Évaluation de l'impact de la reconfiguration du réseau hospitalier sur la santé et le bien-être de la population de Montréal - Résultats du monitorage II (années 1993-1994 à 2000-2001)
En 1995, l'Agence de la santé et de services sociaux de Montréal (Agence de Montréal) a entrepris une série de transformations du réseau des services de santé à Montréal. Ces mesures touchaient les champs d'activités relatifs à la santé physique et mentale, à l'adaptation sociale ainsi qu'à la prévention des maladies et à la promotion de la santé.
L'Agence de Montréal a prévu l'évaluation de l'impact des mesures annoncées en trois volets :
- la satisfaction des usagers,
- l'atteinte des objectifs du projet de reconfiguration et
- l'impact de la reconfiguration sur la santé et le bien-être de la population.
Ce dernier volet relevait de la Direction de la santé publique (DSP). Sa réalisation a comporté plusieurs composantes. Un travail de monitorage a été réalisé à partir de l'analyse d'indicateurs tirés de banques de données administratives entre 1993-1994 et 2000-2001. De plus, des projets de recherche ont enrichi cet effort d'évaluation d'impact. Enfin, la réalisation d'un collectif de recherche a permis la mise en commun des résultats de ces projets recherche et d'autres projets de recherche portant plus généralement sur les services de santé, ainsi que l'organisation d'une conférence permettant d'enrichir l'expérience locale par celle de chercheurs et décideurs à l'échelle canadienne surtout mais aussi internationale. Tout cela a mené à la préparation et à la diffusion du rapport du directeur de santé publique de Montréal en décembre 2000.
Pour le rapport de décembre 2000, le monitorage a fourni de l'information allant jusqu'à mars 1998. L'Équipe Santé des Populations et Services de Santé (ESPSS), équipe conjointe de la Direction de santé publique de l'Agence de santé et des services sociaux de Montréal et de l'Institut national de santé publique du Québec, est partie prenante de la responsabilité qui incombe à la santé publique de rendre compte de l'état de santé de toute la population. Comme le plan de monitorage initial prévoyait produire l'information jusqu'à mars 2001, l'ESPSS présente ici la suite aux résultats du monitorage présentés en décembre 2000.
L'utilisation des banques de données administratives comme seule source d'information impose des contraintes importantes et dicte une grande prudence dans l'interprétation des résultats. Les indicateurs utilisés représentent indirectement l'état de santé; ils peuvent être peu sensibles et ils impliquent des délais d'accès importants. La prudence nous suggère d'utiliser une approche de repérage en trois temps :
- d'abord, l'identification de secteurs d'activité potentiellement problématiques (secteurs où se manifestent des tendances non souhaitables);
- ensuite, l'amélioration de la qualité de l'information dans les secteurs problématiques pour orienter l'action de façon précise;
- la révision du processus d'évaluation pour en améliorer l'efficacité.
Ce rapport vise à identifier les secteurs potentiellement problématiques.
Une reconfiguration d'envergure
Entre 1995 et 1998, les centres hospitaliers de soins généraux et spécialisés (CHSGS) de Montréal ont subi des réductions budgétaires de 15,3 %, une réduction du nombre de lits de 28 % (n=2443) et une réduction de 5 à 10 % de leur personnel qui s'avérait être le plus expérimenté. Bien que ces centres n'aient pas été les seuls établissements à être touchés, ce sont eux qui l'ont clairement été le plus. Ils ont été le foyer principal de l'effort de réduction des composantes institutionnelles des services qui était une partie majeure du plan de reconfiguration. À noter que l'importance de la réduction a dépassé ce qui avait été prévu.
À tout cela s'est ajoutée une réduction globale du nombre de médecins autour de 5 % mais une réduction plus marquée dans les spécialités jouant un rôle important dans les services chirurgicaux.
L'importance de la reconfiguration s'est aussi manifestée au niveau des modes de pratique des professionnels de la santé. Surtout pour les procédures considérées comme faisables en chirurgie d'un jour, il y a eu substitution significative des admissions par des procédures en chirurgie d'un jour.
La durée moyenne de séjour a aussi diminué de 13 %, un niveau de réduction moins important que celui envisagé par l'Agence de Montréal. À noter que vers la fin de la période d'observation, la durée moyenne de séjour a augmenté à Montréal comme dans les autres régions du Québec.
Effets de la reconfiguration et des changements de pratique associés
Bien que nos hypothèses ne prévoyaient pas de changement au niveau des principaux indicateurs de mortalité, nous les avons tout de même mesurés, question de ne pas manquer des effets négatifs inattendus. Les seuls changements observés étaient de faible amplitude, dans le sens d'une baisse et ne semblaient pas s'insérer à l'intérieur d'une tendance sauf dans le cas de la mortalité liée aux infarctus du myocarde et à l'insuffisance cardiaque (baisse due à l'amélioration des traitements).