Quelques outils pour faciliter l’intégration de la santé dans toutes les politiques publiques
Cette note vise à faire connaître quelques outils développés au cours des dernières années afin de faciliter l’intégration des questions de santé dans les processus de décision des secteurs qui n’ont pas la santé de la population comme premier objectif. Elle n’est pas le résultat d’une recension exhaustive de différents instruments de soutien à la décision relative à la santé, mais est issue d’un repérage des outils associés à l’approche de la SdTP et qui ont fait l’objet de publications. La plupart d’entre eux sont destinés au palier municipal de décision, principalement du milieu urbain.
Nous pouvons noter une variation dans l’étendue des déterminants de la santé considérés par chacun de ces outils. Certains sont plus holistiques et s’appliquent à tous les types de politiques, comme l’ÉIS rapide, la matrice santé et l’approche du prisme santé. Ils répondent en cela parfaitement à l’esprit de la SdTP dans la mesure où ils permettent d’interroger les déterminants structuraux de la santé qui influencent l’équité sociale en matière de santé. D’autres outils ont été conçus en vertu d’un intérêt particulier, comme la pratique de l’activité physique ou le transport durable, ou encore pour des zones d’action spécifiques, comme le développement urbain, pour lequel la notion d’environnement bâti fait de plus en plus l’objet d’attention de la part des acteurs de santé publique.
Toutefois, tous ces outils ont comme caractéristique de partir des déterminants de la santé plutôt que de problématiques de santé particulières. L’approche par déterminants a plus de chances de transformer durablement les modes d’analyse des politiques publiques grâce à une intériorisation des concepts santé dans le système de prise de décision (Peters et al., 2014), alors que l’attention pour une thématique de santé peut varier dans le temps en fonction des préférences et des priorités gouvernementales.
Nous avons cherché à faire connaître des outils simples à utiliser et ayant le plus de chances d’être incorporés dans les processus de décision dans le cadre administratif habituel où l’accès à des experts n’est pas requis (Sheate et al., 2001). L’objectif final est que ces outils deviennent obsolètes et inutiles, ce qui traduirait un véritable changement dans les processus de gouvernance en faveur de la santé.
Enfin, il est important de rappeler que les outils d’aide à la décision ne sont pas une fin en soi. Ils s’inscrivent dans une démarche marquée par une volonté ferme de prendre en compte la question de la santé dans les décisions gouvernementales et, à ce titre, ils permettent de concrétiser cette volonté. Ils peuvent aussi servir de vecteur de développement d’une compréhension commune et de partage des objectifs et des valeurs entre les parties prenantes. Il s’agit là d’une fonction importante, puisque les décisions de politiques ne sont pas basées uniquement sur les connaissances scientifiques, mais aussi sur les valeurs et les intérêts des acteurs en présence.