Enquête provinciale sur la disponibilité en pharmacie communautaire de produits pour décontamination gastro-intestinale

De 1989 à 2010, le Centre antipoison du Québec (CAPQ) a été consulté pour 1 028 075 cas d’intoxications potentielles, dont 73 % résultaient d’une exposition par voie orale. Le spécialiste en information toxicologique du CAPQ doit alors évaluer pour chaque patient les avantages et les désavantages de recommander une décontamination gastro-intestinale. Trois produits peuvent être considérés dans ce contexte : le charbon de bois activé (CBA) en suspension orale, le sirop d’ipéca, et les solutions de polyéthylène glycol (PEG) avec électrolytes.

L’objectif de cette étude descriptive est d’évaluer la disponibilité immédiate de produits pour décontamination gastro-intestinale dans les pharmacies communautaires du Québec, et ce, afin d’aider les professionnels du CAPQ à bien orienter le patient nécessitant une décontamination gastro-intestinale d’urgence, ou désirant se procurer un décontaminant à titre préventif.

À la suite des résultats obtenus lors de cette enquête, l’équipe de toxicologie clinique de l’Institut national de santé publique du Québec et les représentants du Centre antipoison du Québec désirent émettre certaines recommandations.

Considérant la non-disponibilité immédiate du CBA dans la presque totalité des pharmacies communautaires du Québec ayant répondu à la présente enquête, et qu’une décontamination gastro-intestinale précoce à l’aide de CBA peut prévenir l’absorption d’une substance potentiellement toxique ou létale :

  • Que l’Ordre des pharmaciens du Québec sensibilise ses membres au besoin de stocker au moins une dose de CBA en suspension orale aqueuse dans la majorité des pharmacies communautaires, en particulier celles situées à plus de 30 minutes d’un service d’urgence.

Considérant que le sirop d’ipéca n’est plus recommandé comme méthode de décontamination gastro-intestinale par la plupart des associations d’experts en toxicologie; qu’il n’est plus recommandé pour le traitement des empoisonnements selon la monographie canadienne officielle; qu’il n’a aucune autre indication médicale basée sur des données probantes; qu’il est maintenant reconnu comme produit de santé naturel par Santé Canada; qu’il est classé en annexe II selon le Règlement sur les conditions et modalités de vente des médicaments au Québec depuis 1998; qu’il a déjà été retiré du marché dans certains pays; que la vente du sirop d’ipéca prône son utilisation détournée par des personnes souffrant de troubles psychiatriques ou de troubles de l’alimentation et du risque de cardiotoxicité associé à cette pratique; que son utilisation détournée doit être considérée comme une problématique de santé publique :

  • Que les formulations de sirop d’ipéca ne soient plus vendues par les pharmaciens;
  • Que Santé Canada évalue la possibilité de retirer du marché canadien les formulations de sirop d’ipéca (tant à titre de médicament que de produit de santé naturel).

Auteur(-trice)s

  • Pierre-André Dubé
    B. Pharm., Pharm. D., M. Sc., C. Clin. Tox., Pharmacien-toxicologue, Institut national de santé publique du Québec

Sujet(s)

ISBN (électronique)

978-2-550-66605-9

Notice Santécom

Date de publication