Calendrier de vaccination contre les virus du papillome humain pour les personnes âgées de 20 ans et moins au Québec
En 2020, le Comité sur l’immunisation du Québec (CIQ) avait recommandé l’utilisation d’un calendrier allongé de vaccination contre les virus du papillome humain (VPH) avec une dose du vaccin nonavalent administrée en 4e année du primaire et une dose du vaccin bivalent administrée en 3e secondaire. Le CIQ avait précisé que cette 2e dose serait offerte seulement si elle était jugée nécessaire. La première cohorte de jeunes n’ayant reçu qu’une seule dose de vaccin en 4e année du primaire arrivera en 3e secondaire en septembre 2024. L’objectif du présent avis est de formuler des recommandations sur la pertinence de l’administration de la 2e dose prévue en 3e secondaire.
Il existe des études observationnelles et cliniques (incluant un essai clinique randomisé KEN SHE) indiquant que l’efficacité vaccinale d’une seule dose de vaccin contre les VPH est très élevée.
Même si les niveaux d’anticorps induits par une dose unique sont significativement inférieurs à ceux observés après l’administration de deux ou de trois doses, l’avidité (qualité) des anticorps ainsi que leur efficacité à prévenir les infections persistantes associées aux types vaccinaux sont comparables, durant 11 ans au moins après la vaccination.
Les études disponibles ayant évalué différents calendriers de vaccination (et plus particulièrement celui comportant une seule dose) ont surtout été réalisées chez des femmes. Par contre, des études cliniques, dont deux réalisées au Québec, indiquent que la réponse immunitaire est similaire pour l’ensemble des personnes vaccinées (filles et garçons).
Le nombre de doses n’est généralement pas le déterminant majeur de l’acceptabilité du vaccin contre les VPH. Les principales barrières demeurent la crainte des effets secondaires et l’absence d’une recommandation de la part d’un(e) professionnel(le) de la santé.
La réduction du nombre de doses de vaccin contre les VPH a le potentiel de simplifier le programme et de réduire son coût.
Une modélisation avec les spécificités du programme de vaccination contre les VPH du Québec a montré que si la protection demeure élevée à long terme avec une efficacité vaccinale de 90 % et une durée moyenne de protection d’au moins 25-30 ans, la vaccination de routine avec une dose permettrait de prévenir un nombre similaire de cancers à celui estimé pour la vaccination avec deux doses, sur une période de 100 ans.
Depuis la prise de position de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) en décembre 2022, plusieurs pays ont adopté un programme de vaccination contre les VPH ne comptant qu’une seule dose.
Depuis l’implantation du programme de vaccination contre les VPH, le Québec jouit d’une bonne couverture vaccinale comportant au moins une dose (> 80 % dans toutes les régions du Québec) et d’une importante immunité de groupe. Ces deux éléments représentent un contexte favorable à un passage à un calendrier ne comprenant qu’une seule dose du vaccin. Le Royaume-Uni et l’Australie sont deux juridictions qui ont récemment modifié leur calendrier de vaccination contre les VPH pour passer de deux à une dose de vaccin pour les adolescent(e)s et les jeunes adultes, se basant sur une rationnelle semblable à celle présentée dans le présent document.
Dans ce contexte, le CIQ recommande :
- L’utilisation d’un calendrier à une dose du vaccin nonavalent contre les VPH pour les personnes immunocompétentes âgées de 9 à 20 ans.
- Le maintien des calendriers à deux doses espacées d’au moins six mois pour les personnes âgées de 21 ans et plus et de trois doses pour celles immunodéprimées ou vivant avec le VIH, peu importe l’âge.
- D’évaluer la possibilité d’étendre la gratuité de la vaccination jusqu’à l’âge de 20 ans.
Le CIQ réitère que pour obtenir les gains maximaux, la vaccination contre les VPH devrait être administrée avant le début de l’activité sexuelle, soit durant la préadolescence ou la jeune adolescence. Il insiste sur l’importance de renforcer les interventions visant à améliorer les couvertures vaccinales et à réduire les inégalités en matière de santé.
Le CIQ continuera de suivre les différentes données sur l’efficacité d’un calendrier à une seule dose et réévaluera ses recommandations, au besoin.