Étude contextuelle sur les services de santé mentale dans l'Iiyiyiu Aschii
- La santé mentale est identifiée comme une priorité d'intervention du CCSSSBJ depuis plusieurs années.
- Le manque d'infrastructure dans les communautés pour les personnes en situation de crise, le manque d'hébergement supervisé pour la clientèle souffrant de problèmes de santé mentale sévères et le peu de logements pour le personnel contribuent à augmenter les transports des clients à l'extérieur de l'Iiyiyiu Aschii et augmentent les risques que la clientèle soit perdue de vue.
- Les jeunes et les femmes doivent être prioritairement ciblés par le PSM. Les personnes souffrant de problèmes de santé mentale grave devraient également bénéficier d'un meilleur suivi visant leur réintégration sociale.
- Plusieurs facteurs peuvent affecter la santé mentale des Eenous : la discontinuité culturelle, le manque de logement, la consommation de drogues et d'alcool, la prévalence élevée de maladies chroniques, le manque d'activité. Un programme en santé mentale doit adopter une approche globale pour intervenir sur ces déterminants.
- Les activités de promotion et de prévention en santé mentale doivent miser sur le pouvoir d'agir des familles et des communautés.
- Plusieurs personnes hésitent à faire appel aux services en raison du manque d'adéquation entre les services offerts et les besoins ressentis et les risques d'étiquetage dans de petites communautés.
- Un financement récurrent et suffisant ainsi qu'un leadership constant et reconnu sont nécessaires à la pérennité du PSM.
- Le gouvernement du Québec doit faire l'effort d'adapter ses politiques nationales à la réalité des régions nordiques, à commencer par la traduction en anglais de ses plans d'action, comme le PASM.
- L'absence de dossier unique, l'instabilité des ressources, le manque de formalisation des échanges, le manque d'intégration des différents services, incluant l'intégration des approches traditionnelles, les ambiguïtés persistantes par rapport à la notion de confidentialité, le peu de rencontres interdisciplinaires, la confusion dans le leadership, la méconnaissance mutuelle des rôles et le manque de confiance entre les intervenants des services de santé et des services sociaux nuisent à la collaboration interprofessionnelle essentielle pour offrir des services de santé mentale de qualité.
- La collaboration entre les services de santé et services sociaux doit s'étendre aux écoles, à la communauté, à l'église, aux services traditionnels, aux familles, à la clientèle.
- Il existe très peu de statistiques sur l'état de santé mentale des Eenous.
- L'intégration des ressources traditionnelles vise à diversifier l'offre de services. Il est cependant urgent de documenter ces savoirs avant que ne disparaissent les détenteurs. Conjointement, les intervenants non autochtones doivent apprendre à mieux maîtriser les enjeux à caractère culturel et doivent être mieux informés des initiatives et des ressources communautaires.
- La mise sur pied de suivi systématique de clientèle et les approches préventives en santé mentale peuvent contribuer à diminuer les crises. Toutefois, ces services ne peuvent être supportés actuellement par les intervenants des services de première ligne qui sont mobilisés par les situations de crise, qui manquent de temps, devant répondre aux urgences et assurer la clinique, qui manquent d'expérience et de formation en santé mentale, qui démontrent peu d'intérêt pour la santé mentale et qui manquent de soutien, notamment en raison de l'absence d'entente avec des services psychiatrie et de la discontinuité de la présence des psychologues sur le territoire.
- Les services psychologiques individuels sont appréciés des intervenants et de la clientèle. Des approches de groupe seraient aussi souhaitables.
- Plusieurs intervenants doivent composer avec leurs blessures personnelles ou encore sont exposés à des situations difficiles dans le cadre de leur pratique professionnelle. Un programme d'aide aux employés et des séances de verbalisation en groupe pourraient offrir un soutien essentiel.
- Les besoins en formation en santé mentale sont importants, notamment sur le dépistage, les approches traditionnelles, les problèmes de santé mentale et leur gestion, le suivi misant sur la réadaptation et la réinsertion sociale.