Agir en amont pour une société en bonne santé mentale

Des événements récents ont ramené sur la place publique l’urgence d’agir en santé mentale, notamment en augmentant le nombre de professionnels sur le terrain et en facilitant l’accès aux soins et aux services pour les personnes en difficulté. Cet accès est absolument essentiel pour diagnostiquer, intervenir et offrir un suivi aux personnes en difficulté. Toutefois, le meilleur accès possible ne peut garantir la présence de conditions nécessaires au développement positif des individus et au maintien d’une santé mentale optimale pour tous.

Dans le cadre de la Semaine de la santé mentale, du 6 au 12 mai 2019, et à l’aube du Forum Jeunes et santé mentale ayant lieu le 13 mai prochain, il est pertinent d’aborder la question de la prévention en santé mentale.

La santé mentale, plus que l’absence de troubles mentaux

L’Organisation mondiale de la santé l’affirme : la santé mentale est plus que l’absence de troubles mentaux, elle fait partie intégrante de la santé. Il n’y a pas de santé sans santé mentale.

La santé mentale renvoie au fait de se sentir bien, mais aussi à notre capacité d’agir, c’est-à-dire de poursuivre nos objectifs de vie, de faire face aux difficultés et de jouer nos rôles sociaux. La santé mentale, tout comme la santé physique, résulte du lien entre la personne (expériences vécues, capacité d’adaptation, niveau de contrôle sur les événements de la vie, etc.), ses relations et milieux de vie (famille, amis, travail, communauté, etc.) et bien sûr le contexte social plus large (normes et politiques publiques favorables à la santé comme l’aide aux familles, la scolarisation, le revenu, l’emploi et les conditions de travail, les soins et services, etc. ) dans lequel elle évolue.

Et si, tout en investissant pour offrir de meilleurs services à la population et en faciliter l’accès, on tentait d’améliorer les environnements dans lesquels on évolue, de façon à agir sur les causes de la souffrance?

Agir sur les environnements : ça veut dire quoi?

Au Québec, en santé publique, les environnements sont définis comme l’ensemble des éléments qui nous entourent et qui façonnent nos vies en offrant des opportunités de s’épanouir et d’être en bonne santé physique et mentale. Les environnements physique (accès à un logement salubre et sécuritaire, présence de parcs, proximité des services de santé, etc.), socioculturel (présence de soutien social, égalité hommes/femmes, relations interpersonnelles harmonieuses, etc.), économique (possibilité d’emploi, prix relatif des biens et services, etc.) et politique (conciliation travail-études-vie personnelle, systèmes de santé et d’éducation, etc.) dans lesquels on vit jouent un rôle crucial dans le développement et le maintien d’une bonne santé mentale.

Par exemple, on sait que le fait d’être exposé à la violence dès le plus jeune âge est un facteur de risque de troubles mentaux reconnu et évitable. On comprend que si les conditions favorables à la santé mentale ne sont pas réunies, il est peu probable que les mesures de soutien et les services suffisent pour répondre à l’ensemble des besoins des personnes en difficulté.

Des exemples d’actions

  • Les politiques de soutien aux familles contribuent à améliorer les conditions de vie (logement, emploi, revenu, etc.) leur permettant de répondre à leurs besoins et à ceux de leurs enfants.
  • Les initiatives communautaires pour contrer le harcèlement et la violence contribuent à développer une culture de respect, d'inclusion, d'égalité et d'équité, nécessaire au développement d'une bonne santé mentale.
  • Les initiatives scolaires qui encouragent la participation des jeunes leur permettent de renforcer leur réseau social et leur sentiment d’appartenance, qui sont des facteurs contribuant à leur réussite et leur épanouissement.
  • Un milieu de travail qui reconnaît les efforts et les réalisations de ses employés ou qui met en place des mesures de conciliation travail-vie personnelle contribue à la santé mentale de ses travailleurs.

Des effets collatéraux positifs!

En somme, il est important de considérer les divers contextes sociaux dans lesquels les individus se développent et qui influencent leur capacité de réussir, de s’épanouir, de vivre en santé et de devenir des membres essentiels de la collectivité. En agissant sur les conditions favorables à l’épanouissement des individus, on obtient un effet positif sur la santé mentale de tous, et, du même coup, sur la maladie, en prévenant ou en retardant l’apparition de certains troubles, en atténuant les symptômes et en améliorant la qualité de vie des personnes vivant un trouble mental.

 

Pour en savoir plus

Roberge, M.-C., & Déplanche, F. (2017). Synthèse des connaissances sur les champs d’action pertinents en promotion de la santé mentale chez les jeunes adultes. Montréal : Direction du développement des individus et des communautés de l'Institut national de santé publique du Québec. https://www.inspq.qc.ca/publications/2283

3 mai 2019