Analyse des cas déclarés d'infection génitale à Chlamydia trachomatis, d'infection gonococcique et de syphilis au Québec par année civile : 1993-2008 (et projections 2009)

Nous évaluons dans le présent rapport l'ampleur du problème des infections génitales à Chlamydia trachomatis, des infections gonococciques et des syphilis au Québec. L'analyse de la distribution des cas aide à orienter les interventions et à planifier les ressources pour lutter contre le problème.

Nous nous adressons ici aux responsables régionaux de la lutte contre les infections transmissibles sexuellement et par le sang (ITSS), particulièrement à ceux qui oeuvrent en santé publique. Nous espérons aussi être utiles à leurs partenaires communautaires et institutionnels.

Au Québec, 17 020 cas d'infection génitale à Chlamydia trachomatis, d'infection gonococcique et de syphilis infectieuse ont été déclarés en 2008.

Les cas de granulome inguinal et de chancre mou sont restés très rares. Le nombre de cas déclarés de lymphogranulomatose vénérienne (LGV) a atteint 22 cas en 2005 et 47 cas en 2006 pour ensuite diminuer à 9 cas par année en 2007 et en 2008.

Infection génitale à Chlamydia trachomatis

Avec 15 002 cas déclarés, cette infection compte pour 47,2 % des 31 817 cas de MADO déclarés en 2008.

Des cas ont été déclarés dans chacune des 18 régions sociosanitaires du Québec. La région de Montréal a déclaré le plus grand nombre de cas (4 191 des 15 002 cas déclarés en 2008; 28 %).

Le taux d'incidence de l'infection génitale à C. trachomatis est demeuré stable entre 2004 et 2006 pour ensuite augmenter en 2007 et en 2008. Il était de 195,6 par 100 000 en 2008, et sera d'environ 212,1 par 100 000 en 2009 si le rythme de déclaration observé durant les 43 premières semaines de l'année se maintient.

Les jeunes de 15 à 24 ans restent les plus touchés. Les augmentations les plus prononcées du taux d'incidence ont d'ailleurs été observées chez les 15-19 ans.

Infection gonococcique

Chacune des 18 régions sociosanitaires du Québec a rapporté au moins un cas en 2008.

C'est dans la région de Montréal qu'on observe le plus de cas, soit 820 des 1 649 cas déclarés en 2008 (50 %). Contrairement à ce qui a été observé pour l'infection génitale à C. trachomatis, cette proportion est nettement plus élevée que le poids démographique de la région (24 %; 1 877 693/7 750 504).

Une brusque augmentation du taux d'incidence a été observée au Nunavik entre 2007 et 2008. Le taux est passé de 565,2 par 100 000 (60 cas) à 1 779,9 par 100 000 (191 cas) lors de cette période, soit une augmentation de 215 %.

Le taux d'incidence de l'infection gonococcique a augmenté au Québec depuis la fin des années 90 jusqu'en 2002, avant de se stabiliser pendant quelques années à environ 11 par 100 000.

Une augmentation du taux a de nouveau été observée à 18,4 par 100 000 en 2007, puis à 21,5 par 100 000 en 2008. Les projections pour l'année 2009 suggèrent une augmentation à 25,0 par 100 000. Cette augmentation touche davantage les femmes que les hommes.

Cependant, les hommes démontrent de façon constante des taux supérieurs à ceux des femmes (27,8 vs. 15,3 par 100 000 en 2008).

 

La proportion de souches de N. gonorrhoeae résistantes à la ciprofloxacine est passée de 4 % en 2004 à 18 % en 2005, pour atteindre son maximum à 25 % en 2006. Elle a ensuite diminué en 2007 (23 %) et en 2008 (10 %). Il semblerait que la proportion de souches résistantes à la ciprofloxacine tende à se stabiliser.

Syphilis

L'incidence québécoise de syphilis infectieuse diminuait depuis plusieurs années lorsque l'épidémie actuelle s'est déclarée chez les HARSAH.

En 2008, Montréal demeurait la région où étaient déclarés près du trois quart des cas (261/369, 71 %). Le taux d'incidence y était alors de 13,6 par 100 000 (27,4 par 100 000 chez les hommes et 0,3 par 100 000 chez les femmes). Le taux provincial de 4,8 par 100 000 pour 2008 demeure toutefois près de 100 fois plus élevé que les taux observés dans les années précédant l'épidémie (0,05 par 100 000 en 1998, par exemple). Si le rythme de déclaration observé jusqu'à maintenant se maintient, un taux provincial d'environs 4,1 par 100 000 devrait être observé en 2009.

Les taux les plus élevés et les plus grands nombres de cas ont été observés chez les hommes de 30 à 49 ans. La majorité des cas ont été déclarés chez les 40 ans et plus (211/359, 59 %).

Le nombre de cas de syphilis infectieuse chez les femmes est demeuré relativement stable depuis 2005. Sept et huit cas ont été observés en 2007 et en 2008, respectivement. La syphilis congénitale demeure donc une menace sur notre territoire.

Conclusion

Les infections transmissibles sexuellement (ITS) bactériennes représentent un problème actuel de santé publique, non seulement au Québec, mais également ailleurs au Canada et dans le monde. Les efforts de surveillance et de prévention de la transmission des ITS doivent donc être maintenus.

Note(s)

Veuillez noter que, dans cette publication, à la page 59, les régions 09 et 10 (Côte-Nord et Nord-du-Québec) ont été ajoutées au tableau 3 et, qu'à la page 329, une page du tableau 26 a été supprimée, car on retrouvait deux fois les données. Par conséquent, la pagination du document est modifiée. (20 juillet 2010)

Type de publication
ISBN (électronique)
978-2-550-57916-8
ISBN (imprimé)
978-2-550-57915-1
ISSN (électronique)
1920-924X
ISSN (imprimé)
1917-9979
Notice Santécom
Date de publication