Analyse du volet québécois de l'étude Engage pour soutenir l'évaluation du programme de vaccination contre les virus du papillome humain (VPH) chez les hommes gbHARSAH

Au Québec, la vaccination contre les virus du papillome humain (VPH) est offerte gratuitement aux hommes (cis et trans) âgés de 26 ans ou moins s’identifiant comme gais, bisexuels ou ayant des relations sexuelles avec d’autres hommes (gbHARSAH) depuis janvier 2016.

Ce rapport détaille les données québécoises de l’étude de cohorte canadienne Engage pour soutenir l’évaluation du programme québécois de vaccination contre les VPH chez les hommes gbHARSAH.

Les 1 179 participants à l’étude étaient des hommes gbHARSAH sexuellement actifs, âgés de 16 ans ou plus recrutés dans la grande région de Montréal entre février 2017 et juin 2018, à l’aide de la méthode dite « Échantillonnage conduit par les répondants » (Respondent-driven sampling, ou RDS en anglais). Il s’agit d’une forme de recrutement en chaîne où les participants à l’étude sont invités à recruter d’autres participants dans leur entourage.

Les données ont été ajustées à l’aide de poids RDS-II afin d’aider à obtenir des estimations représentatives de la population échantillonnée, c’est-à-dire la communauté des hommes gbHARSAH de la région de Montréal.

L’analyse des données a montré que dans la région de Montréal, entre 2017 et 2018 :

  • Un homme gbHARSAH sur six âgé de 16 ans ou plus avait reçu ≥ 1 dose de vaccin contre les VPH.
  • La couverture vaccinale était nettement plus élevée parmi les hommes gbHARSAH admissibles au vaccin gratuit (41 %) que parmi ceux non admissibles au vaccin gratuit (5 %).
  • Le vaccin (quadrivalent lors des années de l’étude) contre les VPH a été administré la plupart du temps (98 %) bien après le début des premiers rapports sexuels, limitant ainsi son pouvoir prophylactique.
  • Une part importante (25 %) des hommes gbHARSAH non vaccinés, âgés de 26 ans ou moins (admissibles au vaccin gratuit), n’avait jamais entendu parler de la vaccination contre les VPH.
  • Près de la moitié (45 %) des hommes gbHARSAH non vaccinés, âgés de 26 ans ou moins, avait l’intention de se faire vacciner au cours de l’année suivante (60 % parmi ceux ayant entendu parler du vaccin gratuit).
  • La moitié des hommes gbHARSAH âgés de 30 ans ou moins avait un professionnel de la santé régulier, d’où l’importance de s’appuyer sur d’autres organismes (p. ex. cliniques sans rendez‑vous, groupes communautaires) pour informer les hommes gbHARSAH de leur admissibilité au vaccin gratuit contre les VPH.
  • La plupart (85 %) des hommes gbHARSAH âgés de 30 ans ou moins qui voyaient régulièrement un professionnel de la santé était à l’aise de lui parler d’activités sexuelles et de santé sexuelle et à un âge suffisamment jeune pour que la vaccination contre les VPH soit gratuite et avec un bon potentiel d’efficacité.
  • La prévalence anale des VPH parmi les hommes gbHARSAH admissibles au vaccin gratuit était de 71 % (≥ 1 type VPH), 46 % (≥ 1 type à haut risque oncogène) et 27 % (≥ 1 type parmi ceux ciblés par le vaccin quadrivalent : 6/11/16/18).
  • Les participants vaccinés avaient des caractéristiques différentes des participants non vaccinés, notamment la proportion rapportant avoir des antécédents d’ITS au cours de leur vie.
  • Aucune association entre la vaccination (≥ 1 dose) et la prévalence anale des types de VPH ciblés par le vaccin quadrivalent n’a pu être détectée, ce qui peut s’expliquer notamment par l’administration tardive du vaccin (bien après l’âge des premiers rapports sexuels). Il est très probable que plusieurs participants vaccinés avaient déjà contracté une infection par les VPH avant de recevoir le vaccin, ce qui rappelle l’importance de poursuivre les efforts pour vacciner en milieu scolaire et idéalement avant l’exposition aux VPH.

Une des limites de ce rapport réside dans le fait que les données sur la vaccination contre les VPH ont été rapportées par les participants eux-mêmes et peuvent comporter quelques imprécisions, malgré les précautions prises lors des analyses.

Une étude basée sur des années plus récentes serait utile pour mesurer la progression de la couverture vaccinale et la prévalence des VPH parmi la population hommes gbHARSAH du Québec, ce qui permettrait notamment d’évaluer l’impact de la vaccination administrée en milieu scolaire.

Auteur(-trice)s

ISBN (électronique)

978-2-555-01377-3

Date de publication