Étude contextuelle sur les services de santé mentale au Nunavik

Cette section résume les informations recueillies auprès des participants de la recherche ainsi que celles provenant de la revue documentaire.

  • La santé mentale est identifiée comme une priorité d'intervention dans la région depuis plusieurs années.
  • Il existe peu de statistiques sur l'état de santé mentale des Inuits du Nunavik. Toutefois, la plupart des participants s'entendent pour dire que les problèmes de santé mentale sont en recrudescence.
  • Plusieurs facteurs peuvent compromettre la santé mentale des Inuits : la discontinuité culturelle, le manque de logements, la consommation de drogues et d'alcool, le manque de connaissances de la population à propos des problèmes de santé mentale, les conditions socio-économiques et le désoeuvrement.
  • Les jeunes et les hommes doivent être prioritairement ciblés dans le cadre d'un éventuel programme en santé mentale. Les personnes souffrant de problèmes de santé mentale graves devraient également bénéficier d'un meilleur suivi visant leur réintégration sociale. À ce jour, peu d'initiatives ont été entreprises au Nunavik pour les personnes ayant des problèmes de santé mentale courants, comme la dépression ou les troubles anxieux.
  • La répartition différente de la population entre l'Hudson et l'Ungava explique en partie les différences dans l'organisation des services entre les deux côtes. Pour l'Ungava, ces services tendent à être polarisés autour de Kuujjuaq tandis que les services de l'Hudson sont plus décentralisés vers les communautés.
  • L'entente entre le Nunavik et le CHUM (Hôpital Notre-Dame), le Centre de réintégration Anaraaluk à Inukjuak et le Centre de crise Aaniavituqarq à Puvirnituq constituent les développements les plus importants en santé mentale pour le Nunavik au cours des 15 dernières années.
  • Plusieurs personnes hésitent à faire appel aux services offerts dans les communautés en raison du manque d'adéquation de ces services avec leurs besoins, de leur méfiance face à l'efficacité des interventions psychosociales et des risques d'étiquetage dans ces petits milieux de vie.
  • Généralement, les situations de crise entraînent la prise en charge par les services de santé et les services sociaux. Ces situations mobilisent beaucoup de ressources et épuisent les équipes locales. La mise en place d'activités de prévention en santé mentale et l'établissement du suivi systématique de clientèle pourraient concourir à réduire ces situations. Toutefois, ces services peuvent difficilement être assurés par les intervenants des services de première ligne, car ceux-ci doivent d'abord et avant tout répondre aux urgences et assurer les services courants de la clinique.
  • La collaboration entre les programmes doit être améliorée pour intervenir auprès des personnes qui combinent des problèmes de santé mentale et d'abus de substances et pour faciliter la transition entre les services jeunesse et les services adultes.
  • Les intervenants locaux sont parfois appelés à intervenir auprès de leurs proches. Certains intervenants peuvent aussi manifester des besoins pour les aider à composer avec des situations personnelles difficiles. Actuellement, il existe peu de soutien personnel pour les employés de la santé et des services sociaux.
  • Les participants s'entendent pour dire que la collaboration interprofessionnelle est essentielle pour offrir des services en santé mentale de qualité. Elle est toutefois compromise par l'instabilité des ressources, par l'absence de structure permettant les échanges entre les intervenants des services de santé, des services sociaux, des ressources communautaires et des détenteurs des savoirs traditionnels, par la confusion dans l'exercice du leadership, par la méconnaissance mutuelle des rôles et par la méfiance de part et d'autre.
  • L'intégration des ressources traditionnelles peut diversifier et améliorer l'offre de services en santé mentale. Toutefois, peu d'intervenants non inuits maîtrisent les enjeux culturels et connaissent les différentes ressources communautaires. L'ajout d'un conseiller culturel pour guider les équipes de soins serait avantageux.
  • Les approches de groupe sont tout particulièrement efficaces dans le cadre d'intervention visant à améliorer l'estime de soi ou pour contrer des traumatismes collectifs. Toutefois, ces approches sont moins adaptées à la clientèle en santé mentale qui requiert plutôt une approche individuelle.
  • Les besoins de formation en santé mentale des équipes locales santé et sociales sont importants, notamment par rapport au dépistage et aux différents problèmes de santé mentale, aux traitements, aux approches traditionnelles et culturellement adaptées, au suivi, à la réadaptation et à la réinsertion sociale des personnes ayant des problèmes de santé mentale. La présence intermittente des psychologues et des psychiatres sur le territoire diminuerait le soutien possible aux équipes locales.
  • La collaboration entre le Nunavik et le CHUM (Hôpital Notre-Dame) pour les services psychiatriques pour les adultes est parfois compromise par l'absence de procédures d'admission standardisées, par les difficultés à rejoindre le psychiatre répondant et par le manque de connaissances du contexte nordique de certains intervenants à Montréal. De plus, le fait que le CHUM n'offre pas de structure de transition entre l'hôpital de Montréal et le domicile au Nord augmenterait les risques de récidives. Le nombre de lits (2) en psychiatrie mis à la disposition des personnes du Nunavik serait également insuffisant.
  • Plusieurs programmes de prévention de problèmes de santé mentale et de promotion de la santé mentale prometteurs ont été abandonnés au fil des ans relativement à l'insuffisance de financement, à la non-récurrence des budgets, au roulement de personnel et aux changements de priorités. Un ancrage plus communautaire des programmes serait souhaitable afin de favoriser le pouvoir d'agir des Inuits. L'approche communautaire correspond davantage aux valeurs collectives.
ISBN (électronique)
978-2-550-54680-1
ISBN (imprimé)
978-2-550-54679-5
Notice Santécom
Date de publication