L’évolution potentielle de la COVID-19 dans le Grand Montréal pour l’automne et l’hiver dépendra du maintien de l’immunité et des caractéristiques des variants

Selon les scénarios hypothétiques examinés par les experts de l’Institut national de santé publique du Québec et de l'Université Laval (Groupe de recherche en modélisation mathématique et en économie de la santé liée aux maladies infectieuses), l’évolution de la pandémie au Québec à l’automne et à l’hiver dépendra des caractéristiques potentielles des nouveaux variants et du profil immunitaire de la population.

Effectués pour soutenir le travail des autorités dans l’anticipation de l’évolution à long terme de l’épidémie de COVID-19 au Québec, les scénarios tiennent compte de trois éléments clés qui se dégagent des deux années de pandémie :

  • L’automne et la période des fêtes sont des périodes propices à une recrudescence des cas en raison d’une augmentation des contacts effectifs, c’est-à-dire les contacts qui peuvent mener à la transmission.
  • Les personnes qui sont à la fois vaccinées contre la COVID-19 et qui ont aussi été infectées par le virus (immunité hybride) profitent d’une meilleure protection contre les infections futures, alors que celles qui sont uniquement vaccinées (immunité vaccinale) ou celles qui ont été infectées sans être vaccinées (immunité naturelle) profitent d’une protection moins élevée.
  • Les dernières vagues ont été causées par des nouveaux variants. Or, le virus continue de muter et nous ne sommes pas à l’abri de nouveaux variants plus transmissibles ou qui échappent aux différents types d’immunité, dont l’immunité hybride.

Les scénarios sont réalisés à l’aide de modèles mathématiques. Ils permettent d’illustrer ce que serait l’impact potentiel de l’arrivée de nouveaux variants ou d’une perte d’immunité contre les variants dominants actuels (BA.4 et BA.5) sur l’évolution de l’épidémie à l’automne et à l’hiver 2022-2023 dans le Grand Montréal. En voici les résultats.

  • Une majorité de Québécois présentent une immunité hybride contre la COVID-19. L’évolution de l’épidémie à l’automne et à l’hiver 2022-2023 dépendra principalement du maintien de cette immunité hybride, mais également des caractéristiques de nouveaux variants potentiels.
  • L’arrivée d’un nouveau variant qui serait tout de même contré par l’immunité hybride pourrait causer une recrudescence des cas et des hospitalisations d’ici l’hiver 2023, mais elle serait limitée.
  • Un nouveau variant qui échapperait à l’immunité hybride — avec un niveau d’échappement similaire à celui d’Omicron par rapport à Delta — pourrait causer une recrudescence des cas beaucoup plus considérable, au point de surpasser celui de la vague Omicron. Par conséquent, une quantité importante d’hospitalisations pourraient en découler, même si le variant n’est pas plus sévère qu’Omicron et que la protection offerte par l’immunité hybride est élevée contre les hospitalisations.

« Actuellement, une partie importante de la population québécoise est protégée par l’immunité hybride. Cette immunité agit comme un bouclier qui confère une bonne protection contre les infections, les complications graves et les hospitalisations. Pour la suite, l’ampleur des prochaines vagues dépendra, en partie, du maintien de ce bouclier face aux nouveaux variants. Or, il est actuellement impossible de prédire quand un nouveau variant, autre que BA.4 ou BA.5, pourrait arriver au Québec et quelles seraient ses caractéristiques », explique Marc Brisson, directeur du Groupe de recherche en modélisation mathématique et en économie de la santé liée aux maladies infectieuses de l’Université Laval.

Par contre, on sait qu’Omicron et ses sous-lignées, plus contagieux, mais moins sévères, ont causé un changement de paradigme dans l’évolution de l’épidémie, ajoute le chercheur : « Ces variants maintiennent le nombre de cas à un niveau élevé et peuvent causer des recrudescences rapides des cas, particulièrement s’ils échappent à l’immunité hybride ».

Les experts se sont également intéressés à l’impact de la vaccination avec des doses de rappel sur l’évolution de l’épidémie à l’automne/hiver 2022-2023. Or, les incertitudes concernant la mesure du profil immunitaire de la population québécoise, l’efficacité d’un nouveau vaccin bivalent et les caractéristiques d’un nouveau variant potentiel sont présentement trop importantes pour que la modélisation puisse estimer un moment optimal de vaccination avec une dose de rappel.

Pour Patricia Hudson, directrice scientifique, Direction des risques biologiques à l’Institut national de santé publique du Québec : « Même si les nouveaux variants sont moins sévères, le nombre important de cas pourrait causer des perturbations importantes dans la société et des pressions sur le système de santé. Il sera donc important de surveiller le niveau de protection des Québécois et de prévoir des plans de contingence, advenant l’arrivée d’un nouveau variant qui échapperait à l’immunité hybride. »

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11 août 2022