Favoriser la santé mentale en contexte post-pandémique : des facteurs à cibler et des actions à privilégier à l’échelle des municipalités et des communautés
L’INSPQ a reçu de la Direction générale de la santé publique du ministère de la Santé et des Services sociaux le mandat de produire une synthèse des connaissances de la littérature scientifique pour 1) repérer, dans les recensions d’écrits, les facteurs associés à la santé mentale en contexte de pandémie ou d’événements extrêmes, facteurs sur lesquels les municipalités peuvent agir; et 2) recenser les actions à l’échelle des municipalités ou des communautés qui influencent ces facteurs et permettent de promouvoir la santé mentale à la suite d’un événement extrême.
Les recensions analysées montrent une forte convergence sur plusieurs facteurs associés à l’état de santé mentale, notamment ceux qui relèvent de l’environnement social : le soutien social, le fait de mener des actions prosociales (ex., offrir du soutien aux amis ou à des voisins, lors d’une quarantaine), l’isolement social et le sentiment de solitude ou encore la restriction des contacts et les périodes de confinement. Il en est de même pour les facteurs en lien au statut socioéconomique des personnes, notamment le revenu, la scolarité et la précarité d’emploi à la suite d’un événement extrême. Cependant, seules quelques recensions portent sur les caractéristiques de l’environnement physique.
Les études analysées qui présentent des actions à l’échelle des municipalités ou des communautés ont comme objectif de renforcer la résilience communautaire tout en appuyant les individus dans le développement de leur capacité d’adaptation et l’amélioration de leur bien‑être. La majorité positionne la santé mentale comme un atout à préserver ou consolider. Toutefois, aucune étude ne fait l’objet d’évaluation robuste quant aux effets d’interventions sur la santé mentale : elles présentent plutôt des observations ou appréciations. Ces dernières, ainsi que plusieurs caractéristiques communes aux études, permettent de dégager des démarches organisationnelles : avoir une préoccupation explicite pour la santé mentale et se doter d’une équipe dédiée; l’importance du travail intersectoriel qui inclut les citoyens et les acteurs locaux dans une dynamique égalitaire; assurer une cohérence des interventions autour d’un objectif de rétablissement en se dotant notamment d’un modèle logique et en misant sur les atouts des communautés. D’autres études offrent des exemples d’interventions directes à la population, notamment la mise sur pied d’actions sensibles aux réalités vécues et qui favorisent la participation.
Finalement, quelques constats et pistes d’action se dégagent de cette synthèse :
- La santé mentale doit faire partie explicitement de la réponse et de la planification de la réponse aux événements extrêmes. Il importe alors de l’aborder dans une perspective de promotion de la santé qui permet de favoriser la santé mentale, de même que de prévenir sa détérioration.
- Plusieurs facteurs de la sphère des interactions sociales sont reconnus pour leur influence sur la santé mentale en contexte d’événements extrêmes. Il importe donc de favoriser le soutien social et les relations sociales positives en misant sur des approches participatives, de former des équipes dédiées à la santé mentale qui travaillent en intersectorialité et qui incluent des citoyens et différents groupes de la communauté, tout en veillant à une dynamique égalitaire entre les collaborateurs.
- Cibler des quartiers plus particulièrement touchés par un événement extrême pourrait permettre de mieux répondre aux besoins quant à la santé mentale. Il importe d’offrir un environnement physique sécurisant et des espaces verts accessibles à toutes et tous.
- Une approche axée sur l’équité peut guider les municipalités dans le déploiement d’actions pour faciliter le rétablissement. Ainsi, il importe de connaître l’état des populations en ayant des données non seulement sur les symptômes de troubles mentaux, mais aussi sur la santé mentale positive et sur les facteurs qui protègent et fragilisent des groupes lors d’événements extrêmes. Les interventions devraient alors être arrimées à ces facteurs dans une approche de rétablissement axée sur l’équité et les forces des communautés.