Maladies évitables par la vaccination à déclaration obligatoire au Québec : rapport de surveillance 2018
Ce document dresse un portrait de la situation épidémiologique des maladies évitables par la vaccination (MEV) au Québec en 2018. Il inclut seulement les maladies à déclaration obligatoire (MADO).
Méthodologie
L’analyse repose sur une source de données principale, soit le fichier commun dépersonnalisé du registre central des MADO (registre des MADO). L’extraction a été faite le 1er avril 2019. Les nombres de cas de même que les taux bruts d’incidence ont été calculés à partir des variables disponibles.
Résultats
MEV contre lesquelles un vaccin est recommandé au programme québécois d’immunisation
- Coqueluche. L’incidence de la coqueluche était à la baisse en 2018 avec 589 cas déclarés (taux de 6,9 par 100 000 personnes-années [p.-a]). Le dernier pic de coqueluche remonte à 2016. L’incidence la plus élevée en 2018 était chez les moins d’un an avec un taux de 44,6 par 100 000 p.-a. Aucun décès n’a été noté en 2018.
- Diphtérie. En 2018, un cas de diphtérie cutanée causée par Corynebacterium diphteriae a été déclaré. Il s’agissait d’une femme dans la soixantaine ayant acquis cette infection lors d’un voyage en Asie. Aucune complication de l’infection n’a été notée et aucun cas secondaire n’est survenu.
- Hépatite A. L’incidence de l’hépatite A était légèrement à la baisse en 2018 (61 cas; taux de 0,72 par 100 000 p.-a) par rapport à 2017 (68 cas; taux de 0,81 par 100 000 p.-a). Environ la moitié des cas a été hospitalisée et aucun décès n’a été enregistré. La principale éclosion est survenue de mars à mai 2018 et a touché 16 personnes. Elle a été associée à la consommation de fraises importées.
- Hépatite B aiguë. L’incidence de l’hépatite B aiguë était faible en 2018 (19 cas; taux de 0,2 par 100 000 p.-a). Depuis 2010, aucun cas n’a été déclaré chez les moins de 20 ans et le taux d’incidence chez les adultes de 20 à 39 ans reste très faible. Le dernier décès dû à une hépatite B aiguë remonte à 2013.
- Infections invasives à Haemophilus influenzae de sérotype b (Hib). En 2018, seulement 5 cas d’infection invasive à Hib ont été déclarés, ce qui est moindre que pour la période 2013-2017 (8 cas par an en moyenne). Une seule de ces 5 personnes avait moins de 5 ans. Aucun décès n’a été rapporté en 2018.
- Infections invasives à méningocoque (IIM). En 2018, l’incidence des IIM au Québec est demeurée faible (33 cas; taux de 0,4 par 100 000 p.-a). Au total, 16 des 33 cas (48 %) ont été causés par le sérogroupe B. Depuis 2016, on constate une légère augmentation du nombre d’infections dues à d’autres sérogroupes que le B et le C. Sept cas de sérogroupe W (21 %) et six cas de sérogroupe Y (18 %) ont été notés en 2018. Deux décès ont été rapportés en 2018, un lié au sérogroupe Y et l’autre à une souche non sérogroupable. Les deux personnes étaient âgées de 70 ans ou plus.
- Infections invasives à pneumocoque (IIP). Le taux brut d’IIP a augmenté en 2018 (13,0 par 100 000 p.-a) par rapport à 2017 (10,4 par 100 000 p.-a). Globalement, les taux standardisés pour l’âge entre 2000 et 2018 indiquent que l’incidence de cette infection dans la population générale est relativement stable. Chez les enfants de moins de 5 ans, le taux d’incidence a beaucoup diminué depuis l’introduction en 2004 du programme de vaccination contre le pneumocoque chez les nourrissons. Ce taux est resté bas en 2018 (17,0 par 100 000 p.-a.) Le groupe d’âge le plus touché par les IIP est maintenant les personnes âgées de 65 ans ou plus.
- Oreillons. En 2018, l’incidence des oreillons est demeurée relativement faible avec 28 cas rapportés, soit un taux de 0,33 par 100 000 p.-a. Une proportion importante des cas est survenue dans les régions de l’Estrie et de Montréal. En Estrie, une éclosion est survenue dans un établissement d’enseignement secondaire (13 cas déclarés entre le 25 avril et le 17 mai 2018). À Montréal, une éclosion a été observée principalement chez des personnes fréquentant un établissement d’enseignement supérieur (9 cas déclarés entre le 11 avril et le 13 juin 2018).
- Poliomyélite. Aucun cas de poliomyélite n’a été déclaré en 2018. Le dernier cas remonte à 1995.
- Rougeole. En 2018, seulement quatre cas de rougeole associés à un agrégat familial ont été rapportés au Québec. L’acquisition de l’infection chez le cas index s’est faite en Roumanie. Ces quatre personnes étaient âgées entre 8 et 26 ans et étaient non vaccinées.
- Rubéole. Aucun cas de rubéole n’a été déclaré en 2018. Le dernier cas remonte à 2013.
- Tétanos. Un cas de tétanos a été déclaré en 2018 chez un homme dans la cinquantaine. Le statut vaccinal était « vacciné sans preuve ». Le patient a été hospitalisé, mais a récupéré sans séquelle.
MEV non visées par le programme québécois d’immunisation
- Choléra. Aucun cas de choléra n’a été déclaré en 2018. Le dernier cas de choléra remonte à 2015.
- Fièvre jaune. Aucun cas de fièvre jaune n’a été déclaré en 2018. Aucun cas n’a été déclaré depuis 2000.
- Fièvre typhoïde. Un total de 12 cas de fièvre typhoïde a été rapporté à la santé publique en 2018, ce qui est similaire à la moyenne annuelle de 11 cas pour la période 2013-2017. La totalité des infections a été acquise à l’étranger. Aucun décès lié à la fièvre typhoïde n’a été rapporté en 2018.
- Rage. Aucun cas de rage humaine n’a été déclaré en 2018. Le dernier cas est survenu en 2000.
Conclusion
Grâce à la vaccination, certaines MEV ont été éliminées et les autres restent contrôlées. Ces acquis ont été maintenus en 2018, notamment pour les infections invasives à Hib, l’hépatite B aiguë et les IIM pour lesquelles l’incidence reste très faible. Aucune éclosion d’importance n’a été notée durant l’année 2018.
La diphtérie, la poliomyélite, la rubéole, la rubéole congénitale et la rougeole sont toutes considérées comme éliminées au Québec. Des efforts continus sont nécessaires pour obtenir une couverture vaccinale optimale, maintenir une immunité suffisante pour protéger l’ensemble de la population et garder ce statut d’élimination.
Bien que le registre des MADO permette de dresser un portrait global de la situation épidémiologique des MEV à déclaration obligatoire, plusieurs données sont manquantes ou incomplètes. La saisie exhaustive de certaines variables serait souhaitable pour améliorer la qualité et la validité des données analysées.