Avis sur la pertinence de la réintroduction du vaccin bacille Calmette-Guérin (BCG) au Nunavik dans le contexte d’une recrudescence de la tuberculose

Pour répondre à une situation considérée comme urgente, le BCG a été réintroduit dans un des villages du Nunavik en 2012 à la suite d’une éclosion importante ainsi que dans un second village en août 2015. Le Directeur de la santé publique du Nunavik a demandé au Comité sur l’immunisation du Québec la production d’un avis sur la pertinence de réintroduire le BCG dans l’ensemble des villages du Nunavik. En voici les faits saillants.

  • Le BCG est utilisé principalement pour prévenir les formes sévères de la tuberculose chez les jeunes enfants, soit la méningite tuberculeuse et la tuberculose miliaire (disséminée), qui sont les plus à risque de développer ces formes de la maladie.
  • L’efficacité du BCG pour protéger contre la TB est évaluée à 50 % avec un intervalle de confiance assez large. Le BCG semble plus efficace s’il est donné à des nourrissons ou des enfants d’âge scolaire avec un TCT négatif. La protection offerte contre la méningite tuberculeuse et la TB miliaire est de l’ordre de 64 à 85 %. Bien que l’opinion générale soit que le BCG ne prévienne pas l’infection tuberculeuse, une récente méta-analyse estime que le BCG offre une protection de 19 % contre l’infection tuberculeuse.
  • Les effets indésirables à la suite du BCG peuvent être locaux, tels l’ulcération cutanée, l’adénite suppurante ou l’abcès localisé persistant, ou généralisés, dont l’ostéite et l’infection disséminée par le BCG ou BCGite. La BCGite est la forme la plus grave et survient habituellement chez des nourrissons immunodéprimés et s’avère généralement mortelle.
  • Les recommandations canadiennes en vigueur sont difficiles à appliquer pour des petites communautés. Elles se basent sur un seuil d’incidence de la tuberculose pulmonaire à culture positive de 30 par 100 000 personnes-années, difficilement applicable à une population de quelques centaines de personnes.

Recommandations du Comité sur l’immunisation du Québec :

  1. Opter pour une approche par village;
  2. Évaluer le risque en fonction de l’épidémiologie récente (5 ans) et à plus long terme (10 ans);
  3. Dans une première étape d’identification des villages pouvant faire l’objet d’une réintroduction du BCG, considérer l’ensemble des cas déclarés (confirmés ou probables);
  4. Identifier les villages où :
    1. au cours des 5 dernières années, il y a eu en moyenne au moins un cas par année de tuberculose active (confirmée ou probable); ou
    2. au cours des 10 dernières années, la borne inférieure de l’intervalle de confiance à 95 % de l’incidence annuelle moyenne de tuberculose active (confirmée ou probable) est supérieure à 30/100 000 personnes-années. 
Type de publication
ISBN (électronique)
978-2-550-76877-7
Notice Santécom
Date de publication