Programme de surveillance de l'infection par le virus de l'immunodéficience humaine (VIH) au Québec : cas cumulatifs 2002-2007

Le programme de surveillance de l'infection par le virus de l'immunodéficience humaine (VIH) au Québec est basé sur la déclaration de l'infection par le Laboratoire de santé publique du Québec (LSPQ) et sur le recueil de renseignements sur la personne infectée auprès du professionnel de la santé qui lui a prescrit le test de dépistage confirmé positif. Les activités de collecte des données sont centralisées dans des locaux sécurisés du LSPQ. Celui-ci effectue toutes les analyses de confirmation à l'échelle de la province.

Pour tout test confirmé positif, une intervenante de santé publique (ISP) téléphone au professionnel qui l'a prescrit en vue de l'enquête épidémiologique sur le cas, si ce dernier n'a jamais été déclaré au programme de surveillance.

En 2007, comparativement à 2006, on note une diminution de 4 % dans le nombre des spécimens analysés par les laboratoires hospitaliers qui font partie du programme québécois de diagnostic de l'infection par le VIH et de 11,7 % du nombre de leurs spécimens qui ont été confirmés positifs au LSPQ. La proportion de spécimens positifs passe de 0,61 % à 0,56 %. Elle se maintient à moins de 1 % depuis le début du programme de surveillance en 2002.

Environ 20 % des spécimens positifs soumis aux ISP étaient impossibles à déclarer. Une proportion de plus en plus élevée de spécimens impossibles à déclarer provenait des immigrants et/ou des réfugiés.

La moitié des spécimens positifs non déclarés concerne des immigrants ou des réfugiés qui n'avaient pas de numéro d'assurance maladie (NAM). Cet identifiant est exigé pour enregistrer un cas dans le système actuel. L'autre moitié est composée de spécimens à propos desquels les médecins n'ont pas fait suite à la demande de l'ISP pour la collecte épidémiologique, de sérologies chez des enfants de moins de deux ans, de spécimens provenant des projets de recherche, de spécimens anonymes des services intégrés de dépistage et de prévention (SIDEP) des ITSS, de spécimens de résidants hors province ou de résidants du Québec qui n'ont pas de NAM.

Au total, 651 cas d'infection par le VIH ont été déclarés en 2007. Ce nombre comprend 335 personnes nouvellement diagnostiquées, 290 anciens cas et 26 personnes dont on ne peut dire avec les informations disponibles qu'elles ont reçu leur premier diagnostic de VIH en 2007 ou avant.

La moitié (52,5 %) de ces personnes nouvellement diagnostiquées n'avait jamais eu de dépistage du VIH auparavant.

Comparativement à 2006, le nombre de nouveaux diagnostics diminue de 30,9 % chez les femmes et de 25,4 % chez les hommes, tandis que celui des anciens cas qui évoluait à la baisse depuis 2003 (première année complète du programme de surveillance) a augmenté de 14,2 % en 2007. Le programme de surveillance enregistre moins de cas en 2007 qu'en 2006 (diminution de 10,2 % au total).

Les cas de 2007 sont majoritairement de sexe masculin (79,3 %) et sont âgés en moyenne de 41,3 ans pour les hommes et de 39,2 pour les femmes. Ils portent à 4 537 le nombre de personnes infectées par le VIH enregistrées au programme de surveillance depuis qu'il est en place en avril 2002. Ce nombre total cumulatif reste en deçà des estimations de la prévalence du VIH produites pour le Québec par l'Agence de la santé publique du Canada1, selon lesquelles entre 13 300 et 19 600 personnes vivaient avec le VIH dans la province en 2005. Il faut toutefois rappeler que le programme québécois de surveillance n'a été mis en place qu'en avril 2002 et que les données qu'il génère n'incluent pas toutes les personnes au courant de leur statut biologique d'infection par le VIH avant son implantation.

Le Canada reste le principal pays de naissance et d'origine ethnoculturelle des personnes trouvées infectées par le VIH au Québec (71,7 % des cas). Trois cas autochtones des Premières Nations sont déclarés en 2007.

Montréal qui abrite un quart de la population du Québec et la grande majorité des immigrants admis au Québec, est la région de résidence de la majorité (63,9 %) des cas enregistrés en 2007.

Les principales catégories d'exposition sont décrites ci-après par ordre de fréquence décroissante :

