Conditions de faisabilité et utilité de la surveillance de la COVID-19 à l’aide du monitorage du SRAS-CoV-2 dans les eaux usées – Mise à jour 2023

La présente revue rapide est une mise à jour de la revue de la littérature portant sur les conditions de faisabilité et l’utilité de la surveillance de la COVID-19 à l’aide du monitorage du SRAS-CoV-2 dans les eaux usées allant de novembre 2019 à février 2021. Elle est fondée sur une recherche documentaire systématique excluant les articles en prépublication, et repose sur l’information disponible de février 2021 à mars 2022. Réalisée dans un relatif court laps de temps et s’appuyant sur des repères internationaux pour l’élaboration des revues rapides, la présente revue comporte des constats qui pourraient devoir être révisés selon l’évolution des connaissances scientifiques liées à ce domaine. À cet effet, l’Institut national de santé publique du Québec a conduit une veille scientifique afin de répertorier les connaissances émergentes sur le sujet. La revue ne traite pas spécifiquement de l’émergence et de la circulation des différents variants du virus de la COVID-19 dans les eaux usées au cours de février 2021 à mars 2022 ni d’autres applications de la surveillance des eaux usées telles que le suivi de la consommation de drogues illicites, de la résistance microbienne et des autres infections virales (entériques et respiratoires) ou bactériennes. L’examen des questions éthiques que peut poser la surveillance de la COVID-19 dans les eaux usées est également exclu. Enfin, le terme surveillance est ici utilisé de façon générique et inclut la notion de vigie sanitaire décrite dans la Loi sur la santé publique.

Faits saillants

  • La surveillance du SRAS-CoV-2 dans les eaux usées fournit des données indépendantes des données cliniques, probablement économiquement rentables et complémentaires aux indicateurs de surveillance sanitaire de la COVID-19. Ces données peuvent servir au processus décisionnel de santé publique.
  • Les données issues de cette surveillance sont utilisées pour préciser l’évolution des niveaux de SRAS-CoV-2 dans les eaux usées et ainsi agir en tant qu’indicateur de suivi des tendances temporelles de la COVID-19 dans la population à différentes échelles géographiques, en particulier dans un contexte où l’accès au dépistage du virus SRAS-CoV-2, réalisé par un test d’amplification d’acides nucléiques comme la PCR (terme anglais désignant la réaction en chaîne par polymérase), est réduit.
  • La surveillance du SRAS-CoV-2 dans les eaux usées pourrait potentiellement servir de « système d’alerte précoce » des tendances de la transmission du SRAS-CoV-2. Toutefois, cette surveillance exige le respect de courts délais tout au long de la chaîne d’analyse, de l’échantillonnage en passant par le transport au laboratoire et le traitement des données. Cette chaîne représente encore un défi à ce jour.
  • Une attention particulière doit être accordée aux processus internes d’assurance qualité et de contrôle en laboratoire de la qualité des analyses de la charge virale dans les eaux usées pour assurer la validité des données.
  • Comme les eaux usées constituent un échantillon de type environnemental, les données de SRAS-CoV-2 dans les eaux usées devraient être interprétées en tenant compte des facteurs environnementaux (ex. : informations sur le réseau d’égouts) qui peuvent influencer le signal observé.
  • À l’heure actuelle, il n’est pas possible de se servir des concentrations du virus du SRAS-CoV-2 dans les eaux usées pour estimer avec certitude le nombre ou le pourcentage de personnes infectées au sein d’une communauté.
  • L’évaluation de l’utilité des données sur les eaux usées pour guider les décisions relatives aux interventions de santé publique à prioriser en fonction de la situation épidémiologique est encore préliminaire.
  • Les différents programmes de vigie de la COVID-19 dans les eaux usées mis en œuvre ont permis d’améliorer les collaborations entre les chercheurs en génie des eaux usées et la santé publique. Ces collaborations pourront être mises à profit en vue de surveiller d’autres problématiques de santé publique par l’entremise de l’analyse des eaux usées.
Note(s)

Première diffusion : 12 janvier 2022

Auteur(-trice)s
Caroline Huot
M.D., M. Sc., FRCPC, médecin spécialiste, Direction de la santé environnementale et de la toxicologie
Patrick Levallois
M. D., M. Sc. FRCPC, médecin spécialiste. Institut national de santé publique du Québec
Sujet(s)
COVID-19
Type de publication
Notice Santécom
Date de publication