Stratégie optimale de vaccination contre la coqueluche au Québec
Au Québec, comme dans d’autres pays, le programme de vaccination contre la coqueluche comprend plusieurs doses de vaccin acellulaire (sept) administrées de l’enfance à l’âge adulte. Malgré le nombre élevé de doses de vaccin recommandées, une recrudescence de la circulation de la coqueluche a été notée dans un certain nombre de pays au cours des dernières années. Plusieurs études récentes ont démontré que la durée de protection conférée par le vaccin acellulaire contre la coqueluche est plus courte que ce qui était espéré, ce qui a pu contribuer à cette recrudescence. Ces nouvelles données scientifiques disponibles et les enjeux qu’elles soulèvent invitent à procéder, dans un contexte québécois, à une réflexion globale sur les objectifs du programme de lutte contre la coqueluche de même que sur la stratégie optimale de vaccination contre cette infection.
- Au Québec, on n’observe pas de résurgence de la coqueluche depuis le début des années 2000 (stabilité du nombre de cas hospitalisés). Les conséquences de la coqueluche sont plus importantes chez les nourrissons. Entre 2014 et 2016, les deux tiers des hospitalisations (moyenne annuelle de 39) et la presque totalité des admissions aux soins intensifs (moyenne annuelle de 7) survenues au Québec étaient chez des enfants de moins de six mois.
- Les membres du Comité sur l’immunisation du Québec (CIQ) ont convenu que l’objectif principal du programme québécois de vaccination contre la coqueluche devait être la réduction des infections graves chez les enfants de moins de 12 mois.
- Dans une optique d’optimisation du calendrier de vaccination québécois, le CIQ considère qu’une primovaccination de type 2 + 1 (doses données à 2, 4 et 12 mois de vie) avec le vaccin DCaT-VPI-Hib+/-HB pourrait être utilisée chez les enfants au Québec. Avant de procéder à une telle modification, il sera toutefois important de déterminer la faisabilité de déplacer la dose de rappel de DCaT-VPI-Hib+/-HB de l’âge de 18 mois vers l’âge de 12 mois.
- La dose de rappel donnée à l’entrée scolaire a possiblement un impact sur la protection des enfants de moins de 12 mois (par réduction de la transmission), ce qui contribuerait à l’objectif sanitaire fixé. Les rappels de vaccins donnés à l’adolescence et à l’âge adulte ne semblent pas réduire, de façon indirecte, l’incidence de la coqueluche chez les jeunes enfants. Leur impact sur le fardeau de la coqueluche reste très limité. Le devancement de la dose de rappel donnée à l’âge de 14-16 ans vers l’âge de 11 ans est peu susceptible de répondre davantage à l’objectif sanitaire fixé. Le CIQ recommande donc de retirer du Programme québécois d’immunisation les doses de rappel contre la coqueluche chez les adolescents et les adultes. Le CIQ considère qu’autant les vaccins dT et dcaT pourraient être utilisés lors de la mise à jour de la vaccination chez les adolescents (14-16 ans).
- Le CIQ considère que la vaccination systématique contre la coqueluche chez les femmes enceintes devrait être envisagée. Son implantation, combinée à la réduction du nombre de rappels et à la simplification de la primovaccination (calendrier 2 + 1), permettrait de prévenir une proportion élevée des cas sévères de coqueluche au Québec tout en réduisant les coûts associés à ce programme de vaccination. Prise isolément, la vaccination de la femme enceinte ne répond pas aux critères de coût-utilité généralement établis, mais cette stratégie pourrait devenir coût-efficace si une résurgence de la coqueluche était observée au Québec. Il reste cependant impossible de savoir si une telle résurgence sera observée et, si oui, à quel moment elle pourrait survenir.
- Finalement, la réintroduction d’une dose de vaccin entier contre la coqueluche lors de la primovaccination pourrait contribuer, au long cours, à la réduction des infections graves dues à la coqueluche chez l’enfant de moins de 12 mois. Aucun vaccin entier n’est toutefois disponible au Canada à l’heure actuelle. Le CIQ recommande que des initiatives soient menées pour favoriser la disponibilité d’un vaccin entier au Canada. Le développement d’un nouveau vaccin plus efficace et offrant une protection plus durable doit aussi demeurer une priorité.