Avis de santé publique sur les effets du cellulaire au volant et recommandations

D'un point de vue de santé publique, la route fait encore beaucoup trop de victimes, pour la plupart évitables : 704 décès et 6 397 blessés graves selon la SAAQ (2005). Le bilan des cinq dernières années (2000-2005) exprime une nette tendance à la hausse au Québec. En effet, le nombre de victimes décédées a augmenté de plus de 9 % entre 2004 et 2005 et les blessures graves de 14,2 %. Dans le réseau hospitalier, cela représente plus de 4 000 hospitalisations en moyenne par année (INSPQ, 2006).

Les gains importants réalisés depuis vingt ans sont largement attribuables aux programmes qui se sont attaqués à la conduite avec facultés affaiblies, ont renforcé le port de la ceinture de sécurité, de même que la construction de véhicules plus sécuritaires. Cependant, plusieurs facteurs, qui n'ont pas eu le même traitement contribuent aujourd'hui à cette situation au Québec. Le phénomène généralisé du non respect de la vitesse légale sur l'ensemble du réseau routier de même que la conduite avec facultés affaiblies peuvent expliquer en partie cette stagnation du bilan sinon sa détérioration. À ces problèmes, il faut ajouter la multiplication des sources de distraction dans les véhicules et parmi ces dernières, le téléphone cellulaire. Le Québec n'échappe pas au phénomène mondial de l'engouement pour le « cellulaire ». Au Canada, le nombre d'abonnés à un service de télécommunications sans fil est passé de 6 000 à 17 000 000 entre 1985 et 2005. Des sondages récents rapportent que plus de 50 % des Québécois possédant un cellulaire en font usage en conduisant, soit l'équivalent d'un conducteur sur quatre. Cet avis s'intéresse à ce comportement et répond à la question suivante : l'utilisation du cellulaire au volant augmente-t-elle le risque de collision et de traumatisme routier?

D'autres questions sont aussi traitées : 1. les dispositifs « en main » et « main libre » produisent-ils les mêmes effets sur la performance et le risque? 2. les effets liés au cellulaire au volant sont-ils similaires à d'autres sources de distraction (radio, conversation, autres instruments et télématiques embarqués)? 3. y a-t-il un effet d'apprentissage sur le risque? 4. doit-on interdire le cellulaire au volant et quelles sont les mesures efficaces pour éliminer ce risque?

Pour répondre à ces questions, nous avons adopté une approche de recension systématique des écrits scientifiques sur le sujet. Les bases de données, pages web et experts en sécurité routière ont été consultés pour le repérage et la sélection des études et des documents jugés pertinents. Les conclusions générales s'appuient sur des critères appliqués à des populations relativement homogènes d'études. La convergence des résultats d'études qui emploient des méthodologies variées et des données de sources distinctes permet de statuer avec davantage de certitude sur le risque de ce comportement routier (Simpson, 2005).

Les analyses ont permis d'établir l'effet du cellulaire sur la performance des conducteurs, leurs comportements routiers et le risque de collision. Elles déterminent ces effets respectifs selon le type de dispositifs « en main » et « main libre ». Finalement elles abordent les résultats obtenus au regard des actions mises de l'avant pour limiter les risques associés au cellulaire au volant.

Auteur(-trice)s
Diane Sergerie
Institut national de santé publique du Québec et Direction de santé publique de la Montérégie
Type de publication
ISBN (électronique)
978-2-550-49614-4
ISBN (imprimé)
978-2-550-49613-7
Notice Santécom
Date de publication