L'usage des substances antimicrobiennes en production animale : position des experts et des gouvernements
Tout usage de substances antimicrobiennes, comme les antibiotiques, peut entraîner la sélection de souches de microorganismes résistants (le plus souvent des bactéries). Les effets de cette résistance chez les humains sont étudiés depuis longtemps, d'où les recommandations d'un usage judicieux en toutes circonstances. En ce qui concerne les usages vétérinaires, ils contribuent aussi au problème de la résistance, situation toutefois moins élucidée. L'usage des substances antimicrobiennes en production animale a une importance cruciale pour la santé des animaux, mais certaines utilisations soulèvent des questionnements, notamment leur emploi à titre de facteurs de croissance (AFC), dont le but est d'améliorer les performances zootechniques.
Les effets potentiels de l'usage des substances antimicrobiennes vétérinaires sur la santé humaine sont encore l'objet de débats. Les proposants de restrictions importantes ou de bannissements estiment que le risque est suffisant pour appliquer le principe de précaution. Quant aux opposants, ils mentionnent qu'en réduire l'usage peut notamment entraîner une dégradation de la santé animale ainsi qu'une augmentation de la transmission de maladies infectieuses entre les animaux et les humains. Un autre aspect du problème est l'absence d'information claire sur le devenir ou le cheminement environnemental des substances antimicrobiennes, à savoir quelles sont les voies par lesquelles elles peuvent atteindre les humains, par exemple, leur cheminement dans l'eau souterraine ou de surface. Il est à noter que ce document ne traite pas de la présence de résidus dans les aliments.
Les autorités gouvernementales de la plupart des pays n'ont pas opté pour des mesures restrictives radicales ou des bannissements tels que ceux adoptés par l'Union européenne. Aux États-Unis ainsi qu'au Canada, les organismes réglementaires, de même que les associations de médecins vétérinaires, font plutôt la promotion d'une meilleure utilisation de ces substances par l'éducation, la formation et une meilleure autorégulation. Au Canada, un comité fédéral-provincial d'experts n'a pas recommandé d'imposer des restrictions d'usages importantes. Au Québec, la position gouvernementale est intégrée à la « Stratégie québécoise de santé et de bien-être des animaux » qui fait la promotion d'un usage judicieux. En matière d'utilisation des agents antimicrobiens, le Québec est aligné sur les conditions effectives au Canada (sauf en ce qui concerne l'obligation de la prescription vétérinaire qui est unique au Québec), notamment dans le contexte où l'homologation et les conditions générales d'usage de ces substances sont de juridiction fédérale.