Regards sur un partenariat fructueux : cinq ordres professionnels et l'Institut national de santé publique du Québec engagés dans la lutte contre le tabagisme

Le tabagisme constitue l’un des plus sérieux problèmes de santé publique du Québec, causant le décès de plus de 10 000 Québécois chaque année (Rehm et coll., 2006). Dans les pays industrialisés, l’usage du tabac est considéré comme le principal facteur de risque des maladies chroniques les plus meurtrières, soit les maladies cardiovasculaires, les cancers et les maladies respiratoires chroniques (OMS, 2002). Le tabagisme impose donc un lourd fardeau au système de santé ainsi que des coûts sociaux considérables. Soulignons que la majorité des fumeurs souhaitent se libérer de leur dépendance au tabac. En effet, 82 % d’entre eux ont déjà tenté de cesser de fumer (Statistique Canada, 2010).

Depuis 1994, le gouvernement du Québec lutte avec détermination contre le tabagisme. Le ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS), par l’entremise du Service de lutte contre le tabagisme (SLT), a mis sur pied un Plan québécois de lutte contre le tabagisme (PQLT) qui vise à protéger et à améliorer la santé de la population québécoise contre les méfaits du tabagisme (MSSS, 2006). Les objectifs de ce plan sont de prévenir l’initiation au tabagisme, de favoriser l’abandon du tabac et de protéger les non-fumeurs de l’exposition à la fumée de tabac dans l’environnement.

Parmi les activités implantées depuis une dizaine d’années pour soutenir les fumeurs dans leur démarche de renoncement au tabac, notons l’ajout d’aides pharmacologiques à l’arrêt tabagique au régime général d’assurance médicaments du Québec, de même que la mise en place d’une ligne téléphonique, d’un site Internet et de plus de 150 centres d’abandon du tabagisme offrant gratuitement, à la grandeur du Québec, des services d’aide individuels et de groupe.

Plusieurs raisons justifient l’engagement des professionnels de la santé auprès des fumeurs :

  • 75 % des fumeurs québécois rencontrent un professionnel de la santé au moins une fois par année (Kairouz et coll., 2007) ;
  • le counseling en abandon du tabac double les taux de renoncement au tabac, comparativement au fait de n’avoir recours à aucune intervention (Fiore et coll., 2008) ;
  • les dentistes et hygiénistes dentaires traitent des maladies buccodentaires dont le principal facteur de risque est l’usage du tabac : cancer buccal, parodontites, etc. ;
  • les pharmaciens conseillent leurs patients sur la prise de médicaments pour des conditions liées au tabagisme ;
  • les infirmières soignent de nombreux patients souffrant de maladies cardiovasculaires, de cancers, dont un des facteurs de risque est l’usage du tabac ;
  • les inhalothérapeutes donnent des traitements pour des maladies respiratoires liées au tabagisme.

En plus de la mise en place de ces mesures, les professionnels de la santé sont incités à jouer un rôle important dans la lutte contre le tabagisme. Le Programme national de santé publique du Québec 2003-2012 (MSSS, 2003) ainsi que les PQLT 2001-2005 et 2006-2010 (MSSS, 2001; MSSS, 2006) reconnaissent le rôle clé qu’ils devraient occuper auprès de leurs patients fumeurs. Pour sa part, la Convention-cadre pour la lutte antitabac de l’Organisation mondiale de la santé suggère que des mesures soient prises pour favoriser la formation, la sensibilisation et la prise de conscience des professionnels de la santé par rapport à ce problème (OMS, 2003).

C’est dans ce contexte que le projet de mobilisation des professionnels de la santé par rapport à l’intervention en abandon du tabac a vu le jour en 2004. En effet, le SLT souhaitait que le plus grand nombre possible de professionnels de la santé soient en mesure d’aider les fumeurs à cesser de fumer. La vision du SLT était que les ordres professionnels, en collaboration avec l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ), offrent différentes modalités de formation en vue d’optimiser les pratiques de counseling en abandon du tabac de leurs membres. L’INSPQ devait offrir le soutien scientifique aux ordres qui acceptaient de participer au projet.

Cinq ordres professionnels se sont activement engagés dans ce projet depuis 2004 :

  • l’Ordre des dentistes du Québec (ODQ)
  • l’Ordre des hygiénistes dentaires du Québec (OHDQ)
  • l’Ordre des pharmaciens du Québec (OPQ)
  • l’Ordre des infirmières et infirmiers du Québec (OIIQ)
  • l’Ordre professionnel des inhalothérapeutes du Québec (OPIQ)

Ce document présente l’ensemble de la démarche à la base de ce projet, les quelque 75 réalisations des ordres professionnels au cours des années 2004 à 2011, les activités de recherche menées par l’INSPQ ainsi que des éléments de réflexion.

ISBN (électronique)
978-2-550-63397-6
ISBN (imprimé)
978-2-550-63396-9
Notice Santécom
Date de publication