Les interventions et mesures pour favoriser le renoncement au tabac chez les populations défavorisées sur le plan socioéconomique
Le Québec a connu un important recul du tabagisme au cours des 25 dernières années, mais certains groupes de la population continuent de faire usage du tabac dans des proportions très élevées. C’est le cas des groupes défavorisés sur le plan socioéconomique alors qu’on retrouve dans les secteurs défavorisés une proportion de fumeurs qui est près du double de celle observée dans les secteurs plus favorisés.
Depuis le début des années 2000, une vaste gamme de services gratuits de soutien à l’arrêt tabagique a été implantée à la grandeur du Québec afin de soutenir les fumeurs de tous les groupes socioéconomiques dans une démarche de renoncement au tabac: centres d’abandon du tabagisme, ligne téléphonique et site internet j’Arrête, remboursement d’aides pharmacologiques, etc. Ces services ont rejoint, dans une certaine mesure, les fumeurs défavorisés. La présente synthèse a été entreprise pour mieux comprendre quelles mesures favoriseraient une baisse de la prévalence du tabagisme chez les populations défavorisées à la hauteur de ce qu’on a observé dans les groupes plus favorisés.
Voici les principaux constats tirés de l’examen de la littérature scientifique et des documents de grands organismes de santé publique en ce qui a trait à l’impact sur l’équité des mesures de lutte contre le tabagisme :
- La hausse des taxes sur les produits du tabac est la seule mesure qui a un impact généralement positif sur l’équité en matière d’arrêt tabagique, les groupes défavorisés étant plus sensibles aux fluctuations du prix du tabac que les groupes plus favorisés.
- Des campagnes télévisées, à contenu hautement émotif, portant sur les conséquences néfastes de l’usage du tabac, largement diffusées et soutenues dans le temps seraient efficaces auprès de tous les groupes sociaux, y compris les fumeurs défavorisés.
- Lorsque des efforts substantiels sont consentis pour rejoindre les populations défavorisées, notamment par une offre de service de proximité, une plus grande proportion utilise les services de soutien offerts par des intervenants et tente de cesser de fumer. Autrement, ce type de services a souvent moins d’effets chez les fumeurs défavorisés.
- Si l’on porte une attention particulière aux populations défavorisées lors du développement de sites internet ou de services de messagerie texte et qu’on les valide auprès d’elles pour leur acceptabilité, le taux d’arrêt tabagique est plus élevé. Sinon, l’impact est moindre chez ces populations.
À la lumière de ces observations, afin de favoriser l’équité en matière d’arrêt tabagique, il pourrait être envisagé de :
- Rejoindre davantage les fumeurs des groupes défavorisés en intensifiant l’offre de services de proximité dans les milieux défavorisés, services qui se doivent d’être flexibles et adaptés aux besoins et réalités, et en invitant de façon proactive les fumeurs issus de ces milieux à les utiliser.
- Hausser les taxes de façon régulière sur les produits du tabac et prolonger les campagnes médiatiques à caractère émotif.
- Mieux soutenir en facilitant l’accès au remboursement de toutes les aides pharmacologiques à l’arrêt tabagique reconnues efficaces, sur une période prolongée lorsque nécessaire, sans limiter le nombre de fois que le traitement peut être utilisé au cours d’une année tout en continuant à suivre l’évolution des connaissances scientifiques pour identifier des pratiques novatrices en matière d’arrêt tabagique auprès des groupes très dépendants de la nicotine.
La présente synthèse souligne également l’importance de renforcer les politiques contribuant à la réduction des inégalités sociales, notamment les différentes mesures de lutte à la pauvreté et aux conditions de vie difficiles, pour réellement espérer faire des gains en matière d’équité.