À l’avant-garde du climat changeant et de ses conséquences

Ce texte est publié dans le cadre de la série 25 ans en rétrospective qui propose un retour sur des dossiers dont les retombées ont été les plus significatives pour la santé publique québécoise.

25 ans en rétrospective

L’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ) collabore à mieux décrire les changements climatiques et à protéger la population de leurs effets sur la santé depuis le début des années 2000. Voici en rétrospective ses principales contributions entourant l’action climatique.

En 2003, une canicule frappe le continent européen. Seulement en France, plus de 14 000 personnes décèdent de la chaleur. Cet événement incite les autorités de santé québécoises à financer un programme de recherche sur les changements climatiques. L’INSPQ s’engage alors dans les travaux au sein du Consortium Ouranos, un organisme dédié à l'étude des changements climatiques au Québec.

Plusieurs productions scientifiques découlent de ce premier programme. L’INSPQ se penche notamment sur les effets du réchauffement moyen sur la mortalité historique et future. Il s’intéresse aux perceptions et attitudes de la population et des gestionnaires d’institutions publiques quant aux effets des changements climatiques sur la santé et aux moyens de les contrer. Des études sur les allergies saisonnières, certaines maladies transmissibles par les animaux ou les insectes et sur des initiatives utiles à l’adaptation en santé, sont réalisées.

Dans la foulée du protocole de Kyoto, le gouvernement du Québec instaure la première taxe sur le carbone des Amériques. Il se donne ainsi les moyens de réduire les gaz à effet de serre de façon autonome, tout en amorçant des actions d’adaptation aux changements climatiques, dont en santé publique. Le ministre de la Santé confie à l’INSPQ la gestion du volet santé des Plans d’action sur les changements climatiques (PACC) déployés depuis 2006.

La naissance de SUPREME

Du premier plan, nait le Système de surveillance et de prévention des impacts sanitaires des événements météorologiques extrêmes (SUPREME) qui émet ses premiers avertissements de chaleur extrême en 2010. Développé par l’INSPQ et destiné aux équipes de santé publique, cet outil rassemble des données en provenance de plusieurs sources dont la SOPFEU et Environnement Canada. Le SUPREME conduira d’ailleurs à la création du Géoportail de santé publique qui cartographie, sur le territoire québécois, la variation de différents indicateurs de santé.

Une cinquantaine de projets de lutte contre les îlots de chaleur urbains sont menés par les OBNL, les réseaux de l’éducation et de la santé et les municipalités. L’INSPQ coordonne la mise en place de ces projets et en évalue les retombées. Il met également en œuvre un programme de suivi des comportements d’adaptation de la population et des organisations québécoises, piloté par l’Université Laval.

D’un sinistre à l’autre

À la suite des inondations de 2011, 2017 et 2019, le PACC finance diverses études sur les impacts psychosociaux des inondations chez la population et le personnel touché. Les travaux menés, grâce à l’impulsion de l’INSPQ, ciblent aussi les conséquences humanitaires qui découlent d’autres événements météorologiques extrêmes. Verglas, feux de forêt, dégel du pergélisol, érosion côtière, l’INSPQ publie en 2021 une synthèse concernant les effets des changements climatiques sur la santé, les populations vulnérables et les mesures d’adaptation.

Depuis 2019, l’INSPQ accompagne les directions de santé publique dans leur évaluation régionale de la vulnérabilité au climat changeant. Cette démarche, appelée VRAC-PARC, permet de déterminer les principaux dangers des changements climatiques pour une région, les populations les plus vulnérables et les secteurs les plus à risque. Ces résultats facilitent la priorisation des mesures d’adaptation pour diminuer de façon optimale les conséquences sur la santé et les inégalités sociales. Plus de 1 000 personnes issues des milieux gouvernemental, municipal, communautaire et de la recherche collaborent aux activités du VRAC-PARC.

À l’INSPQ, l’amélioration de la santé et de la qualité de vie des populations, ainsi que la réduction des inégalités sociales, passent notamment par l’action climatique. Toutes les équipes sont encouragées à se saisir de cet enjeu transversal.

Pour en savoir plus

 

Viser les vieilles solutions éprouvées

« Pour diminuer les gaz à effet de serre, il faut surtout en produire moins. Les technologies pour ce faire datent toutes de plus d’un siècle et demi. Elles ont pour nom : bicyclette (1817); train (1804); tramway (1832); impôts et taxes (± 2 400 ans); foresterie (± 8 000 ans); aménagement urbain (± 10 000 ans); bateau (± 10 000 ans); et marche (± 2 000 000 ans).

Il en est de même pour les adaptations de santé publique, qui doivent surtout viser (...) les plus fragiles de la société, tout en rendant les choix de société difficiles plus faciles à faire par tous. »

Pierre Gosselin Médecin-conseil à l’INSPQ (1998-2022) et instigateur du programme sur les changements climatiques et la santé au Québec

Revue Santé publique (2010)

17 juin 2024