Les troubles musculo-squelettiques reconnus par la Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail de 2010 à 2012 : qui est à risque?
Cette étude vise à identifier, chez les hommes et chez les femmes, les groupes les plus à risque de troubles musculo-squelettiques d’origine non traumatique selon l’industrie et le type de profession et à caractériser leur ampleur. L’analyse repose sur les données d’indemnisation des lésions professionnelles de 2010 à 2012 de la Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail (CNESST).
De 2010 à 2012 :
- La CNESST a indemnisé 28 678 personnes atteintes de troubles musculo-squelettiques d’origine non traumatique en moyenne par année (62 % de cas chez les hommes et 38 % chez les femmes).
- Le taux d’incidence de ces lésions était de 11 cas pour 1 000 (‰) travailleurs équivalents temps complet (ETC) par année. Ce taux était de 13 ‰ ETC chez les hommes et 9 ‰ ETC chez les femmes. Par contre, les femmes des professions manuelles avaient le taux d’incidence le plus élevé selon le sexe et le type de profession, soit 39 ‰ c. 27 ‰ ETC pour leurs homologues masculins.
- Les troubles musculo-squelettiques d’origine non traumatique ont occasionné plus de 2,5 millions de jours d’absence du travail en moyenne par année; les hommes ont contribué à 60 % de ce total.
- La durée moyenne de l’absence associée à ces lésions était de 105 jours civils, sans écart entre les hommes et les femmes (105 c. 106 jours, respectivement).
- Cependant, les femmes avaient une durée d’absence médiane plus importante que celle des hommes (25 c. 17 jours, respectivement).
- L’absence de longue durée associée à ces lésions était plus importante chez les femmes : 23 % des femmes indemnisées avec absence du travail pour ces lésions ont été indemnisées pendant plus de 90 jours civils c. 19 % des hommes.
Plusieurs groupes « industrie-type de profession » à risque de ces lésions ont été identifiés, selon l’Indice de prévention, dont le calcul est décrit dans la section méthodologie :
- Neuf des 15 groupes les plus à risque sont communs aux hommes et aux femmes et concernent les personnes de professions manuelles en fabrication (4 groupes), en santé (3 groupes), des activités de soutien au transport et du regroupement « services administratifs, de soutien, de gestion des déchets et d’assainissement ».
- Les deux tiers des 15 groupes les plus à risque de troubles musculo-squelettiques chez les femmes et 40 % de ces groupes chez les hommes ne font pas partie des secteurs désignés prioritaires par la CNESST en matière de prévention. Par conséquent, ces groupes n’ont pas accès aux mécanismes de prévention prévus par la Loi sur la santé et la sécurité du travail, les employeurs n’ayant pas d’obligation légale d’appliquer ces mécanismes dans les groupes non priorisés.
- Les professions les plus touchées parmi les cinq groupes les plus à risque de ces troubles musculo-squelettiques, autant chez les hommes que chez les femmes, incluent les professions manuelles des hôpitaux et des services de soins de santé ambulatoires, en particulier les aides-infirmiers(ères) et préposé(e)s aux bénéficiaires.
- Chez les hommes, figurent aussi parmi les professions les plus touchées au sein des cinq groupes les plus à risque de ces troubles musculo-squelettiques, les manœuvres et manœuvres manutentionnaires et autres professions manuelles en construction (ex. : charpentiers), en fabrication de produits métalliques (soudeurs et oxycoupeurs) et en production d’aliments et de boissons (ex. : travailleurs des abattoirs).
- Chez les femmes, on retrouve aussi parmi les professions les plus touchées au sein des cinq groupes les plus à risque de ces lésions, les professions manuelles (aides-infirmières, préposées aux bénéficiaires) et mixtes (infirmières auxiliaires diplômées, cuisinières) des établissements de soins de longue durée et les travailleuses manuelles des services d’hébergement et de restauration, notamment les préposées à l’entretien.
Les résultats de cette étude, de concert avec les résultats d’enquêtes de santé sur la population en emploi, peuvent servir à orienter les décideurs et les acteurs de la prévention sur les groupes à prioriser pour des interventions préventives.