Présence d'hexazinone dans l'eau de consommation au Saguenay-Lac-Saint-Jean : toxicité de l'herbicide et appréciation des risques pour la santé humaine
L'hexazinone fait partie des outils dont disposent les producteurs de bleuets pour accroître la production des bleuetières. Cet herbicide de contact, non sélectif et à large spectre, agit par inhibition de la photosynthèse et il occupe une place de choix dans ce type de culture depuis le milieu des années 1980. Même s'il est très efficace et qu'il permette de bons rendements, ce produit possède malheureusement plusieurs caractéristiques qui favorisent la contamination de l'eau souterraine. Un tel problème a été soulevé en 2001 dans la région du Saguenay-Lac-Saint-Jean par la Direction régionale de la santé publique.
Bien qu'elles soient relativement faibles, les concentrations mesurées dans l'eau de consommation soulèvent certaines inquiétudes d'ordre sanitaire. D'une part, même si les applications d'hexazinone sont peu fréquentes, il est probable que le problème de contamination perdurera en raison de la persistance de l'hexazinone au niveau de la nappe phréatique. D'autre part, comme on vise à augmenter considérablement la surface des bleuetières dans cette région, l'incidence qu'un tel projet pourrait avoir sur la contamination des diverses sources d'approvisionnement en eau de consommation soulève de nombreuses questions relatives à la santé publique.
Dans ce contexte, il devenait pertinent de faire la mise à jour des informations toxicologiques disponibles pour l'hexazinone ainsi que l'examen des différentes normes ou recommandations proposées par diverses instances internationales afin d'assurer une eau de consommation sécuritaire et de qualité pour la population. Cet exercice a permis d'apprécier les risques à la santé qui pourraient découler des niveaux actuels de contamination mesurés au Saguenay-Lac-Saint-Jean et de présenter des mesures d'atténuation basées sur l'expérience d'autres régions productrices de bleuets.
L'examen de l'ensemble des données toxicologiques disponibles sur l'hexazinone, lesquelles sont considérées complètes par l'Agence de protection environnementale des États-Unis, ne met en évidence aucun risque particulièrement inquiétant. En effet, les études expérimentales démontrent que l'hexazinone possède une faible toxicité aiguë par les différentes voies d'exposition alors que les effets chroniques sont globalement observés à fortes doses. Par ailleurs, les valeurs guides pour l'eau de consommation, lesquelles sont basées sur les données toxicologiques existantes, apparaissent également adéquates. Sur la base des données disponibles, Il semble peu probable que les niveaux d'hexazinone mesurés au Saguenay-Lac-St-Jean puissent présenter un risque aigu ou chronique pour la santé de la population.
En raison des incertitudes concernant les conséquences environnementales d'une augmentation des aires de culture du bleuet, un accent particulier devrait être mis sur la surveillance de la contamination de l'eau.
Enfin, dans le but d'éviter toute augmentation des taux d'hexazinone dans l'eau potable, advenant une expansion de la surface des bleuetières, une politique de gestion optimale et de rationalisation de l'usage de cet herbicide pourrait être implantée. L'expérience du Maine démontre en effet qu'une telle politique permet de diminuer considérablement les risques de contamination des sources d'eau de surface et souterraine.