  • Les hommes ayant des rapports sexuels avec d'autres hommes (HARSAH) sont les plus touchés. La moitié (52,3 %) de l'ensemble des cas et 61,2 % des nouveaux diagnostics enregistrés en 2007 concernent des HARSAH. La voie de transmission homosexuelle du VIH prédomine chez les hommes. Parmi ceux-ci, les HARSAH représentent 65,9 % de l'ensemble des cas et 73,5 % des nouveaux diagnostics.
  • Les cas reliés à l'origine d'un pays où le VIH est endémique et où la transmission hétérosexuelle du virus prédomine arrivent en deuxième position avec 14,6 % des cas de 2007. Cette catégorie d'exposition est au premier rang dans la population féminine vivant avec le VIH au Québec. Pendant que seulement 6,4 % (33/516) des cas de sexe masculin déclarent une origine dans des pays des Caraïbes (Haïti en premier) et de l'Afrique subsaharienne confrontés à de fortes endémies du VIH, 45,9 % (62/135) des femmes déclarées en 2007 s'identifient aux mêmes pays.
  • Un tiers (31,1 %; 42/135) des cas féminins et 11,1 %; 57/516) des cas masculins sont reliés à des relations hétérosexuelles non protégées (15,2 % de l'ensemble des cas de 2007). En regroupant ces cas avec ceux qui sont originaires de pays endémiques, la voie de transmission hétérosexuelle du VIH prédomine chez les femmes. Elle est reliée à 77,0 % (104/135) des cas féminins et seulement à 17,4 % (90/516) des cas masculins.
  • Une proportion de 12,8 % des cas déclarés en 2007 a été diagnostiquée chez des personnes utilisatrices de drogues par injection (UDI). On enregistre plus d'anciens cas que de nouveaux diagnostics dans cette catégorie d'exposition depuis le début du programme de surveillance en avril 2002. Le nombre de nouveaux diagnostics UDI reste relativement faible malgré la transmission active du VIH (et du VHC) observée par le réseau SurvUDI.
  • Les cas à la fois HARSAH et UDI ne représentent que 2,9 % de l'ensemble des cas en 2007, proportion qui est demeurée relativement stable depuis le début du programme.
  • Les cas de transmission mère-enfant et les cas d'infection par des dons de sang ou de facteurs de coagulation deviennent rares. Aucun nouveau diagnostic n'est déclaré dans ces deux catégories d'exposition. On enregistre 7 anciens diagnostics reliés à des dons de sang et qui peuvent avoir été infectés avant la mise en place des mesures de sécurité transfusionnelle au Québec, et 4 anciens cas de transmission verticale. Parmi ceux-ci, deux individus d'origine canadienne et haïtienne étaient respectivement âgés de 16 et 20 ans au moment de leur déclaration au programme et ont été infectés à leur naissance au Canada (avant l'implantation du programme d'intervention sur l'infection par le VIH et la grossesse). Un autre est d'origine non canadienne et a été infecté à sa naissance en Afrique, tandis que le dernier (dont on ignore le pays de naissance) est originaire d'Afrique du Nord.

Le nombre et la proportion de personnes nouvellement diagnostiquées suite à des tests faits à leur demande (sans que cela ne soit motivé par un comportement à risque ou par la présence de symptômes) ont diminué en 2007 comparativement à 2006. Le recours aux services de dépistage du VIH a été souvent tardif : 15,0 % des cas nouvellement diagnostiqués en 2007 étaient rendus au stade du sida, 13,8 % présentaient des infections symptomatiques chroniques au moment du diagnostic de l'infection. Finalement, moins de la moitié (47,0 %) était asymptomatique au moment du prélèvement, le reste se plaignant d'infections aiguës ou de symptômes et maladies non spécifiques du sida.

Les données analysées n'estiment ni la prévalence ni l'incidence de l'infection dans la province. Elles décrivent les caractéristiques des cas confirmés par le LSPQ sur les spécimens prélevés en 2007 et dont la collecte d'information a été complétée. De toute évidence, la transmission du virus est encore active au Québec, malgré les programmes de prévention de l'épidémie qui sont en place dans la province.

Combinée à la progression observée parmi les HARSAH des autres infections transmissibles sexuellement et par le sang (ITSS), la progression du VIH dans ce segment de la population doit continuer d'interpeller les autorités de santé publique.

On constate à nouveau parmi les femmes infectées par le VIH, une proportion élevée de celles qui proviennent de régions où le virus est endémique. L'impossibilité d'enregistrer les cas affectant les réfugiés et les immigrants positifs qui n'ont pas de NAM est une limite importante à notre collecte des données épidémiologiques. Un groupe de travail sur le développement de la surveillance du VIH/sida a été formé et analyse une proposition qui sera finalisée et soumise par l'INSPQ au MSSS pour effectuer la collecte épidémiologique sur les cas sans NAM afin de mieux décrire les caractéristiques de l'épidémie chez les réfugiés et immigrants.

Il nous paraît trop risqué d'interpréter la variation à la baisse des nouveaux diagnostics en l'absence de données solides et récentes de l'incidence de l'infection par le VIH dans la province. La surveillance du VIH gagnera à être revue pour donner une meilleure idée de la situation qui prévaut au Québec au regard du VIH, en termes de nombre de personnes infectées, d'infections nouvellement acquises, et pour donner des pistes sur les hypothèses susceptibles d'expliquer les variations observées.

 

Type de publication
ISBN (électronique)
978-2-550-54592-7
ISBN (imprimé)
978-2-550-54591-0
ISSN (électronique)
1913-3405
ISSN (imprimé)
1913-3391
Notice Santécom
Date de publication