Enquête québécoise sur la vaccination contre la grippe saisonnière, le pneumocoque et la rougeole : 2012

Depuis 2001, cinq enquêtes sur les couvertures vaccinales contre la grippe saisonnière et le pneumocoque ont été réalisées au Québec chez les personnes âgées de 50 ans ou plus. Dans le contexte de la pandémie de grippe A(H1N1), l'enquête réalisée en 2010 visait toutes les personnes âgées de 18 ans ou plus et des données ont été spécifiquement recueillies chez les malades chroniques ainsi que les travailleurs de la santé. Les efforts déployés en 2010 pour rejoindre et décrire les couvertures vaccinales de ces personnes ont été maintenus pour l'édition 2012 de l'enquête présentée dans ce rapport. L'enquête a ainsi été réalisée auprès d'un échantillon représentatif de Québécois âgés de 18 ans ou plus.

Outre la vaccination contre la grippe saisonnière et le pneumocoque, les adultes québécois sont aussi visés par la vaccination contre le tétanos. Au Québec, le calendrier de vaccination contre le tétanos comprend actuellement l'administration de la primovaccination ainsi qu'une dose de rappel à tous les 10 ans. Considérant que l'administration des doses de rappel n'est pas réalisée de façon systématique, il est recommandé de mettre à jour le statut vaccinal des adultes à l'âge de 50 ans. Dans le but d'évaluer l'application de cette recommandation, les adultes âgés de 50 ans ou plus, déjà ciblés par l'enquête, ont été questionnés à ce sujet.

Aussi, en lien avec l'épidémie de rougeole qui a frappé le Québec en 2011 et qui a entraîné une campagne de vaccination de rattrapage en milieu scolaire, l'enquête comprenait un volet décrivant l'opinion des parents et des travailleurs de la santé sur la rougeole et sa prévention par la vaccination. Enfin, des questions ont été ajoutées au questionnaire, afin de mesurer les perceptions des participants sur la vaccination en général, considérant la recrudescence des attitudes négatives envers la vaccination observée dans plusieurs études.

Comme par le passé, les données ont été recueillies par une enquête par questionnaire téléphonique. Les participants étaient rejoints et sélectionnés à partir d'une liste de numéros de téléphone générés aléatoirement. Des quotas étaient fixés pour les différents groupes à l'étude et l'échantillon était stratifié en fonction des 16 régions du Québec où s'est déroulée la collecte. Plus de 6 000 entrevues ont été réalisées et le taux de réponse global pour l'enquête est de 48 %. Les entrevues duraient en moyenne 10,5 minutes. Un poids d'expansion à la population a été attribué à chaque participant, afin de pouvoir inférer les données à la population visée.

Les résultats de cette enquête illustrent que les couvertures vaccinales contre la grippe saisonnière pour la saison 2011-2012 sont revenues à un niveau similaire à celles obtenues avant la pandémie de grippe A(H1N1). Toutefois, l'objectif du Programme national de santé publique de vacciner 80 % des personnes âgées de 60 ans ou plus n'est toujours pas atteint puisque 57 % de cette population ont été vaccinés pour la saison 2011-2012. La couverture vaccinale contre la grippe saisonnière chez les travailleurs de la santé âgés entre 18 et 59 ans était de 44 % pour la saison 2011-2012, alors qu'elle était de 30 % pour les personnes atteintes de maladies chroniques âgées entre 18 et 59 ans. Dans tous les groupes de participants, les principales raisons pour ne pas avoir été vaccinés étaient une faible perception de sa vulnérabilité ou de la sévérité de la grippe. Enfin, la campagne publicitaire pour la promotion de la vaccination contre la grippe saisonnière semble avoir eu peu d'influence sur la décision de vaccination. La moitié des personnes âgées de 50 ans ou plus se souvenait d'avoir entendu ou vu le slogan de la campagne « la grippe se transmet facilement, faites-vous vacciner » et pour 79 % d'entre eux, ce message n'a eu aucune influence sur leur décision de vaccination. Les couvertures vaccinales n'étaient pas différentes selon que les participants se souvenaient du slogan ou non.

Par ailleurs, chez les personnes ayant atteint l'âge de 65 ans en 2011 précisément, 31 % ont été vaccinées contre le pneumocoque alors que, parmi l'ensemble des personnes âgées de 65 ans ou plus, la couverture vaccinale contre le pneumocoque était de 54 %. Vingt-deux pour cent (22 %) des malades chroniques âgés entre 18 et 64 ans ont rapporté avoir reçu le vaccin contre le pneumocoque. La principale raison de non-vaccination était le manque d'information.

Cette étude nous a permis de confirmer que la mise à jour de la vaccination contre le tétanos chez les adultes âgés de 50 ans ou plus n'est pas réalisée de façon systématique et que la majorité des adultes questionnés étaient inadéquatement vaccinés, puisque seulement le tiers des personnes âgées de 50 ans ou plus avaient reçu ce vaccin au cours des 10 années précédents l'enquête ou à 50 ans.

Enfin, les réponses aux questions sur la rougeole ont entre autres démontré que les parents avaient confiance envers les autorités de santé pour la mise en place de mesures appropriées dans un contexte d'éclosion. Il a également été observé que les parents d'enfants d'âge scolaire avaient une confiance élevée envers la vaccination en général, mais que certaines croyances suggèrent des doutes sur la vaccination. En effet, plus de 90 % jugeaient les vaccins comme sécuritaires et utiles. Toutefois, plus de 40 % des parents affirmaient que les enfants reçoivent trop de vaccins actuellement et 46 %, qu'une bonne hygiène de vie peut éliminer la vaccination. Heureusement, les médecins et les infirmières interrogés avaient généralement des attitudes positives envers la vaccination, bien que 30 % d'entre eux jugeaient également que les enfants reçoivent trop de vaccins.

Plusieurs recommandations ont été formulées dans ce rapport pour le programme de vaccination actuel, dont l'amélioration des campagnes de promotion de la vaccination contre la grippe saisonnière, afin d'influencer davantage les décisions de vaccination. Comme pour les enquêtes précédentes, le manque d'information était la principale raison de non-vaccination contre le pneumocoque chez les personnes ciblées par le programme de vaccination gratuite. Considérant que les travailleurs de la santé ont une influence positive sur les couvertures vaccinales contre le pneumocoque, tout comme pour celles contre le tétanos, il semble primordial de les sensibiliser quant à l'importance de recommander la vaccination à leurs patients. Enfin, cette enquête sur la couverture vaccinale contre la grippe saisonnière et le pneumocoque devrait être répétée tous les deux ans. La méthodologie d'enquête demeure le meilleur moyen d'évaluer l'impact des programmes de vaccination en ce qui a trait aux couvertures vaccinales tant que le registre n'est pas pleinement fonctionnel. De plus, ce type d'enquête est la seule façon d'obtenir de l'information sur les connaissances et attitudes des personnes ciblées par les programmes de vaccination. Il s'agit d'une occasion unique de mesurer la pénétration des messages de promotion et d'autres enjeux importants en lien avec le programme de vaccination. La flexibilité de cette méthodologie permet par ailleurs d'introduire des questions spécifiques en lien avec le contexte, tout en restant cohérent d'une enquête à l'autre pour suivre l'évolution au fil des années.

Type de publication

ISBN (électronique)

978-2-550-68019-2

ISBN (imprimé)

978-2-550-68018-5

Notice Santécom

Date de publication