Impact épidémiologique de la campagne de vaccination contre le méningocoque de sérogroupe B dans la région du Saguenay–Lac-Saint-Jean, en 2014 : rapport au 30 juin 2018
Au Québec, une augmentation de l’incidence des infections invasives à méningocoque de sérogroupe B (IIM-B) a été constatée à partir de 2003 et a été causée par l’émergence d’une souche virulente appartenant au complexe clonal 269. Après une période d’incidence augmentée s’étendant de 2006 à 2013, la fréquence de ces infections a diminué progressivement à partir de la seconde moitié de l’année 2013 pour revenir à sa valeur de base. La région du Saguenay–Lac-Saint-Jean (SLSJ ou RSS02) a été particulièrement touchée avec un taux d’incidence des IIM de sérogroupe B de l’ordre de 3,4 pour 100 000 personnes-années durant les années 2006-2014, contre 0,6/100 000 dans les autres régions.
En mai 2014, une campagne de vaccination de masse visant les personnes âgées 20 ans et moins qui résidaient ou fréquentaient un établissement scolaire au SLSJ a été entreprise et le recrutement s’est terminé le 31 décembre 2014. On estime que 83 % des quelque 59 400 résidents ciblés ont reçu au moins une dose du vaccin méningococcique à quatre composantes de sérogroupe B (4CMenB). La couverture vaccinale a été moins élevée chez les 17-20 ans (47 %) que dans les autres groupes d’âge.
Après la campagne, l’incidence des IIM-B a fortement diminué dans le groupe d’âge visé au SLSJ, passant de 11,4/100 000 en 2006-2014 à 0,4/100 000 en 2014-2018, une différence de 96 % qui est statistiquement significative. Chez les personnes âgées de 21 ans et plus, l’incidence est passée de 1,1/100 000 à 0,5/100 000, une diminution de 56 % qui n’est pas statistiquement significative. Durant la période post-campagne s’étendant du 1er juillet 2014 au 30 juin 2018, 5 cas d’IIM-B ont été identifiés chez des résidents du SLSJ, incluant un jeune enfant de 6 ans vacciné, un jeune adulte de 21 ans appartenant au groupe ciblé, mais non vacciné et 3 adultes plus âgés non vaccinés. Toutes les souches appartenaient au complexe clonal 269 et étaient a priori couvertes par le vaccin 4CMenB.
L’estimé de la protection directe conférée par le vaccin était de 79 % (intervalle de confiance à 95 % : -231 % à 99 %). Une analyse multivariée, tenant compte des variations dans l’incidence annuelle des IIM-B dans l’ensemble de la province, indique un impact global de la campagne chez les vaccinés au SLSJ de 86 % de réduction du risque de maladie, ce qui est à la limite de la signification statistique (p = 0,05). Par contre, le risque de maladie chez les nonvaccinés au SLSJ n’a pas été réduit de manière significative après la campagne. Les données récoltées dans le cadre d’une étude épidémiologique réalisée dans une petite population et concernant une maladie rare doivent toujours être interprétées avec prudence.
Pour conclure, les résultats de cette étude appuient toutefois l’hypothèse d’une protection directe conférée par le vaccin et appuient son utilisation pour l’ensemble des indications mentionnées dans les avis du Comité consultatif national de l’immunisation et du Comité sur l’immunisation du Québec.