Étude sur les mesures appliquées dans les installations de soins de courte durée du Québec au regard de la prévention et du contrôle de la diarrhée associée au Clostridium difficile

Cette étude réalisée auprès des équipes de prévention est la première depuis la crise épidémique de 2003-2004 et la publication des lignes directrices québécoises sur la prévention des diarrhées associées au Clostridium difficile (DACD). Six ans après cette crise, on note un rehaussement important des ressources professionnelles en prévention des infections comme recommandé par le ministère de la Santé et des Services sociaux. Les principaux faits saillants dégagés par l'étude sont les suivants :

  • La pénurie d'infirmières en prévention des infections semble avoir été largement comblée puisque les normes recommandées sont atteintes dans plus de 80 % des installations. Cependant, un remplacement fréquent de ces postes est observé puisque 62 % des installations ont eu plus de deux infirmières par poste au cours des cinq dernières années et même 20 % d'entre elles ont eu plus de quatre infirmières par poste.
  • Le nombre de lits dans les centres hospitaliers de soins généraux et spécialisés est essentiellement semblable au parc immobilier documenté dans les années 2000.
  • La présence des surspécialités offertes par les installations sur le taux d'incidence des DACD démontre que la pédiatrie semble associée à des taux d'incidence plus faibles, alors que les services d'hémato-oncologie, de greffes d'organes, de dialyse, de soins de trauma tertiaire et de neurochirurgie sont associés à des taux d'incidence plus élevés. Par ailleurs, plus le nombre de spécialités est élevé, plus les taux d'incidence des DACD sont élevés.
  • Une faible proportion de patients admis en chambres individuelles est significativement associée à un taux d'incidence des DACD élevé.
  • Le nombre de postes de lavage des mains semble encore largement déficient malgré une certaine augmentation dans les deux tiers des hôpitaux.
  • La gestion des selles suscite actuellement un certain nombre de questions et plusieurs méthodes ont été développées et mises en marché au cours des dernières années.
  • La durée de l'application des précautions additionnelles est également un sujet de controverse, même si la majorité des centres hospitaliers suit les lignes directrices provinciales.
  • La majorité des installations (61 %) utilisent une méthode immuno-enzymatique pour détecter les toxines A et B, 25 % utilisent une méthode qui inclut la recherche de l'enzyme GDH, 41 % font la recherche de cytotoxines sur culture cellulaire et 12 % utilisent une technique de PCR. Les installations qui utilisent une de ces deux dernières méthodes ont des taux d'incidence plus élevés, en particulier celles qui utilisent une technique PCR.
  • La proportion de cas ne répondant pas à la définition de cas provinciale est généralement inférieure à 10 %. La grande majorité des équipes de prévention isole ces patients quand même.
  • Les ressources humaines disponibles en hygiène et salubrité sont jugées insuffisantes dans plus de 40 % des installations. L'information et la communication avec le personnel d'hygiène et salubrité semblent efficaces. Des procédures écrites existent dans presque tous les établissements et des listes signées sont requises dans seulement près de 30 % des installations.
  • Une minorité d'installations (40 %) utilise un produit chloré, théoriquement efficace contre les spores de Clostridium difficile pour l'entretien quotidien des chambres de tous les patients. Une certaine proportion utilise une procédure en trois étapes au quotidien avec les produits chlorés et presque tous font la procédure en trois étapes au congé ou à la fin des précautions comme recommandé dans les lignes directrices d'hygiène et salubrité de 2008.
  • Une vaste majorité d'installations a un programme de contrôle de qualité en hygiène et salubrité, mais ce programme consiste surtout en une inspection visuelle. Très peu de centres utilisent des marqueurs fluorescents ou des méthodes quantitatives à base d'ATP (13 % chacun) reconnues beaucoup plus sensibles.
  • Environ 80 % des installations qui ont connu une éclosion au cours de l'année de surveillance 2009-2010 avaient une prédominance de la souche A (ou NAP1).
  • Seulement 29 % des centres hospitaliers ont mis en place des politiques de restriction de certains antibiotiques pour contrôler le nombre de cas de DACD.
  • Des pharmaciens sont attitrés à la surveillance de l'utilisation des antibiotiques dans 31 centres, mais seulement 13 centres hospitaliers ont au moins un pharmacien équivalent temps plein ce qui explique que peu de surveillance est effectivement réalisée.
  • Au total, 31 % des installations affirment utiliser des probiotiques soit en prévention primaire, concomitamment au traitement ou à la prévention secondaire.

L'analyse multivariée nous permet d'identifier les variables les plus fortement associées aux taux d'incidence de DACD observés. Certaines de ces variables (telles que la proportion de souche NAP1) sont bien connues de la littérature et comportent un fort rationnel théorique.

ISBN (électronique)

978-2-550-73359-1

Notice Santécom

Date de publication