge, la scolarité et la gravité du problème.
- En moyenne, un traitement interne complété dure 30 jours et se réalise sur 70 rencontres. En comparaison, un traitement externe se déroule sur une période de 19 semaines et implique 27 rencontres. Ce nombre de rencontres, pour l'externe, correspond à ce qui avait été proposé dans la formation du CQEPTJ.
- Plus de 74 % des joueurs qui avaient un score de joueur pathologique probable à l'inscription sont en deçà de ce score au congé. Un peu plus de 16 % de ces joueurs pathologiques le sont toujours au congé. Le score moyen passe de 7,1 à 1,9. Par ailleurs, ce score connaît une légère hausse aux suivis de 3 mois (2,2) et 6 mois (2,4).
- Il y a une diminution de l'intensité moyenne du jeu pour une proportion importante des joueurs entre l'inscription et le congé (93 %), et entre le congé et les suivis de 3 et 6 mois (75 %).
Ces résultats sont toutefois limités par le fait que les suivis post-traitement, de même que l'utilisation des outils d'évaluation, ne couvrent qu'un pourcentage limité de clients (entre 10 et 15 % de ceux qui ont complété le traitement), soit parce qu'ils refusent ces suivis, soit parce que les organismes de traitement ou les intervenants n'arrivent pas ou choisissent de ne pas les faire. Ces résultats indiquent clairement trois défis qui se présentent aux acteurs du programme de traitement des joueurs pathologiques (et problématiques) pour les prochaines années : le maintien et l'amélioration de la couverture, en particulier pour les jeunes adultes; la réduction du taux d'abandon, en particulier dans les services externes; une définition et un travail plus précis sur les suivis post-traitement et les attentes relatives aux effets du programme sur la santé des joueurs.