Ce rapport résume les activités de surveillance, d’évaluation de programme et de recherche sur les infections respiratoires, les otites et les infections invasives à pneumocoque au Nunavik, la région la plus nordique du Québec. Le fardeau des infections invasives à pneumocoque (IIP) au Nunavik est beaucoup plus important que dans les autres régions du Québec avec des taux d’incidence cinq à dix fois plus élevés que les moyennes provinciales. Pour les hospitalisations pour pneumonie, les taux sont 7 fois supérieurs aux fréquences observées dans la population générale. Il en est de même avec les otites moyennes chez les enfants de moins de 5 ans avec des épisodes deux fois plus élevés que dans l’ensemble du Québec. De plus, la gravité des otites est beaucoup plus élevée qu’ailleurs avec des anomalies audiologiques à l’âge de 5 ans présentes chez près d’un enfant du Nunavik sur deux. Le programme de vaccination des enfants avec des vaccins pneumococciques conjugués (VPC) qui a débuté en 2002 a eu un impact marqué sur la distribution des sérotypes responsables des infections pneumococciques invasives dans l’ensemble de la population du Nunavik, mais les bénéfices nets en termes de réduction du fardeau des différentes issues associées aux infections pneumococciques ont été modestes. Chez les enfants âgés de moins de 5 ans, on a constaté une forte réduction de l’incidence des infections invasives causées par les sérotypes inclus dans les vaccins conjugués ainsi qu’une augmentation de l’incidence des sérotypes non vaccinaux pour une diminution nette de 55 % en termes d’incidence globale des IIP. De manière concomitante, on a observé une diminution de la fréquence des hospitalisations pour pneumonie de toutes causes dans ce même groupe d’âge. Par contre, aucune diminution significative des consultations en clinique externe pour infections respiratoires hautes n’a été observée. Au niveau des otites moyennes, on a constaté une diminution de fréquence des épisodes se traduisant par des consultations externes associée à la vaccination avec un VPC débutant en jeune âge. On a également constaté une diminution de fréquence des anomalies mineures de l’oreille moyenne à l’âge de 5 ans chez les enfants vaccinés avec un VPC par rapport aux non-vaccinés. Toutefois, aucune réduction des séquelles audiologiques les plus graves n’a été observée. Toutes ces constatations peuvent servir de base à une discussion sur l’optimisation du programme d’immunisation contre les infections à pneumocoque dans cette région.