Le territoire du Nunavik est une région éloignée qui se distingue par une forte proportion de jeunes au sein de sa population, ainsi que des conditions de logement différentes de celles qui existent ailleurs au Québec. L’Enquête de santé auprès des Inuits du Nunavik menée en 2004 a révélé que 40 % des Inuits ont moins de 15 ans. La taille moyenne des ménages est de 4,7 personnes, ce qui représente près du double de ce que l’on retrouve ailleurs au Québec. La plupart des Inuits partagent leur logement avec d’autres membres de leur famille étant donné le nombre élevé de naissances et la rareté des logements dans la région ; très peu d’entre eux vivent seuls, quel que soit leur état matrimonial. Les ménages composés de plusieurs familles représentent 31 % des ménages du Nunavik.
La proportion d’enfants âgés de 17 ans et moins qui ont été adoptés est de 29 % chez les Inuits du Nunavik. Cette proportion, qui apparaît très élevée par rapport à celle du reste du Québec, s’explique par la tradition ancestrale d’adoption coutumière, définie comme une adoption privée entre deux familles inuites. L’âge moyen de la mère et du père adoptifs au moment de l’adoption est respectivement de 38 et de 43 ans.
Le niveau d’éducation est significativement plus bas chez les Inuits du Nunavik que dans la population du reste du Québec en général. Parmi les Inuits âgés de 15 ans et plus, 22 % ont complété des études secondaires ou supérieures, ce qui est considérablement plus bas que ce qui est observé dans le reste du Québec (68 %). Les jeunes inuits ont néanmoins un niveau d’éducation plus élevé que leurs aînés. On observe par ailleurs une tendance positive relativement au niveau d’éducation chez les personnes âgées de 18 à 29 ans : 27 % avaient terminé le secondaire en 2004, comparativement à 19 % en 1992. De plus, 72 % des 15 à 29 ans affirment vouloir poursuivre leurs études dans l’avenir.
Les possibilités d’emplois stables et bien rémunérés sont relativement limitées au Nunavik: les Inuits ont de très faibles revenus et une forte proportion d’entre eux se trouvent dans une situation d’emploi précaire. Les résultats de l’enquête indiquent que 70 % des participants de 15 ans et plus avaient un emploi au moment de l’enquête. De ce nombre, seulement 67 % avaient un travail à temps plein, ce qui indique qu’une forte proportion de répondants étaient en situation d’emploi précaire. Les personnes qui avaient complété leurs études secondaires étaient plus susceptibles d’avoir un emploi que celles qui n’avaient pas terminé le secondaire (83 % vs 66 %). On note par ailleurs une amélioration significative du taux d’emploi par rapport à l’enquête de 1992, taux d’emploi qui était alors de 53 % seulement. Le taux d’emploi est plus élevé sur la côte de la baie d’Ungava (75 %) que sur celle de la baie d’Hudson (67 %). Le lien entre le lieu de résidence et l’occupation au cours des deux semaines précédant l’enquête pourrait s’expliquer par le fait que les activités traditionnelles occupent une plus grande part du quotidien des Inuits vivant sur la côte de la baie d’Hudson.
Enfin, les Inuits évaluent leur état de santé général de manière beaucoup plus négative que les autres Québécois du sud. Seulement 22 % d’entre eux considèrent qu’ils sont en excellente ou en très bonne forme, comparativement à 57 % des autres Québécois. Soulignons cependant que les définitions de santé varient d’un groupe culturel à l’autre et que la perception de sa propre santé est ainsi influencée par l’expérience culturelle de chacun.