Avis sur la pertinence d’un programme de vaccination universelle avec le vaccin méningococcique protéinique à quatre composantes au Québec
Une campagne de vaccination de masse ciblant les personnes âgées entre 2 mois et 20 ans a été menée en 2014 dans la région sociosanitaire du Saguenay–Lac-Saint-Jean en vue de contrôler une situation d’incidence élevée d’infections invasives à méningocoque causée par un clone virulent de sérogroupe B. Un vaccin méningococcique protéinique comportant quatre composantes a été utilisé (4CMenB).
Cette campagne a été suivie d’une forte diminution de l’incidence des infections invasives dans la région. En date du 8 mars 2016, aucun échec vaccinal n’a été rapporté. Dans les autres régions du Québec, l’incidence des infections invasives de sérogroupe B est en régression, à l’exception de la région de Chaudière-Appalaches où des foyers d’activité sont encore présents.
À la demande du ministère de la Santé et des Services sociaux du Québec, le Comité sur l’immunisation du Québec a préparé un avis portant sur la pertinence d’un programme de vaccination de tous les enfants et/ou des adolescents avec le 4CMenB au Québec. En voici les principaux faits saillants.
- Les données sont rassurantes sur la sécurité et l’efficacité à court terme du 4CMenB. Il reste des incertitudes sur la persistance de la protection et la capacité à générer une immunité de groupe.
- Le 4CMenB reste un vaccin réactogène qui entraîne des réactions fébriles et des douleurs au site d’injection plus fréquentes et intenses qu’avec les autres vaccins administrés de routine au Québec. Chez les jeunes enfants, les réactions fébriles peuvent être atténuées par l’administration prophylactique d’acétaminophène.
- Trois ou quatre doses de 4CMenB sont nécessaires pour immuniser les jeunes enfants à partir de l’âge de 2 mois; le risque de maladie étant maximal entre 6 et 11 mois. Chez les adolescents, 2 doses de 4CMenB sont nécessaires.
- L’introduction du 4CMenB dans le calendrier régulier d’immunisation des jeunes enfants et/ou des adolescents occasionnera des coûts importants, alors que le nombre total de cas prévenus restera modeste.
Devant ces constats, les membres du Comité sur l’immunisation du Québec considèrent que dans la situation épidémiologique actuelle, il n’est pas pertinent de mettre en place un programme de vaccination universelle avec le 4CMenB au Québec.
Par ailleurs :
- Le 4CMenB reste indiqué pour immuniser les personnes de 2 mois ou plus qui présentent un risque accru d’infections invasives à méningocoque.
- Les autorités de santé publique pourront décider d’utiliser le 4CMenB pour contrôler une éclosion, une épidémie ou une situation d’hyperendémicité causée par une souche de méningocoque potentiellement couverte par au moins une des composantes du vaccin.
- Toutes les personnes âgées de 2 mois et plus qui souhaitent réduire leur risque d’infections invasives à méningocoque causées par une souche du sérogroupe B et qui ne présentent pas de contre-indication au 4CMenB pourront aussi être vaccinées.
Le Comité recommande de suivre attentivement l’évolution de l’épidémiologie des infections invasives à méningocoque au Québec pour adapter ses recommandations au besoin.