Validation de stratégies pour obtenir le taux de détection du cancer, la valeur prédictive positive, la proportion des cancers (...)
L'évaluation d'un programme de dépistage du cancer du sein à l'aide d'indicateurs de performance est un processus important dès les premières années d'implantation. Le taux de détection, le pourcentage des cancers de type in situ, le pourcentage des cancers infiltrants de petite taille et le pourcentage des cancers infiltrants sans envahissement ganglionnaire sont des indicateurs importants de performance. Cependant, le système d'informations du Programme québécois de dépistage du cancer du sein (SI-PQDCS) ne permet pas toujours d'obtenir les informations nécessaires à leur évaluation et ce, pour une proportion importante de femmes.
La présente étude a comme objectif premier d'élaborer et de valider trois stratégies afin d'obtenir les informations nécessaires à l'estimation du taux de détection, du pourcentage des cancers de type in situ, du pourcentage des cancers infiltrants de petite taille et du pourcentage des cancers infiltrants sans envahissement ganglionnaire. La première stratégie permet d'identifier les femmes avec un diagnostic de cancer du sein suite à une mammographie de dépistage anormale. Le type de cancer du sein (infiltrant ou in situ) diagnostiqué chez ces femmes est déterminé par la seconde stratégie. La dernière stratégie permet d'obtenir la taille de la tumeur et l'envahissement ganglionnaire des cancers infiltrants. Enfin, l'étude visait à estimer les efforts nécessaires à l'utilisation de ces stratégies et d'évaluer la possibilité de répéter ces stratégies sur une base annuelle afin d'alimenter le SI-PQDCS ainsi que la banque de données de l'Initiative canadienne de dépistage du cancer du sein (CBCSD).
La stratégie d'identification des femmes avec cancer du sein porte sur les 20 697 femmes de 50-69 ans ayant une mammographie de dépistage anormale entre 1998-1999 dans le cadre du PQDCS. Cette stratégie se base sur l'utilisation de trois bases de données, soit le SIPQDCS, le fichier MedEcho et les actes médicaux reliés aux maladies du sein facturés à la Régie de l'assurance maladie du Québec (RAMQ). Pour la validation de cette stratégie, les rapports de pathologie confirmant le diagnostic de cancer du sein chez les femmes dont la stratégie a présumé un tel diagnostic (n=1 153) ont été demandés aux établissements concernés. Les rapports médicaux confirmant un résultat d'investigation bénin ont été demandés pour un échantillon de femmes sans diagnostic de cancer du sein selon la stratégie (n=844). La validité de la stratégie est estimée en comparant le résultat présumé à celui obtenu selon les rapports médicaux. Le type des cancers du sein est ensuite identifié par la seconde stratégie en se basant sur l'utilisation du SI-PQDCS et du fichier MedEcho. La validité de cette seconde stratégie est également estimée en comparant le type de cancer présumé au type de cancer inscrit dans les rapports de pathologie obtenus. Finalement, pour les cancers infiltrants, la troisième stratégie permet d'obtenir la taille de la tumeur et l'envahissement ganglionnaire des cancers à l'aide du SI-PQDCS et des rapports de pathologie. La validité du SI-PQDCS concernant ces caractéristiques des cancers infiltrants est estimée en les comparant à celles inscrites aux rapports de pathologie.
La stratégie d'identification des femmes avec un cancer du sein s'avère valide avec un sensibilité estimée à 98,9 % et une spécificité à 99,7 %. En se basant sur cette stratégie, le taux de détection de cancer du sein pour les femmes de 50-69 ans ayant passé une première mammographie de dépistage dans le cadre du PQDCS en 1998-1999 est de 6,0 cancers/1 000 femmes. La valeur prédictive positive est de 5,5 %. La stratégie permettant d'identifier le type des cancers du sein s'avère adéquate avec une concordance de 96 % entre le type de cancer présumé et le type de cancer validé selon les rapports de pathologie. La proportion des cancers du sein in situ détectés suite à une mammographie de dépistage anormale en 1998-1999 est de 21 %. Les informations présentes au SI-PQDCS concernant la taille de la tumeur et l'envahissement ganglionnaire des cancers infiltrants s'avèrent également adéquates (concordance de 97 % pour la taille de la tumeur et 98 % pour l'envahissement ganglionnaire entre les données du SI-PQDCS et les rapports de pathologie). Cependant, en raison de la faible proportion de femmes pour lesquelles les données sur la taille de la tumeur et l'envahissement ganglionnaire est présente au SIPQDCS, l'obtention des rapports de pathologie sera nécessaire pour déterminer ces caractéristiques des cancers infiltrants. La proportion des cancers infiltrants dont la taille est égale ou inférieure à 1 cm est de 42 % chez les femmes ayant eu une mammographie de dépistage anormale en 1998-1999. La proportion des cancers du sein infiltrants sans envahissement ganglionnaire est de 72 %.
Les stratégies élaborées permettent donc d'estimer les indicateurs de performance tels le taux de détection, la valeur prédictive positive, la proportion des cancers in situ, la proportion des cancers infiltrants de petite taille et la proportion des cancers infiltrants sans envahissement ganglionnaire. Ces stratégies pourraient être utilisées annuellement afin d'alimenter régulièrement le SI-PQDCS ainsi que la banque de données de l'Initiative canadienne de dépistage du cancer du sein (CBCSD). Cependant, l'estimation des deux derniers indicateurs exigera l'obtention annuelle des rapports de pathologie pour les femmes dont les données du SI-PQDCS sont incomplètes en ce qui concerne la taille de la tumeur et l'envahissement ganglionnaire à la pathologie. Au fur et à mesure où le SI-PQDCS deviendra plus complet, les efforts attribuables à l'application des différentes stratégies diminuera.