Évaluation de mesures d’adaptation aux vagues de chaleur dans des logements à loyer modique de Gatineau

Faits saillants

  • La région sociosanitaire de l’Outaouais fait face, depuis plus d’une décennie, à des vagues de chaleur estivales récurrentes. Selon les projections climatiques actuellement disponibles, cette tendance devrait s’accentuer dans les années à venir.
  • L’Office d’habitation de l’Outaouais a procédé à une mise à niveau d’un de ses complexes de logements à loyer modique de Gatineau. Le projet consistait principalement à effectuer des travaux de rénovation visant à améliorer l’efficacité énergétique des bâtiments résidentiels, notamment en utilisant des matériaux plus performants en matière d’isolation et d’étanchéité. Soutenu par la Direction de santé publique de l’Outaouais et l’Institut national de santé publique du Québec, l’Office d’habitation de l’Outaouais a accepté de participer à une étude portant sur l’évaluation de l’efficacité générale de ces mesures en période estivale. 
  • La présente étude visait à évaluer l’impact des travaux sur la performance des bâtiments, de leurs enveloppes et de leurs systèmes mécaniques. L’étude a permis d’évaluer, en période estivale, les comportements et les perceptions des occupants, ainsi que certains paramètres de confort et de qualité de l’air des milieux intérieurs avant et après la mise en œuvre des travaux de rénovation. 
  • Bien que les travaux de rénovation effectués sur les bâtiments aient pu engendrer des économies d’énergie en période hivernale et contribuer à l’étanchéité des habitations, ceux-ci semblent toutefois avoir eu pour effet d’accroître l’inconfort thermique des occupants en période estivale, en tenant compte des limites du projet. Optimiser l’étanchéité et l’isolation des bâtiments résidentiels peut s’avérer efficace dans la perspective d’économie d’énergie en période hivernale, mais peut aussi contribuer à la surchauffe des aires habitées en période estivale lorsque des mesures additionnelles visant à évacuer les charges thermiques excédentaires ne sont pas considérées.
  • Parmi les éléments limitant la mesure de l’impact direct des travaux sur la performance énergétique des bâtiments et le confort thermique en période estivale, l’effet du comportement des occupants est important à considérer. Le mode de vie des usagers et leur utilisation des dispositifs de ventilation mécanique ou naturelle, l’usage d’un climatiseur individuel à faible coût et la gestion des éléments qui pourraient atténuer l’effet du rayonnement solaire direct (p. ex. stores, toiles et rideaux) peuvent avoir un impact considérable sur l’efficacité énergétique ou le confort thermique. Le positionnement géographique du complexe d’habitation en zone d’îlot de chaleur et la conception du bâtiment constituent d’autres éléments qui ont possiblement limité l’identification de bénéfices directs des travaux réalisés.
  • La réalisation de travaux de modélisations complémentaires aux mesures environnementales effectuées ont permis de constater le potentiel théorique de certaines mesures d’atténuation de la chaleur. Parmi les mesures évaluées, on peut noter les murs végétalisés, les pare-soleil, les toits blancs et la réduction de l’effet d’îlot de chaleur urbain dans lequel le complexe est situé.
  • Enfin, les résultats de cette étude témoignent de la nécessité d’intégrer des mesures d’adaptation à la chaleur favorisant le maintien du confort thermique des occupants de bâtiments hébergeant des populations vulnérables dès leur construction ou encore d’implanter celles-ci lors de leur mise à niveau. De plus, l’implication et la sensibilisation des occupants semble une avenue à emprunter en concomitance avec des changements à l’environnement bâti, afin notamment de s’assurer que les appareils (p. ex. ventilateur récupérateur de chaleur) et les lieux sont utilisés de la manière la plus optimale possible au cours des épisodes de chaleur extrême.

Auteur(-trice)s

  • Patrick Poulin
    Ph. D., conseiller scientifique spécialisé, Direction de la santé environnementale et de la toxicologie, Institut national de santé publique du Québec
  • Marie-Eve Levasseur
    M. Sc., conseillère scientifique, Institut national de santé publique du Québec

ISBN (électronique)

978-2-550-99193-9

Date de publication