Les interventions de renoncement au tabac chez les fumeurs présentant des troubles mentaux ou des troubles liés à l’utilisation de substances

Le Québec a connu un important recul du tabagisme au cours des 25 dernières années, mais près de 1,3 million de Québécois âgés de 18 ans et plus affirmaient faire usage de la cigarette en 2015-16, ce qui représente 19 % de la population adulte du Québec. On observe de grandes disparités au sein de groupes particuliers. C’est le cas des personnes affectées par un trouble mental ou un trouble lié à l’utilisation de substances. Ainsi, chez les Québécois affectés par un trouble mental, la prévalence du tabagisme atteint presque le double de celle de la population générale.

Ces inégalités en matière de tabagisme se traduisent en des inégalités pour ce qui est de de la morbidité et de la mortalité prématurée. Ainsi, aux États-Unis, plus de 200 000 des 520 000 décès attribuables au tabagisme surviendraient chez des fumeurs atteints de troubles mentaux. Ceux-ci décéderaient en moyenne 25 ans plus tôt de maladies cardiovasculaires, de maladies pulmonaires et de diabète, des maladies associées à l’usage du tabac. Cette synthèse des connaissances a donc été entreprise pour identifier les mesures et les interventions de renoncement au tabac efficaces ou prometteuses susceptibles de réduire l’usage du tabac chez cette clientèle.

Voici les principaux constats tirés de l’examen de la littérature scientifique :

  • Chez les fumeurs souffrant ou ayant souffert de dépression, le soutien cognitivo-comportemental comportant des composantes spécifiques à la dépression augmente le taux de renoncement au tabac; le bupropion serait efficace chez les fumeurs avec des antécédents de dépression.
  • Chez les fumeurs aux prises avec un trouble mental grave (schizophrénie, troubles psychotiques, trouble bipolaire ou syndrome de stress posttraumatique), les trois classes de médicaments d’aide à l’arrêt tabagique sont efficaces à trois mois : thérapie de remplacement de la nicotine (TRN), bupropion et varénicline. La varénicline serait efficace à long terme.
  • Quant aux personnes avec un trouble lié à l’utilisation de substances, autant de l’alcool que des autres drogues, la TRN est une médication qui augmente le taux de renoncement au tabac alors que le bupropion et la varénicline ne seraient pas efficaces. Le counseling associé à une TRN est également une intervention qui aiderait cette clientèle à cesser de fumer, mais le counseling seul ne serait pas efficace.

À la lumière de ces observations et suite à l’examen des recommandations des lignes directrices nationales disponibles, voici quelques pistes d’action qui pourraient être envisagées au Québec :

  • Adapter l’offre actuelle de services de renoncement au tabac : augmenter le nombre de sessions de counseling, ajouter aux interventions des composantes spécifiques à la dépression chez la clientèle souffrant de dépression, proposer une pharmacothérapie qui tient compte du diagnostic établi, surveiller étroitement les symptômes psychiatriques et la médication lors d’une tentative de renoncement au tabac.
  • S’inspirer des expériences québécoises fructueuses et tirer profit de l’opportunité de la mise en place de politiques d’environnements sans fumée dans les établissements de santé et de services sociaux pour offrir des services de soutien au renoncement au tabac à toutes les personnes atteintes de troubles mentaux ou de troubles liés à l’utilisation de substances qui font usage du tabac.

Type de publication
ISBN (électronique)
978-2-550-87323-5
Notice Santécom
Date de publication